Déjà réputées pour leurs stations de ski sensationnelles ou leurs randonnées aux vues exceptionnelles, les Pyrénées peuvent également se vanter d’abriter de somptueux villages, dont certains se trouvent logiquement bien perchés. Des sommets, des monuments riches de plusieurs siècles d’histoire, des terroirs riches en saveurs et en traditions qui confèrent une identité unique… ce sont généralement les clés d’un village pittoresque et celui de Castelnou, tout droit sorti d’un décor du Moyen Âge, coche justement toutes ces cases.
Un village quasi-déserté il y a deux siècles
Une apparence médiévale que le village des Pyrénées-Orientales conserve encore grâce à ses remparts rythmés de 8 tours et 4 portes disposés aux 4 points cardinaux, sa tour de guet et son château vicomtal construit en 990 par le Vicomte de Castelnou pour servir de base militaire à la vicomté du Vallespir. Les vicomtes de Castelnou comptaient au XIe siècle parmi les personnages les plus puissants de Catalogne. Dominant le village, le château Vicomtal a dû adapter sa forme pentagonale aux arêtes abruptes et irrégulières du roc qui l’accueille. Pris d’assaut à plusieurs reprises, le château est ensuite laissé à l’abandon et le village court à sa ruine, jusqu’à être quasi-déserté au XIXe siècle. Il faudra d’ailleurs attendre la fin de ce siècle pour qu’un rachat du château ait lieu, entraînant ainsi une restauration, voire une reconstruction compte tenu de l’état inquiétant du site. Au siècle suivant, c’est grâce au tourisme que l’engouement pour Castelnou explose, permettant ainsi au village de retrouver sa superbe et, surtout, d’être classé parmi les plus beaux villages de France. Outre son château, deux autres édifices viennent compléter le décor médiéval en contrebas du village : l’Église Sainte-Marie-du-Mercadal, édifice de style roman du XIIème siècle inscrit au titre des monuments historiques depuis 1972, et une élégante tour de guet, telle une sentinelle postée sur son promontoire.
Des ruelles pleines de charmes et de curiosités
La découverte de ce village de charme commence devant l’entrée Nord où, de chaque côté du portail, deux imposantes tours marquent l’accès au village. Une ouverture datant du milieu du XIVᵉ siècle qui, une fois franchie, laisse place à une superbe place plantée d’un mûrier-platane : la Plaça de l’escola. Ce qui frappe instantanément, c’est que l’aspect de Castelnou n’a pas évolué, le village étant toujours articulé autour de deux rues pratiquement parallèles. Ces deux axes principaux du village, scandés de temps en temps par des ruelles en escalier qui permettent le passage de l’une à l’autre, sont l’occasion d’admirer des maisons à escalier extérieur, donnant sur une petite terrasse couverte, ou des excroissances faites saillie sur le mur qui sont en réalité des fours à pains de forme semi-circulaire et greffés sur les façades. Puisqu’il n’y avait pas de four collectif au village, les familles qui avaient le privilège de posséder un tel outil le louaient aux autres villageois. Autre merveilles qui méritent d’ouvrir l’œil, ces briques rouges en dessous des avant-toits peintes de motifs variés faits à la chaux (triangles, chevrons, soleils, méandres). Rien à voir avec une quelconque envie de décoration, il s’agit de signes protecteurs pour éloigner le mauvais sort, les maladies… et même les sorcières. Déjà fréquenté avant la construction de l’église au XIIIe siècle à laquelle il aura donné son nom, Sainte Marie du Mercadal, c’est sur une petite butte au sommet aplati, dans des petits cabanons, que se perpétue la tradition des marchés. Propice aux rencontres et aux échanges, ce lieu pittoresque est une occasion de découvrir les produits frais de la région pour un festival de senteurs.
 Un cadre naturel exceptionnel pour se détendre ou pour être inspiré
Au fil du temps, Castelnou est devenu un lieu de prédilection pour les artistes et les artisans d’arts. Jadis fréquenté par des peintres de renom, tels que Balbino Giner ou encore Camille Descossy, l’engouement suscité par l’ambiance du village ne s’est jamais démenti. Aujourd’hui, ils sont d’ailleurs plus d’une dizaine d’artistes et artisans d’art à y avoir installé leur atelier. Sans doute sont-ils inspirés par le cadre naturel exceptionnel de Castelnou, lové dans un écrin de verdure avec en toile de fond le majestueux pic du Canigou coiffé de blanc pour mieux faire ressortir la douce lumière des pierres du village, ou ce climat si particulier, partagé entre une zone méditerranéenne et une autre montagnarde. Le village se situe pour rappel au cœur des Aspres, une région dont l’étymologie désigne une terre aride, peu féconde, et déjà habitée du temps de l’homme préhistorique, comme en témoigne la présence de plusieurs dolmens dont un en parfait état de conservation. Une terre où la culture y est difficile, mais pas impossible, puisqu’on y trouve de nombreux vergers (amandiers, abricotiers, pêchers) et des vignes qui, profitant de l’ensoleillement, du vent et de sols schisteux ou granitiques, confèrent aux vins une certaine richesse et puissance aromatique. Pour s’imprégner au mieux de cette nature si riche, une balade dans les Aspres est aussi l’occasion d’admirer une faune et une flore des plus variées. Des chênes Kermès, des genêts d’Espagne, de la bruyère arborescente, de la lavande officinale sauvage aux chèvres sauvages, aux fauvettes à lunette ou aux busards cendrés, le spectacle est une fois de plus présent à chaque foulée.
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Image à la une : Castelnou © Shutterstock