À 1H30 de Paris, ce château fut le palais doré d’une princesse en exil et le personnage principal célèbre roman

Situé au cœur de la Bourgogne-Franche-Comté, à 40 minutes de la ville d’Auxerre, le village de Saint-Fargeau s’est imposé au fil du temps comme un lieu incontournable pour un séjour dans l’Yonne. Il faut dire que, en plus de ses ruelles authentiques, ses maisons à pans de bois parfaitement conservées, ses traditions locales, ses nombreuses activités à découvrir, sa nature ou ses paysages, Saint-Fargeau est très apprécié pour son château, formidable recueil de plusieurs siècles d’Histoire de France.

Une princesse condamnée mais pleine d’ambition

L’origine de ce château niché au cœur de la Bourgogne remonte en effet au Xe siècle, lorsque le domaine était initialement un rendez-vous de chasse fortifié construit en 980 par Héribert, évêque d’Auxerre, qui fut surtout le frère d’Hugues Capet. Par la suite, différents propriétaires se succèdent et y laissent leur empreinte comme le célèbre argentier Jacques Coeur ou la Grande Mademoiselle, cousine germaine du roi Louis XIV. Également duchesse de Montpensier, cette ombrageuse princesse du sang prit le parti de la Fronde, période de troubles graves qui frappent le royaume de France pendant la minorité du futur Roi-Soleil. En 1652, les frondeurs sont vaincus et le roi décide d’exiler sa cousine à Saint-Fargeau avec ses deux maréchales de camp Gilonne d’Harcourt, comtesse de Fiesque, et Anne de La Grange-Trianon, comtesse de Frontenac. Bien qu’exilée, la princesse profite de son séjour pour engager des travaux d’embellissement, faisant notamment appel à l’architecte du roi, François Le Vau, pour refaire les quatre façades intérieures du château. Les plus attentifs pourront d’ailleurs distinguer par endroits le monogramme de la princesse (AMLO pour Anne-Marie Louise d’Orléans), en majorité détruit lors de la Révolution. Le domaine change ensuite de mains, passant notamment par celles de Michel-Robert Le Peletier des Forts, successivement conseiller au Parlement de Paris, intendant des Finances, ministre d’État et membre de l’Académie des Sciences, à qui l’on doit la construction du pavillon dit “des Forts”.

Un monument sublimé par un grand nom de l’Académie Française

La prison dorée de la princesse d’Orléans est donc devenue un charmant château de briques roses, avec ces élégantes tours d’angle couronnées de campaniles. Cinq d’entre elles sont surmontées de lanternons qui rappellent celles du château de Chambord. Tandis que l’entrée, dotée d’un pont levis et elle-même flanquée de deux de ces tours, a de quoi impressionner, l’émerveillement vient également en découvrant l’intérieur de ce domaine bourguignon. Pièce majeure, le grand salon a lui conservé les portraits d’Anne-Marie-Louise d’Orléans et de Louis XIV attribués à Rigaud, ainsi que les rideaux et cantonnières du xixe siècle ornés des animaux héraldiques des anciens propriétaires. Plus loin, la chapelle du château abrite quant à elle les sépultures en marbre noir de la famille Le Peletier. Initialement enseveli au Panthéon après des obsèques solennelles, le corps du conventionnel Louis-Michel Le Peletier de Saint-Fargeau fut transféré dans la chapelle du château où il se trouve encore. Un lieu qui regorge là aussi de détails, à commencer par la devise “Au plaisir de Dieu”, au-dessus de sa porte. Une expression immortalisée par le roman du même nom de Jean d’Ormesson… qui passa une partie de son enfance dans ce château. Membre de la famille Lefèvre d’Ormesson, une des familles subsistantes de la noblesse française, le célèbre académicien disparu en 2017 descendait par sa mère de la famille Lepeletier de Saint-Fargeau. Cette enfance dans le château de l’Yonne, Jean d’Ormesson la partagera plus tard dans son roman Au Plaisir de Dieu (1974), qui décrit à travers la vie d’une famille de la noblesse l’évolution des mentalités et valeurs tout au long du XXe siècle.

Un spectacle digne des plus grandes productions pour plonger les spectateurs dans l’Histoire

Propriété de Michel Guyot depuis plus de 40 ans, le château de Saint-Fargeau est aujourd’hui un haut-lieu touristique de l’Yonne, où l’on prend un agréable plaisir à visiter ses appartements, sa chapelle, sa salle des gardes, son grenier aux jouets, ses charpentes ou encore son parc à l’anglaise de 120 hectares. Autre étape incontournable de la visite : la ferme pédagogique du château. Un espace qui respire la vie d’antan, où l’on peut rencontrer des animaux de la ferme en liberté tels que des biquettes, veaux, poules, cochons, canards ou oies. De plus, de nombreuses animations sont proposées et les plus curieux peuvent ainsi s’essayer au pansage, à la balade à poney, aux soins des animaux ou encore tétée des nouveaux nés. Pour ceux qui recherchent une expérience encore plus “immersive”, la ferme propose également de loger dans des cabanes authentiques, des roulottes et plusieurs gîtes adaptés aux familles. Non content d’être l’un des seuls châteaux de l’Yonne à être accessible de nuit, le château de Saint-Fargeau doit aussi son succès à son spectacle historique, digne des plus grandes productions. Dans le cadre exceptionnel du parc, ce sont tout simplement 1000 ans d’histoire qui défilent sous les yeux des spectacteurs tout l’été les vendredis et samedis soirs, avec au programme 600 acteurs bénévoles, 50 cavaliers, jeux de son et de lumière, mise en scène ou encore participation des animaux. L’occasion idéale de conclure en beauté la découverte de ce géant de briques roses à 1h30 de Paris !

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Image à la une : Château de Saint-Fargeau © www.all-free-photos.com