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Ces bistrots parisiens qui ont conservé leur âme d'antan

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Par Cyrielle

Bistrot, estaminet, zinc, troquet… Autant de noms pour désigner ces tranquilles adresses où l’on vient s’installer pour déguster une cuisine familiale, boire un verre autour du comptoir, mais aussi s’imprégner de l’histoire et de l’ambiance chaleureuse du lieu. L’écrivain et journaliste François Thomazeau, auteur de Au Vrai Zinc de Paris aux éditions Parigramme, nous livre quelques unes de ses adresses parisiennes préférées. Simplicité, convivialité et authenticité vous y attendent !

Le Bistrot du Peintre

Du temps où Bastille était encore la Bastoche, Le Bistrot du Peintre s’appelait Le Saumur. C’était un zinc de quartier au coin de la rue de Charonne et de l’avenue Ledru-Rollin, où personne ne cherchait encore son chat. Pour ce qui est des peintres, ils étaient surtout en bâtiment avant l’arrivée en masse des galeries d’artistes dans la rue de Charonne. Des artistes, il y en a eu pourtant d’emblée dans ce joli café de carrefour et l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques n’y va pas par quatre chemins en décrivant la façade comme le plus bel exemple de modern style à Paris. En rachetant Le Saumur, Hervé et son équipe donnèrent une nouvelle jeunesse à l’ensemble, aux miroirs de bois rebondi en partie cachés par les alcools, aux céramiques évoquant deux des quatre saisons de part et d’autre du miroir du fond, dans la salle de restaurant du rez-de-chaussée.

Avant-guerre, il y en avait deux autres, mais l’hiver et l’automne, jadis installés de chaque côté du bar, ont disparu, victimes de l’occupant. Restent, de-ci de-là, des clins d’oeil à la longue histoire de l’établissement. Cet écriteau sur le pilier extérieur annonce un café à 30 centimes et parle d’un temps où le petit noir ne se débitait pas en euros. La restauration des clients vaut celle de l’édifice. De jeunes mamans déjeunent aux guéridons qui longent les fenêtres. Des couples d’étudiants s’attardent en terrasse et les employés du quartier avalent au bar des plats du jour de cette cuisine familiale qui fait encore la fortune des bistrots : blanquette, gigot, arrosés d’un saint-joseph du genre irréprochable.

Bistrot du Peintre

Le Bistrot du Peintre – 116 avenue Ledru Rollin, 75011
Métro : Ledru-Rollin (ligne 8), Voltaire (ligne 9)
Ouvert tous les jours

La Renaissance

C’est un coin de rue comme les chantait Trénet. Il y a même des palissades, côté Championnet, histoire de coller à la chanson. En face s’ouvre la rue du Poteau qui conduit droit à la mairie du 18e en passant par le marché. Le long de la terrasse, la rue Championnet descend vers Barbès et monte vers Montmartre. À la croisée des chemins, comme la clientèle. Des jeunes venant des HLM de brique de la porte de Clignancourt voisinant avec des intermittents entre deux films. Des employés des alentours, des anciens jeunes, un peu artistes, qui peu à peu forment l’essentiel de la population du quartier. On mange ici à la bonne franquette, et plutôt bien depuis que le café a été repris par Pierrot et son fils Tom, en 2010. Aux fourneaux, Benjamin concocte une cuisine de fraîcheur et de grande tradition bougnate (oeufs cocotte au Cantal, côte de boeuf d’Aubrac), avec des touches d’exotisme (colombo de cabillaud).

Côté salle, le choc. Peut-être la plus belle salle de bar de la capitale. Un modèle du genre, avec le vitrail Art déco, les murs patinés, la moleskine, les tables en bois sombre, le bec de gaz intact et une lumière diffuse qui fait danser la poussière. Rien n’a vraiment changé depuis le début du siècle dernier, lorsque Henriette reprit l’affaire, épousa son garçon et se posta derrière le comptoir de marbre. C’était alors un bistrot tranquille, idéalement placé entre le Montmartre marlou et le Saint-Ouen des forains. Des hommes discrets, Corses, Gitans, s’y retrouvaient pour discuter le bout de gras et manger l’unique plat du jour au menu ouvrier. Ce décor ne pouvait qu’attirer les caméras. Les Ripoux donnèrent à La Renaissance son plus gros succès, mais les tournages s’y succèdent à intervalles réguliers. Sur les piliers noirs de la façade, des inscriptions dorées à la gloire de « Chez Jean » font plus vraies que vraies : elles sont pourtant l’oeuvre d’un décorateur de cinéma…

La Renaissance
© Sylvain Ageorges / Parigramme

La Renaissance – 112 rue Championnet, 75018
Métro : Jules Joffrin (ligne 12), Porte-de-Clignancourt (ligne 4)
Ouvert tous les jours

Au Dernier Métro

Le rugby tient une place toute particulière dans l’univers des bistrots parisiens. L’esprit troisième mi-temps et l’amour de la bonne chère si caractéristique du Sud-Ouest concourent à faire de ce sport – qui est aussi LE sport auvergnat ! – un compagnon de route qui emmène des ruades, des mêlées et des ruées à l’essai jusqu’à la rue de la Soif. Originaire de Mauléon, supporter de l’Aviron Bayonnais et ancien joueur du Racing, Jean Laffargue est tombé tout petit dans cette culture de la bonne bouffe et du tutoiement qu’il a su imposer dans ce coin du boulevard de Grenelle, surplombé par le métro Dupleix, qui est l’un des derniers bastions populaires du 15e arrondissement.

Le soir, aux heures heureuses, tout le petit monde de ce quartier s’y presse pour un demi, un ballon d’irouléguy ou pour prolonger la soirée avec les plats chaleureux et simples de la carte : coeurs de canards, axoa de veau… Le nécessaire basque est à l’honneur mais ne plaque pas au corps la tradition bistro, qui s’illustre dans la côte de boeuf ou le foie de veau. Pour prolonger encore l’ambiance, Jean et son épouse, Nathalie, se sont offert des Prolongations à un coup de botte de là, une adresse plus feutrée ou plutôt calfeutrée, où boire un dernier digestif et refaire le match plus posément dans un cadre plus sélect et une tonalité gastronomique plus tapas.

Au Dernier Métro
© Sylvain Ageorges / Parigramme

Au Dernier Métro – 70 boulevard de Grenelle, 75015
Métro : Dupleix (ligne 6)
Ouvert tous les jours

Article tiré du livre Au Vrai Zinc de Paris de François Thomazeau. Réalisé en partenariat avec les éditions Parigramme.

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