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Les vestiges de l'enceinte de Philippe Auguste

Par sarah

Au fil des siècles, la ville de Paris fut entourée de sept enceintes successives, rythmant et favorisant ainsi son extension. Ces enceintes, qui prenaient l’apparence de véritables “murs” dans la ville, faisaient office de système de fortification en temps de guerre et permettaient plus généralement de délimiter le cœur urbain de la capitale.

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Parmi ces murailles, l’enceinte médiévale de Philippe Auguste est la plus ancienne dont on connaisse le tracé précis et demeure sûrement celle qui a laissé le plus de traces dans la capitale. Ce mur de pierre, flanqué de 77 tours semi-cylindriques hautes de 15 mètres, qui encerclait la Cité, fut construit avant le départ du roi pour la troisième croisade, vers la fin du 12ème siècle. Philippe Auguste, septième roi de la dynastie des Capétiens, engagé dans une lutte contre la dynastie anglaise des Plantagenêt, entreprend donc l’élévation d’une muraille d’une longueur de près de 5100 mètres au total (rive droite et rive gauche), s’étalant sur 253 hectares, afin de protéger la capitale d’éventuelles attaques lors de son absence.

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L’enceinte de Philippe Auguste en 1223, selon une gravure publiée en 1705.

Traversant les actuels 1er, 4ème, 5ème et 6ème arrondissements, l’enceinte de Philippe Auguste n’a jamais totalement été démolie bien qu’elle soit devenue quasiment invisible depuis le 16ème siècle. En effet, si les portes de l’enceinte et de larges portions de la muraille furent progressivement démantelées sous l’initiative de François Ier, de nombreux vestiges nous sont tout de même parvenus, mais demeurent assez difficilement repérables.

Les constructions environnantes ont, en grande partie, absorbé les fondations restantes (courtines servant de mur d’appui, tours utilisées comme cage d’escalier, …) et les portions qui restent visibles ne sont pas toujours accessibles au public car situées sur des propriétés privées. On distingue, au total, une vingtaine de vestiges pouvant être encore admirés, sachant qu’il n’est pas exclu qu’à l’avenir, des fouilles mettent à jour d’autres portions jusqu’alors enfouies, comme ce fut le cas l’an dernier entre l’Institut de France et la Monnaie de Paris. Retour en images sur quelques uns de ces trésors architecturaux…

L’envers d’une tour de l’enceinte (1er arrondissement)

Au niveau du n°9 de la rue du Louvre, on peut apercevoir l’envers d’une des 77 tours de l’enceinte de Philippe Auguste (c’est-à-dire le parement intérieur). Plus loin, au n°11, le percement d’un puits d’aération sur la ligne 14 du métro a permis de découvrir la base de cette tour (c’est-à-dire le parement extérieur).

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La plus longue portion conservée (4ème arrondissement)

A l’angle des rue Charlemagne et rue des Jardins-Saint-Paul, on peut contempler la plus longue portion de l’enceinte Philippe Auguste ayant été conservée. Elle mesure près de 60 mètres ! Sont également visibles le quart de la tour Montgommery, ainsi que les vestiges d’une autre tour qui ont été restaurés. Une courtine de 7 mètres de haut relie encore les deux tours entre elles.

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La tour Pierre Alvart dans la cour du Crédit municipal de Paris (4ème arrondissement)

A l’entrée du Crédit municipal, au n°57-59 de la rue des Francs-Bourgeois, ouvert parfois au public, on trouve une tour en brique dont la partie la plus récente date du 19ème siècle mais dont la base, restaurée en 2014, est médiévale. Deux lignes tracées dans le pavage de la cour indiquent l’ancien emplacement de la courtine qui a disparu. Sur une plaque, est schématisé le tracé exact de l’enceinte à cet endroit.

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Les vestiges d’une tour dans le jardin des Rosiers (4ème arrondissement)

Dans un petit coin de verdure planqué au cœur du Marais, on peut admirer les vestiges d’une des 77 tours de l’enceinte de Philippe Auguste (au niveau de la rue des Rosiers).

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Les restes d’une arche sous le bureau de poste de Jussieu (5ème arrondissement)

Au n°30 bis de la rue du Cardinal-Lemoine, sont présents les restes de l’arche qui permettait à la Bièvre de s’écouler par-delà l’enceinte de Philippe Auguste.

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Une portion de courtine très bien conservée (5ème arrondissement)

Entre les n°1 et 5 de la rue Clovis, une portion de courtine, accessible au public, a été restaurée en 2010 et demeure en très bon état.

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La récente découverte d’une nouvelle tour de l’enceinte à l’Institut de France (6ème arrondissement)

Si cette trouvaille s’est curieusement faite dans la plus grande discrétion, l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) a pourtant bel et bien découvert une portion de l’enceinte de Philippe Auguste et les fondations d’une tour, l’an dernier, à l’occasion des fouilles préventives menées dans le cadre des travaux engagées par l’Institut de France.

Après avoir enfin réglé en justice son litige avec la Monnaie de Paris à propos de la propriété d’une vieille parcelle de terrain, cette découverte vient mettre la pagaille dans les projets de construction d’un auditorium de l’Institut de France. En effet, il se pourrait bien que le cabinet d’architectes en charge du projet doive revoir tout son projet pour y intégrer la mise en valeur des vestiges. Si la portion de l’enceinte, elle, n’est pas de très bonne qualité, le fondement de la tour rend particulièrement visible la méthode de construction et s’avère de ce point de vue très intéressant.

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La tour découverte lors des fouilles préventives menées dans le cadre de la construction d’un auditorium attenant à l’Institut de France (75006).

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Sarah PONS