Ce magnifique château classé à la fois “Monument historique” et “Jardin remarquable” se visite à 2h de Paris
Pour les passionnés d’architecture médiévale, il existe un lieu majeur et riche d’histoire avec un grand H, à seulement 2h30 de Paris. Parmi les châteaux médiévaux les mieux conservés de Normandie, ce berceau de l’une des plus puissantes familles du Moyen Âge permet de retracer l’évolution de l’architecture militaire régionale, mais s’annonce également comme une invitation bucolique dans un incroyable patrimoine naturel. Ce château, c’est celui d’Harcourt !
Un château millénaire parmi les mieux conservés
Un château assurément emblématique, dont l’histoire se conjugue avec celle de sa région, la Normandie. Lorsque le chef viking Rollon obtient, en 911, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte signé avec le roi de France, une partie des territoires qui constitueront plus tard le duché de Normandie, il distribue lui-même des domaines à ses principaux fidèles. Parmi ceux-ci, figure Bernard le Danois, qui se voit attribuer en récompense de ses exploits des terres considérables, dont la seigneurie d’Harcourt. L’existence d’un premier château à Harcourt remonte alors au XIe siècle et, comme les forteresses de l’époque, est édifié en terre et en bois, et ceint d’une palissade et d’un fossé. Un édifice commandé par Errand d’Harcourt, compagnon d’armes de Guillaume le Conquérant, tandis que le second château, cette fois fait de pierre, sera quant à lui commandé par Robert II d’Harcourt, compagnon de Richard Cœur de Lion. Représentatif des forteresses défensives du Moyen Âge, le château d’Harcourt peut compter sur un mur d’enceinte enrichi de 12 tours, les fossés et l’enceinte faisant le tour complet du château tandis que la basse-cour contenait un véritable village : logement pour soldats, chapelle, écuries, etc… Mais comme de nombreux châteaux médiévaux de France, le vent de la Renaissance souffle sur le domaine d’Harcourt, et la forteresse défensive va laisser place à une demeure résidentielle de renom au XVIIe siècle. Sous la supervision de Françoise de Brancas, épouse d’un duc de Lorraine et confidente de Madame de Maintenon, les remparts à l’est sont abattus pour faire place à une terrasse, la façade est remaniée avec des pierres calcaires, un grand escalier en fer forgé est ajouté tandis que d’immenses fenêtres viennent aérer la demeure.
Célèbre pour son jardin peuplé d’incroyables trésors
Mais le symbole le plus représentatif de cette transformation se trouve assurément à l’extérieur, avec l’arboretum d’Harcourt. Lieu de collection parmi les plus riches de France, cet arboretum rassemble une grande diversité d’arbres et d’arbustes, uniques autant par leur âge que par leur dimension : plus de 500 espèces dont certaines âgées de 150 à 200 ans et mesurant plus de 40 mètres de haut. Des cèdres du Liban, un platane à feuille d’érable, des séquoias et thuyas géants, des hêtres tortillards, des ginkgo biloba ou encore des métaséquoias, la liste d’espèces est aussi riche que les grands noms des mondes horticoles, botaniques et forestiers intervenus sur l’arboretum depuis 1810 : Delamarre, Michaux, Pépin, Vilmorin… Imaginé par Louis Gervais Delamarre, ce vaste lieu de promenade, de détente et de découverte fut réellement réalisé par des membres éminents de l’Académie d’Agriculture de France, respectant alors le vœu exprimé par Delamarre, qui souhaitait que la forêt d’Harcourt soit un modèle de gestion forestière. À cet arboretum de collection s’est ajouté dans les années 1970 un arboretum de peuplement, mettant à l’honneur des espèces destinées au reboisement et cultivées en petits groupes (noyers, érables, chênes, alisiers, tulipiers…).
Une programmation toujours plus variée et attractive
Véritable écrin de nature et pépite patrimoniale, le Domaine d’Harcourt s’est imposé comme l’un des lieux incontournables de Normandie, juste derrière des destinations ultra-populaires du territoire, comme le Musée des Impressionnismes ou la Maison Monet. Il faut dire que, après le traditionnel répit hivernal, le domaine a rouvert sa saison il y a quelques semaines, avec une programmation 2024 riche de nouveautés. En attendant les traditionnelles Journées européennes du patrimoine, le site prévoit en effet une série de rendez-vous étonnants, comme le Crépuscule Festival, un festival de musique électro en juillet avec plusieurs scènes de jeunes talents, ou la Zombie Run’Eure, une course nocturne dans l’arboretum attendue en novembre… avec quelques zombies sur le tracé. Autre rendez-vous qui pourrait intéresser petits et grands, et notamment les passionnés d’histoire : “Harcourt, c’est vous”, un appel pour collecter des souvenirs du château et de l’arboretum, prévu jusqu’au 30 juin. Voisins, mariés, communiants ou encore bénévoles, tous sont invités à ressortir d’anciennes photographies, de vieilles cartes postales ou encore des images de chantiers de restauration pour valoriser ces souvenirs et les dévoiler au plus grand nombre. Une charmante manière de perpétuer un peu plus la longue histoire de ce domaine historique de Normandie.
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Image à la une : Domaine d’Harcourt © Adobe Stock