
Du château fortifié au château Renaissance, en passant par la maison forte ou la gentilhommière, le château est un sujet avec lequel on ne plaisante pas dans le Périgord. En établir le nombre exact n’est pas évident, mais une chose est sûre : ces somptueuses demeures font la fierté de la région, et ce depuis le XIIe siècle.
Une puissante forteresse devenue somptueuse demeure de plaisance
De par son aspect et, notamment, son classicisme, on jurerait presque que le château de Hautefort fait partie de la prestigieuse liste des châteaux de la Loire. Pourtant, c’est à 3h30 de voiture plus au sud qu’il faut aller pour découvrir ce majestueux château, site parmi les plus remarquables du Périgord. Bien avant cette imposante silhouette se dresse une forteresse médiévale, dont le premier propriétaire des lieux est Guy de Lastours, aux environs de l’an mille. Un de ses descendants, Gouffier de Lastours, s’illustrera en étant l’un des trente chevaliers à entrer en 1099 dans Jérusalem aux côtés de Godefroy de Bouillon. Composée d’un donjon et de plusieurs tours et remparts au XIIe siècle, la forteresse n’aura de cesse de subir des épreuves : assiégée et détruite par Richard Cœur de Lion, occupée par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans ou encore victime des féroces guerres de Religion. Durant ces siècles de conflits, les différents propriétaires du château veillent à consolider, reconstruire, et remanier sans cesse ses fortifications, dont il ne reste plus que quelques rares traces comme le pont-levis, le châtelet et deux échauguettes. Car, comme de nombreux édifices médiévaux de France, le château de Hautefort se transforme dès le XVIIe siècle en demeure de plaisance. Sous l’impulsion du marquis François de Hautefort, puis de son petit-fils Jacques-François de Hautefort, homme de la cour de Louis XIV qui s’inspire du classicisme de Versailles, le sommaire château moyenâgeux se mue en un grandiose édifice grâce à la présence des meilleurs architectes.

Un édifice qui ne cesse de déchaîner les passions
Traînant la réputation de grippe-sou à la cour de Versailles, au point d’inspirer Molière pour son personnage d’Harpagon dans L’Avare, Jacques-François de Hautefort consacre pourtant toute sa fortune au château familial, mais aussi au village de Hautefort, envers lequel il se montre toujours bon et protecteur. Une attitude assez inhabituelle pour l’époque mais qui va se révéler déterminante dans la sauvegarde du monument. Car, lorsque la Révolution éclate et fait déferler son vent de violence, ce sont bel et bien les villageois de Hautefort qui s’opposent farouchement à la destruction du château. Mais le plus grand bouleversement survient au XIXe siècle lorsque, après 800 ans, le château sort définitivement de la famille des Hautefort. Tombé dans l’oubli, la merveille du Périgord renaît toutefois de ses cendres en 1929, lorsque le baron et la baronne de Bastard deviennent propriétaires des lieux. Profondément attachée à ce somptueux édifice, la baronne, alors veuve, se battra à nouveau après la destruction en 1968 du corps de logis dans un incendie pour restaurer (encore) le château de Hautefort. Émus par sa passion et sa détermination, tous se mobilisent pour l’aider et l’encourager, que ce soit les habitants du village, comme au temps de la Révolution, ou même des personnalités de l’époque telles que Pierre de Lagarde ou André Malraux. Qu’ils soient anonymes ou connus, tous ont participé à la sauvegarde d’un des plus prestigieux monuments du sud-ouest de la France.
Un amour de la nature qui a porté ses fruits
Après tant de péripéties et de rebondissements, c’est désormais le calme qui règne en maître entre les murs du château. Une telle sérénité que l’on ressent instantanément en arpentant l’escalier d’honneur ou la galerie ouverte. Vient ensuite l’émerveillement en entrant dans les appartements richement décorés et meublés, comme si l’on vivait encore du temps de la cour du roi. Une impression tellement réaliste que le château de Hautefort s’est très vite imposé comme un choix logique pour le tournage de films d’époques. Du Capitan (1960) avec Jean Marais jusqu’à La Mort de Louis XIV (2016), présenté en “Séances spéciales” au Festival de Cannes, c’est une dizaine de productions qui y ont été tournées, partiellement ou en totalité. C’est bien simple, il suffit de sortir pour prendre conscience du potentiel cinématographique du lieu, avec des jardins dignes des plus belles œuvres d’art. Véritable écrin de verdure, propice à une promenade inoubliable, ces jardins à la français sont un formidable manifeste de l’art topiaire, soit l’art de sculpter les végétaux. Vient ensuite le parc paysager et le potager bio, car le château de Hautefort est aussi reconnu pour être le premier château éco-labellisé de France. Dans ce formidable lieu d’histoire, l’environnement est sacré et des ateliers, ainsi que des actions, sont proposés tout au long de la saison afin de promouvoir son engagement pour la planète.

Château de Hautefort
Le Bourg d’Hautefort
24390 Hautefort
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Image à la une : Château de Hautefort © Adobe Stock