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Les Apaches, les "caille-ra" parisiennes d'antan

Par Roxane

Connaissez-vous les Apaches ? Ce gang de voyous parisiens de la Belle Epoque qui menait la vie dure aux policiers était alors considéré comme “la plaie de Paris” selon Le Petit Journal du 20 octobre 1907. Quels étaient leurs codes, leurs habitudes, leurs rituels ? Paris ZigZag vous livre le petit guide de l’Apache parisien des années 1900.

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La terreur de Paris

 

Le nom d’Apaches provient de la célèbre tribu indienne de Geronimo, connue pour son courage, mais aussi pour sa violence. On ne sait pas vraiment si ce nom est revendiqué par les jeunes hommes eux-mêmes ou s’il sont ainsi baptisés par la presse parisienne. Une chose est sûre cependant, au début du 20ème siècle, lorsque l’on parle des caïds parisiens, on n’a plus que ce nom à la bouche.

Vols, prostitution, meurtres, petits délits, bagarres entre bandes et bien sûr fêtes dans les bals musette : c’est ce à quoi ressemble leur quotidien. Ils vivent en périphérie, ne sont jamais chez eux, toujours fourrés dehors. Le soir, ils sortent en plein cœur de Paris pour commettre leurs méfaits. Leurs pires ennemis ? Le Bourgeois, le flic et le travail.

En bref, ils terrorisent la ville et ce jusque dans les années 1920. Appelés sur le front, il sont nombreux à périr au cours de la Première Guerre Mondiale où ils étaient volontairement placés en première ligne, comme de la “chair à canon”.

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Les 7 commandements de l’Apache

 

L’Apache vit souvent en périphérie de Paris, dans la “zone”. Après les travaux de Haussmann au 19ème, le coeur de Paris s’est gentrifié. Issus d’un milieu défavorisé, les Apaches sont originaires des portes de Paris. Ménilmuche (Ménilmontant), Villetouse (la Villette), Belleville ou la Butte Montmartre… Les différentes bandes dépendent donc des quartiers d’origine. C’est dans les “Fortifs”, entre la ville et la banlieue, que les Apaches se cachent et se retrouvent pour des règlements de compte ou des rendez-vous clandestins.

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L’Apache est très attaché à ses origines et à son quartier. C’est pourquoi, chaque gang avait son surnom selon les coins de Paris : “Les Monte-en-l’air des Batignolles”, “les loups de la Butte”, les gars de Charonne”… Les bandes se battent d’ailleurs souvent entre elles et sont représentées par un chef toujours très charismatique, très soucieux de son honneur et de sa réputation, et souvent « vétéran » de tôle : car un passage en prison constitue un véritable titre de noblesse. En signe de reconnaissance entre eux ils portent tous des inscriptions tatouées sur leur peau : “Vive l’anarchie”, “Mort aux vaches”, “Né sous une mauvaise étoile”…

– L’Apache se déplace toujours en bande, une façon pour lui de montrer sa supériorité et d’intimider la foule. Et ça fonctionne, à une certaine époque la presse a beaucoup parlé des exploits des Apaches alors que la Police était pratiquement impuissante face à ces voyous. L’Apache n’a pas une mauvaise réputation auprès de tous : le petit peuple le soutient et admire les différentes bandes.

L’Apache a peu de valeurs morales, sauf peut-être deux : ne pas travailler et faire la fête. C’est un escroc, un rôdeur, un cambrioleur… Il vit en marge de la société et a fui dès son plus jeune âge les bancs de l’école. Il tente à tout prix d’échapper aux règles imposées par la société. Dès 1908, leur mode de vie est entériné sous le terme “apacherie” incluant le refus du travail – « celui qui travaille est un imbécile » –, un goût pour la flânerie, le tabac, l’alcool, les filles, les plaisirs de la consommation et surtout du vêtement. L’Apache est donc un adepte de la fête et n’hésite pas à venir s’encanailler dans les bals musette. C’est dans le centre, dans les quartiers de la “Bastoche” (Bastille) ou de la “Mouff” (rue Mouffetard) qu’il passe ses nuits. Il fréquente les quartiers “qui bougent”. “Sébasto” (Boulevard Sébastopol), est son QG. Il ré-investit les quartiers qui ont vu grandir ses parents et d’où ils ont été chassés.

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– L’Apache accorde une très grande importance à ses chaussures. La règle principale : elles doivent toujours briller. Il apprécie tout particulièrement les bottines à bout pointu et à boutons dorés. Même si l’Apache méprise le Bourgeois et son mode de vie, il est très attaché à son look vestimentaire et aime à être bien mis. Casquette, veste courte et cintrée, pantalon pattes d’éléphant, foulard… et le tout dans des couleurs criardes. L’Apache veut être différent.

– Pour subvenir à ses besoins, l’Apache aime s’en prendre aux “gonciers” (les bourgeois) comme il les appelle. Il leur pique “leur oseille” ou “leur pognon”. Les Apaches forment une mini-société dans Paris : au-delà de leur façon de s’habiller, de leurs quartiers, ils ont leur organisation et leur langage. Ainsi par exemple, pour communiquer facilement, sans éveiller les soupçons lorsqu’ils passent à l’action, les apaches apprennent à « jaspiner le jars », c’est-à-dire parler l’argot. Leur quotidien ? dévaliser les magasins, cambrioler une bijouterie, surprendre les promeneurs attardés et les alléger de leur bourse…et jusqu’au meurtre parfois s’ils y sont obligés.

– L’Apache femme a un rôle très actif au sein du gang. Elle était prise au sérieux lorsqu’elle donne son avis, ce qui tranche avec les mentalités de l’époque. Elle goutait également à une certaine liberté de choix et de mouvement qui ne passe pas inaperçue dans la capitale encore marquée par plus d’un siècle de décence bourgeoise. La femme Apache aide et protège son homme, elle a du caractère et n’hésite pas à provoquer les hommes dans les bals. Messagère ou guetteuse, les hommes ne peuvent se passer d’elle. La femme appartient à un homme, c’est son protecteur et son amant, il la défend mais la frappe aussi. Le couple vit une histoire passionnelle : l’homme tape sa femme, et lui demande de se prostituer, mais se fait aussi tatouer son nom sur sa peau…

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Une soirée ordinaire au bistrot pour les Apaches