
C’est au cÅ“ur du 6e arrondissement, à deux pas de la Sorbonne et du théâtre de l’Odéon, que se trouve l’un des plus anciens restaurants de Paris. Avec sa belle devanture d’époque, ce lieu a attiré les plus éminents écrivains des XIXe et XXe siècle.
Au cÅ“ur de l’historique rue Monsieur-le-Prince
Située à côté de la Sorbonne, la rue Monsieur-le-Prince était autrefois un petit chemin qui longeait le rempart de Philippe Auguste, puis l’enceinte de Charles V. Celle-ci a connu de très nombreuses dénominations, telles que “chemin de Dessus les Fossés”, “chemin allant à la porte Saint-Michel, “rue des Fossés Saint-Germain”, “rue des Fossés Monsieur le Prince”, puis “rue de la Liberté” pendant la Révolution. Celle-ci a finalement pris le nom de “Monsieur-le-Prince” en raison de la proximité de l’hôtel du prince de Condé, qui s’étendait jusqu’aux fossés. Dès 1770, ce vaste terrain est pourtant acquis par le roi, qui y fait construire le théâtre de la Comédie-Française – devenue ensuite théâtre de l’Odéon – ainsi que des lotissements prisés par les artistes, qui existent toujours aux n°2 à 10 et aux n°9 à 21 de la rue.

Une crèmerie-restaurant du XIXe siècle
C’est dans cette rue historique aux noms multiples qu’une crèmerie-restaurant est créée en 1845. Si elle est d’abord principalement une crèmerie où l’on vent des Å“ufs et du lait en matinée, elle délaisse peu à peu cette activité pour devenir uniquement un restaurant dès 1890. A cette époque, le développement des restaurants au sein de la capitale en fait un commerce particulièrement rentable. Ce lieu devient alors le repère de bon nombre d’artistes et écrivains pauvres, en raison de sa cuisine simple, parisienne, faite maison, à des prix raisonnables. On y retrouve également un grand nombre d’étudiants de la Sorbonne, ainsi que des habitués du quartier.

Sa belle devanture boisée avec ses lettres d’or sur le mica noir date du début du XXe siècle. A travers les longues vitres qui entourent la façade, on découvre une grande salle composée de meubles anciens, de casiers noirs, et sur les murs, un mélange de diplômes culinaires, de tableaux d’amateurs et de citations. Dans ce décor historique, on retrouve toujours les plats typiques de la cuisine française, à savoir la terrine, les escargots, le bourguignon, la blanquette, ou les profiteroles.
Le rendez-vous d’éminents écrivains
C’est dans ce fameux restaurant, dénommé Polidor depuis 1845, que se retrouvaient la bohème du Quartier latin pour déguster les plats de ceux qu’Honoré Daumier dénommait les “saucialistes”. Parmi eux, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, James Joyce, André Gide, ou encore Ernest Hemingway. En 1874, le poète Germain Nouveau écrit à Richepin : “Nous avons pu dépenser peu de ronds grâce à notre reconnaissance de lieux où l’on tortore aussi magnifiquement bon marché que chez Polidor…”. Plus tard, de 1948 à 1975, la salle du fond du restaurant accueille également les réunions du Collège de ‘Pataphysique, ce mot inventé par Alfred Jarry pour désigner “la science des solutions imaginaires”. Sont alors présents Ionesco, Jacques Prévert, René Clair, Boris Vian ou Raymond Queneau, faisant du Polidor l’une des adresses littéraires les plus historiques de la capitale.

Polidor
41 rue Monsieur le Prince, 75006 Paris
A lire également : Le palais du Luxembourg, une histoire royale
Image à la une : © Le restaurant Polidor