Ce somptueux château sur l’eau autrefois pillé et incendié accueille aujourd’hui un hôtel-restaurant de luxe

Avec ses paysages variés, sa nature quasi-omniprésente et ses légendes vieilles de plusieurs siècles qui continuent de fasciner, la Bretagne est, en toute logique, une terre propice à l’imagination. Et lorsque le territoire peut en plus compter sur des châteaux tout droit sortis d’un conte de fées, il devient dès lors impossible, voire très grave, de passer à côté. Digne des plus beaux châteaux de la Loire, c’est à mi-chemin entre Nantes et Vannes que se trouve ce qui est assurément l’un des plus beaux châteaux de l’Ouest de la France…

Haut-lieu du protestantisme pendant les Guerres de Religion

Édifié entre 1430 et 1470 par Jean de Laval, baron de La Roche-Bernard, car il est à l’époque un poste avancé de la ville de La Roche-Bernard au sein du Duché de Bretagne, son nom vient du bas latin brittisca “[fortification] britannique”, puis “parapet”, qui caractérise une tour de défense surplombant la porte principale d’un château. Durant les guerres de Religion, il devient un haut lieu du protestantisme après que François de Coligny d’Andelot, venu inspecter les défenses des côtes de la Bretagne, convoque au château la noblesse de la province pour écouter un pasteur. En quelques semaines, des dizaines de familles nobles bretonnes du pays de la Vilaine se convertissent ainsi au protestantisme. C’est également durant les guerres de Religion que le site est assiégé par le duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, avant d’être pillé et incendié en 1793 en pleine Révolution française. Alors qu’il ne reste plus des ruines, seule résiste une grosse tour dite Liburin, avec sa salle voûtée et ses meurtrières. La reconstruction n’intervient qu’au XIXe siècle, avant qu’il ne soit acheté par la famille de Montaigu, dont les membres vont se succéder pendant quarante-cinq ans comme maires de la commune de Missillac. Dès 1847, le marquis de Montaigu se lance dans la rénovation et la restauration totale du site : sur des plans validés par Viollet-le-Duc, les styles néo-gothique et néo-renaissance sont harmonieusement associés, et c’est ainsi que le château de la Bretesche retrouve tout son éclat.

Un site idéal pour un complexe hôtelier

Ruiné par un train de vie trop fastueux, le dernier membre de la famille de Montaigu à posséder le château le vend en 1965 à une société immobilière. La fin d’une histoire de plus de 100 ans entre le monument et la famille qui avait fait construire sa propre centrale électrique au charbon, à la fin du XIXe siècle. Celle-ci avait aussi amené l’eau courante au château, à une époque où ces commodités restaient rares. Véritables précurseurs, les de Montaigu avaient également fait installer un ascenseur dans le bâtiment de la Petite Bretesche, alors qu’il n’en existait qu’à Paris. Des huit fermes, il n’en reste plus qu’une, les sept autres ayant été transformées en maison d’habitation pour des particuliers. Les dépendances sont quant à elles transformées en hôtel-restaurant, tandis que le parc devient le parfait cadre pour un golf. Véritable havre de paix où courtoisie et raffinement sont les maîtres mot, le Domaine de la Bretesche comprend aujourd’hui un hôtel de luxe situé dans les dépendances du château du XVe siècle, un golf 18 trous qui sillonne un parc de 200 hectares, un restaurant étoilé Michelin et un spa. Là où le charme de l’histoire rencontre l’excellence de la gastronomie moderne, le domaine se compose en effet du restaurant bistronomique Le Montaigu, offrant des petits déjeuners et dîners avec une vue imprenable sur le château et le lac, pour une atmosphère magique et inoubliable. À quelques pas du golf, une pause bien méritée peut s’effectuer à la brasserie Le Club, tandis que le Bar des Écuries, niché dans les anciennes écuries, offre un cadre unique pour des soirées empreintes d’élégance.

Le Bar des Écuries, un cadre intime et élégants pour savourer des cocktails signatures © Domaine de la Bretesche

Parcourir le green XXL ou l’immense Parc Naturel de la Brière au choix

À moins de s’offrir quelques nuits dans ce resort des plus sublimes, il demeure possible d’en parcourir la cour extérieure afin d’admirer les abords classés aux Monuments Historiques. Riche d’une terrasse crénelée et entouré sur trois côtés par des douves, le quatrième baignant directement dans un vaste étang de 13 hectares, le château de la Bretesche a tout du château médiéval tout droit sorti d’un conte ou d’un roman d’aventure. Pas étonnant d’ailleurs qu’il ait été naturellement choisi comme décor pour quelques films et séries. La Bretesche a par exemple servi de cadre à un film sorti en 1961, Pleins feux sur l’assassin, de Georges Franju avec Jean-Louis Trintignant et Pierre Brasseur. Un long-métrage où le château est en quelque sorte un protagoniste majeur. Un joyau de plus dans la (longue) collection du Parc Naturel Régional de la Brière, où le château se situe tout juste. Niché au sud de la Bretagne, cet écosystème unique, riche de biodiversité et d’histoire, s’étend sur plus de 40 000 hectares. Un espace qui est forcément le paradis des amoureux de la nature, avec ses marais mystérieux, ses villages pittoresques et sa faune et flore exceptionnelles. Parfait sanctuaire, le parc abrite une faune variée, comprenant de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs, des amphibiens, des poissons, ainsi que des mammifères spécifiques aux zones humides, et se révèle être un site privilégié pour l’observation ornithologique, attirant des passionnés de nature du monde entier, venus observer des espèces rares telles que le butor étoilé, la spatule blanche ou encore le busard des roseaux.