Terre de patrimoines culturels, la France peut se vanter de posséder une quantité impressionnante de monuments sur son territoire. De la grotte préhistorique aux vestiges de la Belle Époque, en passant par les demeures médiévales et les châteaux de la Renaissance, ces sites font chaque année le bonheur du secteur touristique, mais aussi des visiteurs. Et dire que la liste aurait pu être encore plus impressionnante sans tous ces monuments détruits ou disparus au fil des siècles.
Une forteresse tout droit sortie d’un conte
Un triste sort auquel a pu échapper l’un des châteaux-forts les plus fascinants de France. Un édifice, inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, dont l’histoire nous renvoie à l’époque lointaine des invasions Vikings. Le château de Pirou présente la spectaculaire particularité de reposer sur un ilôt artificiel au centre d’un étang marécageux, au cÅ“ur d’un ancien site Viking car non loin de la mer. À peine sur l’ilôt qu’il faut ensuite franchir cinq portes fortifiées en tournant autour de la douve centrale où se trouvent la boulangerie du XVIIIe siècle, le pressoir, la chapelle, la salle des Plaids et les anciennes écuries. Car ce château fort était avant tout un petit village, où plusieurs dizaines d’habitants occupaient des professions diverses. Au XVIIe siècle, le pont-levis sera remplacé par le pont en pierre qui mène aujourd’hui à l’intérieur du château. Joyau médiéval longtemps oublié, le château est racheté par l’abbé Marcel Lelégard en 1966, qui trouve alors une forteresse qui tombe en ruines, réhabilitée en ferme depuis le départ des derniers seigneurs. Ce prêtre passionné d’histoire entreprend alors avec des bénévoles d’importants travaux de rénovation et de nettoyage, avant de créer, en 1981, la fondation de l’abbaye de la Lucerne et du château de Pirou, qui recueille les dons, legs et subventions afin d’assurer la pérennité du monument. De quoi en faire aujourd’hui l’une des attractions majeures du Coutançais, pour le plus grand plaisir des curieux passionnés d’histoire.Â
Une étrange légende de seigneurs… et d’oiesÂ
Sont notamment à explorer, en plus des parties forteresse, la salle des gardes, la salle à manger, la cuisine ou la chapelle, rénovée dans un style XVIIe siècle. Mais l’un des points forts de la visite est sans doute la tapisserie de Pirou, exposée sur trois murs et en vitrine dans la salle des plaids. Tout comme la célèbre tapisserie de Bayeux, cet homologue raconte la conquête normande de l’Italie du Sud et de la Sicile par les Tancrèdes de Hauteville sur près de 58 m de broderie. Mais que l’on ne s’y trompe pas : cette tapisserie ne date pas du Moyen Âge car réalisée… de 1976 à 1992 par Thérèse Ozenne, à raison de 3 heures quotidiennes à la lumière du jour et 1,5 cm par heure. Le château de Pirou est également connu pour être le théâtre d’une étonnante légende, sans doute la plus ancienne du Cotentin. Assiégés par les Normands, le seigneur de Pirou et sa famille demandèrent de l’aide à l’enchanteur du village. Ce dernier les métamorphosa alors en oies, pour échapper aux assaillants. Mais, un an plus tard, lorsque les oies revinrent au château pour lire à l’envers la formule magique et reprendre forme humaine, le grimoire avait brûlé avec le château, incendié par les Normands. Derrière cette histoire s’expliquerait ainsi la migration annuelle des oies sauvages en mars dans le Cotentin. Qui sait, le parc des oies situé à quelques mètres du château abrite peut-être des descendants de ce fameux seigneur de Pirou…
Un trésor du Cotentin prochainement enrichi
Et quand ce ne sont pas des légendes ayant pour héros des animaux, ce sont les fantômes qui prennent possession des lieux. Ou du moins, c’est ce que l’on croit… Après avoir été détruit pendant la Guerre de Cent Ans et abandonné après la Révolution française, le château est, au XIXe siècle, le repaire de contrebandiers de tabac qui, pour ne pas être dérangés, faisaient courir le bruit que le lieu était hanté. Fort heureusement, le château n’a rien d’effrayant et fait aujourd’hui le plus grand bonheur des visiteurs. Toujours aussi attractif, le château de Pirou ne sera bientôt l’hôte d’une seule tapisserie, mais de deux. Le site sera prochainement enrichi de la tapisserie d’Henri 1er Beauclerc, une broderie de 33 m reçue en donation d’une association de Villedieu. Celle-ci raconte l’histoire des trois fils de Guillaume le Conquérant, et plus particulièrement du plus jeune d’entre eux, Henri de Beauclerc, futur Henri 1er d’Angleterre. En attendant, le château de Pirou organise tout au long de l’année moult activités immersives sur le thème du médiéval ou des Vikings, qui font à chaque fois le bonheur des petits (et des grands).
Château de Pirou
50770 Pirou
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Image à la une : Château de Pirou © Patrimoine Normand