Ouvert en 1740, ce restaurant de cuisine française est inscrit au titre des monuments historiques français. Stratégiquement situé dans le quartier des Halles, il porte depuis bien longtemps un nom très intrigant…
Une auberge en 1740
C’est en 1740 qu’une modeste auberge ouvre à Paris, devant les Halles au Roy. Mais cette auberge disparaît durant un temps, lorsque le baron Haussmann mène ses travaux pharaoniques et rénove entièrement ce quartier insalubre. C’est une centaine d’années plus tard, en 1867, que l’auberge réapparaît au rez-de-chaussée d’un immeuble de la rue du Pont-Neuf. Percée lors des grands travaux, celle-ci sert à desservir les nouvelles Halles de Paris conçues par Victor Baltard. Parmi la clientèle, on trouvait bien sûr de nombreux marchands, des mandataires, ainsi que des “forts des Halles“, des manutentionnaires chargés de transporter de lourdes marchandises de l’extérieur vers l’intérieur des pavillons du marché. En ce temps, l’auberge s’approvisionnait ainsi auprès des commerçants des Halles, et en échange, leur servait des plats copieux pour tenir la journée.
Celle-ci est également connue pour avoir inspiré André Breton dans l’un de ses plus célèbres poèmes : Tournesol. En effet, l’écrivain surréaliste évoque en 1923 l’apparition d’une mystérieuse femme dans ce restaurant, comme une vision prémonitoire de sa future compagne Jacqueline Lamba. Dans ses fameux vers, le poète note ainsi : “Les torpeurs se déployaient comme la buée / Au Chien qui fume / Où venaient d’entrer le pour et le contre / La jeune femme ne pouvait être vue d’eux que mal et de biais / Avais-je affaire à l’ambassadrice du salpêtre”.
Une cuisine traditionnelle
Désormais, ce restaurant a bien changé, et n’est plus vraiment fréquenté par les marchands et ouvriers des Halles… Le quartier n’est plus le même, avec son Forum abritant des magasins de mode, des cinémas ou des cafés, ainsi que le centre Pompidou qui accueille de nombreux touristes. Toutefois, on retrouve certains éléments de l’ancienne auberge, comme le splendide comptoir enluminé. Côté cuisine, les plats servis sont toujours ceux de la cuisine française traditionnelle… des plateaux de fruits de mer, la fameuse soupe à l’oignon gratinée des Halles – autrefois consommée par les forts -, du cochon de lait rôti, ou le tartare traditionnel. Mais aussi des plats plus contemporains, comme le burger, le Fish & Chips, ou des toasts au saumon fumé et au guacamole.
Un nom intriguant
Mais si ce restaurant nous intrigue autant, c’est pour son étrange nom qui date du début du XXe siècle… “Le chien qui fume” ! À l’époque, le patron a décoré son établissement avec quatre panneaux fixés sous verre, où on peut voir un chien en train de fumer, ainsi qu’un comptoir en bois décoré de têtes de chiens qui fument. Sur la façade, on peut aussi voir plusieurs plats traditionnellement servis dans l’établissement, tels qu’une soupe à l’oignon, des escargots, ou un saumon. Le tout est désormais classé.
Au chien qui fume
33 rue du Pont-Neuf, 75001 Paris
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Image à la une : © Au chien qui fume