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Ce cinéma indépendant de Bordeaux classé “art et essai” est installé dans une ancienne église

Cinéma Utopia © Utopia Saint-Siméon

Des églises désaffectées et utilisées pour d’autres fonctions bien différentes, c’est l’histoire de nombreux édifices sur le territoire français. Parmi les histoires les plus surprenantes, c’est sans nul doute celle de cette église située en plein cœur de Bordeaux qui fascine le plus. Ou comment passer des prières… à des séances de cinéma !

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De la religion au cinéma, il n’y a (presque) qu’un pas

Bien avant de découvrir des chefs-d’œuvres méconnus du 7ème Art, c’est une toute autre ambiance qui régnait jadis dans ce bâtiment. Bâtie à la fin du XIIIe siècle, l’église Saint Siméon comptait 5 chapelles et abritait des confréries, et faisait aussi office de cimetière jusqu’en 1489. Date à laquelle elle ne suffit plus pour les inhumations, ce qui força le Chapitre à céder un terrain sous l’actuelle place Camille Jullian. Puis, l’église connaît une histoire paisible jusqu’à la Révolution, où elle est désaffectée et sert d’entrepôt. Le XIXe siècle est ensuite synonyme de profond changement sous l’impulsion des frères Laporte, officiers de marine, qui fondent “l’École navale des mousses et novices destinée à accueillir et former les enfants miséreux, vagabonds et les convertir en marins”. La transformation est totale : le centre de l’église étant désormais occupé par une frégate reconstituée dont le mât principal montait jusqu’au sommet de la nef, avec “tous les gréements, voiles et vergues mobiles”. Les futurs matelots vivaient même sur place et dormaient dans des hamacs. Permettant aux élèves de s’initier à tous les maniements de la voile, cette école dirigée par un abbé a constitué à l’époque une curieuse recherche pédagogique. Elle servit longtemps aussi comme entrepôt de conserves alimentaires. Lorsque l’école quitte l’église au profit d’une vraie goélette, le monument connaît une nouvelle affectation surprenante : une fabrique de conserves alimentaires, où M. Teyssoneau invente le fameux ouvre boîtes à sardines. Et comme si l’histoire de l’église n’était pas assez surprenante, elle devient à la fin du XXe siècle… un garage et un parking. Si l’idée a de quoi surprendre, des photos d’archives de voitures stationnées dans la structure du bâtiment sont là pour le prouver.

 

 

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Un monument sauvé par amour pour le cinéma

Sans surprise, après une si longue histoire et de telles transformations, le bâtiment se dégrade (pierres rongées, salpêtre, charpente affaiblie…). C’est finalement un projet à l’approche du XXe siècle qui va sauver ce monument emblématique de l’histoire de la cité girondine : celui des “Cinémas indépendants Utopia”. Le projet est donc clair : faire de cette ancienne église un nouveau temple pour le cinéma d’art et d’essai. Si la consolidation des fondations remet à jour des ossements, rappel de l’origine religieuse du bâtiment où l’on enterrait les morts sous la dalle, le monument est l’objet d’un important chantier. En plus du vitrail de la façade signé d’un artisan bordelais et l’immense portail en bois de l’entrée arrivé d’Avignon, les élèves de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux peignent sur les murs des salles de cinéma et les poutres de la charpente. Enfin, des éléments de décoration sont disposés dans les salles de projections, en rappel de la vocation première de l’édifice. La vieille église presqu’à l’abandon devient donc en 1999 l’écrin du cinéma d’art et d’essai Utopia, avec cinq salles dédiées à des films sélectionnés et à des spectateurs enthousiastes et fidèles. Tandis que le choix des films effectué par toute l’équipe du cinéma ne tient compte d’aucun principe religieux, moralisateur ou commercial, la création d’un espace restauration et une terrasse ajoutent aux beaux jours encore plus de charme à l’endroit.

 

 

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Un lieu d’art et d’essai, mais aussi d’échanges et de partage

Cinéma indépendant classé “art et essai”, l’Utopia s’est donc affirmé comme une destination culturelle de choix à Bordeaux. Pas seulement pour son histoire hors du commun, mais aussi grâce à sa programmation, qui alterne entre projets de petits producteurs et distributeurs indépendants souvent destinés à un public relativement averti, et films à gros budgets intelligents. En plus d’être le cinéma le plus cosmopolite de la ville, car les films étrangers sont tous projetés en version originale sous-titrée, c’est aussi à l’Utopia que l’on trouve la plus riche programmation enfantine disponible. Pour le plus grand plaisir des passionnés, l’Utopia est aussi un lieu de rencontre avec les réalisateurs, comme un lieu de débat sur des sujets de société après la projection de films à vocation militante. En témoignent les nombreux festivals et autres rendez-vous organisés tout au long de l’année : le Festival La Classe ouvrière c’est pas du Cinéma en février, le Festival du roman et du film noirs en septembre ou le Festival International du Film Indépendant de Bordeaux en octobre, sans oublier le Black History Month Bordeaux, qui fait office de contribution au combat contre le racisme. Une belle preuve qu’un lieu peut se transformer et s’adapter aux besoins d’une société en constante évolution, à l’image de cet édifice, qui a connu plusieurs vies au fil des siècles, et qui est aujourd’hui un lieu incontournable de la vie culturelle bordelaise, mais aussi un un symbole de la diversité et de la richesse du quartier Saint-Pierre.

 

 

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Cinéma Utopia
5 place Camille Jullian
33000 Bordeaux

 

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Image à la une : Cinéma Utopia © Utopia Saint-Siméon

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