fbpx

Le métro, sexiste ?

le métro parisien est-il sexiste ?
Par Roxane

Nous ne faisons plus vraiment gaffe aux noms des stations de métro par lesquelles nous passons tous les jours… Pour nous, Jaurès n’est pas un des plus grands hommes politiques français mais un endroit cool du 19ème arrondissement où se poser l’été, Wagram n’est pas une bataille commandée par Napoléon mais un coin tranquille du 17ème et Pigalle n’est pas un sculpteur français mais l’endroit où l’on passe toutes nos soirées…

distribution-hommes-femmes-noms-stations-parisDistribution en pourcentages du nombre de stations masculines/féminines du métro parisien

 

97% d’hommes parmi les stations parisiennes

Mais si on se concentre 5 minutes sur tous ces noms de stations de métro, on réalise très rapidement que le métro parisien est sexiste. La quasi totalité des stations porte le nom d’hommes (97% d’entre elles !), tandis qu’il y a une quasi-inexistence de figures féminines sur nos cartes RATP. On en recense seulement 9 : Madeleine, Louise Michel, Chardon-Lagache, Les Abbesses, Barbès/Rochechouart, Pierre et Marie Curie, Filles du Calvaire et toutes les stations comportant “Notre-Dame” (Notre-Dame-des-Champs, Notre-Dame-de-Lorette). Et encore ! Parmi les neufs stations féminines, trois d’entre elles sont accompagnées d’un homologue masculin : Pierre pour Marie Curie, Armand Barbès pour Marguerite de Rochechouart, et Monsieur Chardon pour Madame Lagache.

neuf-Stations-metro-feminines-paris
Les 9 stations du métro parisien qui portent un nom féminin

 

Mais qui sont ces femmes du métro ?

Paris ZigZag vous en dit plus sur ces femmes que l’on voit chaque jour dans le métro. La plupart d’entre elles sont surtout reconnues pour leur carrière religieuse et non pour un combat pour la société en particulier ou pour un parcours admirable, contrairement aux hommes.

Madeleine : La station doit son nom à l’Eglise de la Madeleine qui trône en plein centre de la place, mais aussi à ce petit gâteau inventé en 1945 par la cuisinière Madeleine Paulmier rendu célèbre par Marcel Proust.

Louise Michel : cette femme a vécu au 19ème siècle. C’était une institutrice et militante anarchiste aux idées féministes. Elle a joué un rôle important pendant la Commune de Paris. C’est aujourd’hui une figure révolutionnaire.

Chardon-Lagache : c’est le nom d’un couple qui ouvrit une maison de retraite pour les personnes défavorisées dans le 16ème arrondissement. Ce n’est donc pas le nom d’une femme à part entière mais d’un homme et d’une femme.

Les Abbesses : cette station de la ligne 12 rend un hommage aux Abbesses de l’abbaye des Dames de Montmartre, située dans le 18ème arrondissement.

Rochechouart : Barbès/Rochechouart est en partie un hommage rendu à Marguerite de Rochechouart de Montpipeau qui était une religieuse érudite française. Elle est née et morte à Paris et a été d’ailleurs une des directrices de l’Abbaye de Montmartre.

Filles du Calvaire : ces filles étaient en fait les Bénédictines de Notre-Dame de Calvaire, une congrégation religieuse.

louise-michel-femme-métro-station-parisPhoto portrait de Louise Michel

 

Hidalgo tente de féminiser Paris  

Pour les rues de Paris, c’est exactement la même chose. Seules 3% des rues portent des noms féminins. Selon la Mairie, c’est la faute aux anciens : en effet, les dénominations des rues sont anciennes et datent d’une époque où l’égalité homme/femme était moins évidente qu’aujourd’hui. Anne Hidalgo tente donc, depuis le début de son mandat, de féminiser les rues, les squares et les parcs de Paris. Par exemple, la rue Cesaria Evora (une grande chanteuse capverdienne) est apparue dans le 19ème. De nombreuses propositions faites par la Maire de Paris au Conseil sont des noms de femmes.

Des féministes qui veulent changer Paris

En attendant que le métro devienne 50% féminin, des féministes s’amusent à rendre la carte plus girly. L’année dernière, les artistes Silvia Radelli et Bruno Chizat ont donc revisité la carte en donnant des noms féminins aux stations. De Nina Simone, Marianne à Simone Weil ou Calamity Jane en passant par Frida Khalo ou Edith Piaf, les artistes ont inséré 100 noms de femmes à leur “Metrofeminin”. Plus récemment, cet été, les activistes d’Osez le Féminisme ont profité d’une nuit pour remplacer les plaques parisiennes des noms de rues par des noms de femmes.

rues-paris-osez-feminismeÉté 2015 : Osez le Féminisme remplace les plaques de rues pour les rendre plus féminines.