
Cette jolie façade toute bleue, située dans le quartier des Halles, ne date pas d’hier ! Et c’est d’ailleurs dans son enseigne historique que les personnages de La Comédie humaine d’Honoré de Balzac aimaient défiler autrefois…
Un restaurant né sous le Consulat
L’histoire de ce restaurant commence au début du XIXe, sous le Consulat. C’est au n° 59 de la rue Montorgueil, dans le quartier des Halles, que l’établissement est ouvert par un ancien vendeur d’huîtres, dénommé Alexis Balaine. Le coin est d’ailleurs connu pour son commerce d’huîtres, un mollusque que les Parisiens apprécient tout particulièrement à cette époque : en 1805, près de 17 millions auraient été consommés dans la capitale. Toutefois, Balaine ne garde pas longtemps l’affaire, et la vend dans les années 1810 à un certain Pierre Frédéric Borel pour la modique somme de 70 000 francs.

Ce Borel, qui se trouve être l’ancien maître d’hôtel de Jean-Pierre de Montalivet, a donc de grandes connaissances dans la gastronomie française. Durant presque trente ans, celui-ci gère le restaurant avec une vraie exigence et un menu d’exception. Il développe aussi une cave exceptionnelle, qui devient réputée chez les plus aisés. Néanmoins, sous le règne de Louis-Philippe, le nombre de restaurants bon marché augmente considérablement, ce qui met à mal les maisons luxueuses comme celle de Borel.
Une enseigne balzacienne
Si ce restaurant a une renommée particulière, c’est grâce à un célèbre écrivain du XIXe siècle à qui l’on doit une oeuvre conséquente : Honoré de Balzac. En effet, l’auteur était un habitué du restaurant, et c’est dans sa fameuse Comédie humaine que les personnages s’y rendent à leur tour : Henri de Marsay, madame du Val-Noble, Coralie, Lucien de Rubempré, Étienne Lousteau ou Dinah de La Baudraye, tant de personnages qui prennent l’habitude de s’y retrouver. Il faut notamment lire La fille aux yeux d’or, Illusions perdues, ou Splendeur et misères des courtisanes pour le voir cité.

Un lieu classé aux Monuments historiques
La concurrence étant trop forte sous le règne de Louis-Philippe, le restaurant est contraint de fermer ses portes en 1846. Mais l’histoire n’en finit pas là , puisque l’établissement finit par rouvrir dans la rue Montorgueil, mais cette fois-ci de l’autre côté, au n° 78. L’établissement est géré par un marchand de vin, M. Pécune, qui reprend le nom de l’ancienne enseigne adorée par Balzac, “Au Rocher de Cancale“. Le lieu se spécialise une nouvelle fois dans les plats à base d’huîtres. Classé aux Monuments historiques en 1997, le Rocher de Cancale conserve aujourd’hui encore le charme du XIXe siècle dans son architecture : en effet, les petits salons du premier étage sont ornés de jolies fresques peintes sur plâtre, qui auraient été faites par Gavarni, l’ami des lorettes.

Au Rocher de Cancale
78 rue Montorgueil, 75002 Paris
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Image à la une : Au Rocher de Cancale – © Marat