Longtemps décriés, notamment pour la qualité des aliments et les conséquences pour la santé à trop forte dose, les fast-foods sont devenus une véritable institution en France. C’est bien simple : il n’y a plus que dans de très rares zones “reculées” du pays qu’il faut faire des kilomètres avant de tomber sur l’enseigne d’un célèbre fast-food. À Paris, ces établissements sont toujours plus nombreux, d’autant plus quand la concurrence s’intensifie. En 2023, l’arrivée de la chaîne Popeyes, réputée pour son poulet frit, avait enflammé les réseaux sociaux. Depuis une poignée d’années, les chaînes américaines de restauration rapide se pressent dans l’Hexagone, venant ainsi concurrencer le géant McDonald’s, dont l’ouverture de son premier restaurant tricolore remonte à 1979, à Strasbourg. Mais connaissez-vous le nom du premier fast-food ouvert à Paris ?
Il y a plus de 60 ans, Paris découvrait le cheeseburger
On pourrait croire que le McDonald’s situé à deux pas de la gare Saint-Lazare, reconnaissable par son étonnante façade alsacienne, serait le plus vieux fast-food de la capitale. Mais il n’en est rien : si la façade construite en 1892 est certes classée aux monuments historiques, l’établissement au célèbre M s’y est installé il y a seulement une vingtaine d’années. Le premier McDonald’s ouvert dans les environs ne se trouvait pas dans Paris même, mais à Créteil en banlieue parisienne. Ouvert le 30 juin 1972 par Raymond Dayan, le premier restaurant McDonald’s de France est alors entouré de chantiers d’envergure et de voies encore sableuses, dans un secteur de la ville qui s’est considérablement développé depuis. À Paris, l’avènement du burger a eu lieu une dizaine d’années plus tôt. C’est en effet le 31 mai 1961, qu’ouvre, dans le 2ème arrondissement au cœur de la Ville Lumière, le Wimpy, premier restaurant de hamburger en France. Il s’agit tout simplement de la première chaîne de restauration rapide montée en France et elle est l’œuvre de l’industriel Jacques Borel. Surnommé le “café de l’an 2000” par son créateur, l’établissement reprend la décoration des fast-foods des États-Unis, et joue à fond la carte du hamburger, cheeseburger et autres milk-shakes. Mais le nom “Wimpy” est une référence au meilleur ami de Popeye, J. Wellington Wimpy, alias Gontran en France, un glouton rondouillard qui ne cesse dans les dessins animés de s’empiffrer de hamburgers.
Une nouvelle forme de restauration pour s’adapter au nouveau rythme de vie
Côté carte, le choix est limité mais le service est rapide. On y sert, à table, des steaks hachés de bœuf, dans des petits pains ronds chauds, avec ketchup et moutarde à disposition des clients, le tout accompagné de frites. Pour gagner du temps, les frites ne sont pas cuites à la commande, mais tout au long du service. Elles sont ensuite jetées 7 minutes après la fin de la cuisson si elles n’ont pas été servies. Côté présentation, il existe des options ”à cheval”, où le hamburger est présenté ouvert dans l’assiette, avec un œuf au plat posé dessus. Enfin, qui dit fast-food à l’américaine dit ambiance à l’américaine : dans l’établissement, la musique est disponible sous forme de juke-boxes à télécommande sur le mur à portée de chaque table. Derrière ce projet se cache également la conviction de Jacques Borel, qui croit simplement qu’une nouvelle forme de restauration peut exister à côté de la restauration traditionnelle. Ce dernier pense tout simplement que le hamburger ne peut que se développer car il est “le sous-produit du travail des femmes”. Pour manger de la viande de bœuf, il faut la hacher ou la cuire pendant des heures, ce que les femmes qui travaillent n’ont plus le temps de faire. D’où le développement du steak haché industriel au début des années 60. Réduction du temps consacré au repas, décor décontracté où l’on peut manger rapidement à sa faim et à toute heure… tels sont les avantages que les Parisiens et les familles citadines découvrent avec le fast-food.
La (courte) success story d’un grand nom de l’industrie alimentaire
Pour Wimpy et Jacques Borel, le succès est immédiat et Paris se prend très vite d’affection pour les hamburgers. Un succès qui s’étend ensuite au-delà du 2ème arrondissement, puisqu’une vingtaine d’établissements ouvriront (15 à Paris et 5 en province). Phénoménal homme d’affaires surnommé le “Napoléon du prêt-à-manger”, marqué par une expérience aux États-Unis où il a découvert “l’Americain Way of Life”, Jacques Borel possèdera l’exclusivité des fast-foods en France pendant 10 ans. Jusqu’au début des années 70 avant l’avènement du géant McDonald’s. Très vite, les Wimpy ne sont plus à la mode mais pas Jacques Borel, qui lance en 1963 le ticket-restaurant, puis ouvre les premiers restauroutes sur les autoroutes. C’est également lui qui, en plus de racheter la chaîne d’hôtel Sofitel, inventera la technique du self-service. En 1973, il existe encore des Wimpy à Paris : un sur les Champs-Élysées, l’autre à l’angle de la rue Soufflot et du boulevard Saint-Michel, un autre proche de la Gare Saint-Lazare et aussi boulevard des Italiens. Si les établissements Wimpy ont aujourd’hui disparu depuis bien longtemps, ils ont toutefois contribué à “démocratiser” le hamburger. De nombreux établissements, même traditionnels, n’hésitent à servir le plat sous différentes formes, pour le plus grand bonheur des gourmands.
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Image à la une : Burger au restaurant © Adobe Stock