Ce magnifique château autrefois relais de chasse de François Ier abrite l’une des plus belles galeries de France

Pour tout passionné de châteaux, la France est un formidable terrain de jeu, tant les styles et les édifices varient d’une région à l’autre. En partant dans le sud de la France, on appréciera toute la puissance de forteresses médiévales, tandis que ceux fascinés par le faste des monarques absolus ne peuvent qu’être éblouis devant les châteaux de Versailles ou de Vaux-le-Vicomte aux portes de Paris. Enfin, pour ceux qui sont plus attirés par le charme de la Renaissance, direction le Val de Loire à la découverte des somptueux châteaux de Blois, Chambord, Chaumont ou encore Cheverny…

Un édifice qui mérite totalement son statut de château de la Loire

Si la visite de ces quatre châteaux, il se trouve fort heureusement que quelques merveilles se cachent au sein de ce prestigieux “Carré d’Or”. Niché dans un écrin de verdure au cœur du Val de Loire et reconnu comme l’un des premiers châteaux classé “Monument Historique” dès 1840, on trouve en effet un domaine, qui était à la base un relais de chasse acquis par François Ier au début du XVIe siècle, dont le nom évocateur est à la hauteur de la visite. Construit à la fin du XVe siècle par la famille Doulcet, le domaine de Beauregard jouit en effet d’une proximité certaine avec les forêts de Chambord, devenant alors un des rendez-vous de chasse privilégiés du roi. La légende raconte également que François Ier, à l’abri de la Cour, s’ y retrouvait en galante compagnie. Si le domaine revient d’abord à René de Savoie, oncle de François Ier, il est finalement acquis en 1545 par Jean du Thier, secrétaire d’État chargé des finances pour Henri II et protecteur des poètes Joachim du Bellay et Pierre de Ronsard. C’est avec lui que le château connaît un agrandissement considérable. Tandis que le vieux logis est incorporé au sein du nouveau bâtiment, une galerie centrale pour relier les deux corps de bâtiment d’habitation est construite dans le style Renaissance. Pour la décoration intérieure, Jean du Thier appel à plusieurs artistes étrangers qui travaillent alors pour le roi Henri II, comme le peintre Nicolò dell’Abbate. Grand amateur de plantes, Jean du Thiers embellit également le parc par des arbres venus des forêts royales. Selon des documents de l’époque, près de 1500 plantes rares et arbres y poussaient alors.

Un château embelli au fil des siècles par des passionnés

Devenu par la suite demeure de ministres au XVIe et XVIIe siècle, le domaine de Beauregard n’a cessé de s’embellir et de se développer au cours des siècles. Mais comme ses prestigieux voisins que sont Blois ou Chambord, il demeure avant tout un formidable vestige de la Renaissance. Ne serait-ce que pour son impressionnante Galerie des Illustres et ses 327 portraits représentant des personnages clés de l’histoire de France et d’Europe. Une œuvre monumentale (26 mètres de long par 6 mètres de large) qui fait la renommée de Beauregard depuis des décennies, et que l’on doit à un ancien propriétaire du château, Paul Ardier, ministre des Finances d’Henri III, Henri IV et Louis XIII et grand passionné d’histoire politique. Véritable outil pédagogique, cette Galerie regorge de quelques détails insolites, comme le fait que le nombre de portraits est variable en fonction du roi auquel ils sont associés. Par exemple, le règne de Philippe IV compte six portraits, tandis que celui de Charles VII en compte 21 et celui de Louis XIII en totalise 40. Par ailleurs, les dates des règnes concernés, ainsi que l’emblème et la devise du roi, sont peints sur les boiseries situées entre le sol et les portraits. Un endroit emblématique du château qui rappelle que d’illustres personnages ont posé le pied sur les terres du domaine, comme Richelieu, venu se réfugier en 1626 car se sentant peu en sécurité au Château de Blois, ou même Louis XIV, accompagné de sa duchesse Madame de Montpensier, dite “la Grande Demoiselle”. Reçu au château par le fils cadet de Paul Ardier, il se murmure même que certains orangers de la collection de Beauregard aient été sélectionnés par le Roi Soleil pour rejoindre les orangeries de Versailles.

Galerie des Portraits © Parc et Château de Beauregard

Une visite qui met en émoi tous les sens

Grâce à ses efforts et aux 20 000 personnes qui visitent le site chaque année, le domaine de Beauregard fait partie de ces sites historiques du Val de Loire qui ont tant de trésors à partager, d’une mâchoire de baleine datant du XVIIIème siècle à une grande bibliothèque, en passant par une collection de meubles Renaissance d’exception. Parmi les pièces à ne pas louper lors de la visite, le Cabinet des Grelots, jadis Cabinet de travail de Jean du Thier, petite pièce en bois de chêne finement travaillée et rehaussée de délicates peintures de l’époque Renaissance créée par Scibec de Carpi, célèbre ébéniste du roi Henri II. Qui dit Renaissance dit aussi plaisir des sens et le charme de Beauregard passe aussi par son authentique cuisine du XVIe siècle, sa batterie de 85 cuivres et ses cheminées qui n’ont jamais cessé de fonctionner. Bien plus qu’un simple château, Beauregard peut aussi compter sur un parc inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, étendu sur 40 hectares et faisant partie intégrante du patrimoine français. Si l’on apprécie d’arpenter l’Allée des Prunus, le Sentier du Savoir ou d’admirer les cèdres du Liban, dont certains ont plus de 250 ans, on vient aussi déambuler dans le parc pour profiter du “pendant floral” de la Galerie des Illustres : le Jardin des Portraits. Ici, on y contemple 400 espèces de vivaces et d’arbustes répartis en 12 parterres de fleurs associés chacun à une couleur. Tout autour du Jardin, aux pieds des murs, impossible de manquer également la merveilleuse roseraie constituée d’une centaine de variétés de rosiers, dont la “Rose de Beauregard”, créée en l’an 2000 spécialement pour ce domaine qui ne manque décidément pas de charme.