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Cet ensemble de maisons de 1926 signées Le Corbusier a d’abord fait scandale avant d’être reconnu à l’UNESCO

Cité Frugès © Nikolas Ernult
Par Alexandre M

En plus de 50 ans de carrière, c’est peu dire que Le Corbusier, Charles-Édouard Jeanneret de son vrai nom, a révolutionné l’architecture. Ses traits brut, son sens du confort et sa vision novatrice ont fait de lui l’un des plus grands dans son domaine et, telles les toiles des plus grands maîtres, beaucoup de ses œuvres lui ont survécu et continuent de fasciner encore aujourd’hui. Si l’on trouve quelques traces de son génie à Marseille ou près de Paris, l’un de ses projets les plus fascinants se trouve non loin de Bordeaux : la Cité Frugès.

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Un étonnant spectacle visuel qui est le fruit de la rencontre de deux personnalités. D’un côté, l’industriel sucrier Henry Frugès, curieux de toutes les innovations artistiques et architecturales du moment, acquiert une vaste prairie entourée de bois de pins, pour y édifier une “cité jardin” où il souhaite loger des ouvriers. Au début du XXe siècle, la France traverse une grave crise du logement et l’industriel tombe alors sur un article de Le Corbusier, qui milite justement pour un habitat de qualité, à moindre coût et à construire en série. Sans plus attendre, Henry Frugès appelle l’architecte et lui commande des maisons pour ses ouvriers. Et c’est à Pessac que ce quartier verra le jour, l’occasion pour Le Corbusier, aidé de son cousin Pierre Jeanneret, d’expérimenter son projet. Formes géométriques strictes, modules de cinq, béton travaillé à l’air comprimé et laissé brut, terrasses panoramiques et couleurs vives… la Cité Frugès détonne forcément, encore plus dans une ville où l’on cultive fortement l’héritage du Siècle des Lumières. Avec la Cité Frugès, l’ambition de l’industriel et de l’architecte, aidé de son cousin Pierre Jeanneret, est de lier art, progrès social et innovation constructive. Ainsi, l’habitat ouvrier est ici perçu comme une œuvre d’art à part entière, avec des formes géométriques et épurées qui rappellent celles de l’avant-garde architecturale moderne. Sur le plan social, le logement ouvrier est doté des éléments de confort les plus innovants en termes d’équipement et d’aménagement des espaces de vie (eau courante, chauffage, fosses septiques). Enfin, sur le plan constructif, la Cité Frugès est un chantier d’expérimentation inédit de la standardisation du bâtiment et de la construction modulaire. 

Intérieur de la maison Zig-Zag © Bernard_Comte_69
Intérieur de la maison Zig-Zag © Bernard_Comte_69

Un projet mis à mal par la bourgeoise bordelaise

Sur le projet initial de 127 maisons, “seules” 51 habitations seront construites, la faute à l’inflation liée aux prémices du crash de 1929. Celles-ci répondent alors à 7 types différents : zig-zag, quinconce, gratte-ciel, arcade, maison isolée, jumelles et un dernier type dont l’unique exemplaire sera détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Sans grande surprise, cet ensemble de maisons fit l’effet d’une petite bombe, dès l’inauguration de 5 premières maisons en 1926. Le projet déclenche un véritable scandale chez les bourgeois bordelais, autant choqués par la variété de couleurs que le confort offert à de “simples ouvriers”. En effet, au début des années 20, beaucoup de grandes demeures bourgeoises n’ont pas toutes accès à ces conforts que sont l’eau courante ou le chauffage. Forte de son influence, la bourgeoisie ira même jusqu’à provoquer l’interruption des travaux de la cité, qui ne sera terminée qu’en 1931. Après une longue période d’oubli, pendant laquelle les maisons furent largement modifiées par leurs habitants, la Cité Frugès connaît un regain de popularité dans la seconde moitié du XXe siècle : outre des rénovations, l’ensemble est inscrit dès 1976 à l’inventaire des sites pittoresques du département de la Gironde

 Un site majeur qui demande beaucoup d’entretien

La consécration survient le 18 décembre 1980, alors que la maison située 3 rue des Arcades, restaurée à l’identique, est classée Monument historique. Trois ans plus tard, la commune achète une maison de type gratte-ciel afin de l’ouvrir au public : la Maison Municipale Frugès – Le Corbusier, où a lieu diverses expositions tout au long de l’année. Devenu un quartier, la Cité Frugès est classée au patrimoine mondial de l’humanité depuis juillet 2016. Désormais, les personnes qui y vivent doivent donc respecter le projet architectural de Le Corbusier, bien que certaines demeures aient été modifiées avant ces contraintes patrimoniales. Vivre dans un tel endroit requiert des devoirs, et les propriétaires des maisons de la Cité Frugès doivent ainsi prendre en charge une partie de la restauration et de l’entretien de ce lieu unique. Si les couleurs d’origine ont parfois disparu, cet ensemble de maisons demeure une fascinante balade et un véritable régal pour les amateurs d’architecture. Ces dernières années, les chiffres de fréquentation s’élevaient autour de 8 000 à 10 000 visiteurs, et nul doute que ceux-ci devraient grimper avec la rénovation du musée consacré à la Cité, prévue à l’horizon 2027. 

Maison de type quinconce © Flickr 
Maison de type quinconce © Flickr

 

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Image à la une : Cité Frugès © Nikolas Ernult

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