Avec ses 3 kilomètres de remparts et ses 52 tours, la ville haute de Carcassonne n’est pas seulement une ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, mais surtout la plus grande cité fortifiée d’Europe. Rien de surprenant à ce que cette célèbre et impressionnante cité médiévale, admirablement restaurée au XIXe siècle, soit l’une des destinations les plus visitées de France. Les amoureux du patrimoines, des vieilles pierres et des fortifications médiévales ont en effet de quoi se régaler, entre les portes, les tours, le château comtal ou la basilique Saint-Nazaire. Et si l’on admire la réelle Carcassonne, comment pourrait-on dire non à la “petite Carcassonne du Gers” ?
Voyage garanti au Moyen Âge
Située entre Mont-de-Marsan et Agen, une plongée dans l’histoire de la Gascogne s’offre aux curieux grâce à la découverte d’un des plus beaux villages fortifiés de France : Larressingle. Unique dans le département, le village peut également se vanter d’être classé dans les Grands Sites Occitanie et dans les Plus beaux villages de France. Une reconnaissance qui se confirme avec l’accueil chaque année de plus de 150 000 visiteurs, venus admirer ses remparts longs de 270 mètres, mais aussi son donjon, son château, ses maisons médiévales ou encore son église romane qui sert de tremplin immédiat jusqu’au XIIIe siècle, en plein Moyen Âge. En 2017, ce sont même un peu plus de 187 000 curieux qui sont venus découvrir les charmes de Larressingle. Il faut dire que l’arrivée à Larressingle constitue d’emblée un véritable dépaysement. Nichée au milieu des vignes, cette ancienne résidence des évêques de Condom, dont subsiste le château-donjon du XIIIe siècle, demeure un formidable témoignage de l’architecture médiévale. En forme de trapèze, cet édifice occupe une certaine place au cœur du village. Parmi les résidences secondaires des Abbés de Condom, le château a connu plusieurs périodes de construction, à partir du XIIIe siècle et jusqu’au XVIe siècle, et étonne surtout par son manque de toiture, celle-ci ayant vraisemblablement été ôtée pour habiller le château de Cassaigne. Entouré de remparts et de fossés, cet adorable village recèle nombre de témoignages de son passé.
Des abbés à l’origine de l’une des cités fortifiées les plus puissantes du royaume
Mais avant le Moyen Âge, c’est également l’esprit gallo-romain qui vit encore à Larressingle, à commencer par le nom de la cité. D’après la légende, le nom proviendrait en effet de l’époque gallo-romaine, et d’un événement en particulier. Ayant résisté au siège de l’armée romaine, un lieutenant de César nommé Crassus aurait alors crié à ses soldats “Retro singuli” pour battre en retraite. Un terme que l’on peut traduire par “en arrière un par un”. Une autre étymologie venant également du latin est “Cingulum”, qui signifie ceinture, et qui renvoie ici à l’enceinte du village avec ses remparts. Avec le rajout de la syllabe “re”, le tout symbolise le renouveau avec la reconstruction et donne Larressingle. Mais c’est au au début du XIe siècle que Larressingle entre pleinement dans l’Histoire. L’abbé Hugues de Gascogne, fondateur de l’abbaye de Condom, descendant des Ducs de Gascogne, fait don à son successeur de ses terres de Larressingle et de l’église Saint-Sigismond. C’est ainsi que les abbés puis les évêques de Condom deviennent les seigneurs des lieux. Contre d’éventuelles attaques, les abbés souhaitent un lieu sûr et font creuser un fossé large de 10 mètres pour élever des remparts percés de 17 meurtrières. Garnie de tours, l’enceinte n’a pas de point faible et, avec près de 250 personnes vivant à l’intérieur, la cité peut se défendre elle-même. De fait, le village ne sera pas attaqué avant 1589, date à laquelle les huguenots s’en emparent. Quand viennent enfin des temps de paix, au XVIIe siècle, les fortifications ne sont plus utiles et les évêques abandonnent Larressingle pour un château plus moderne situé à Cassaigne. Le village se vide petit à petit de ses habitants et tombe dans l’oubli durant les siècles suivants.
Un formidable vestige médiéval sauvé par… les États-Unis
Le déclin de Larressingle est total, à tel point qu’au début du XXe siècle… seules 3 maisons sont encore occupées. Voué à disparaître, c’est grâce à une balade à vélo que la cité jadis imprenable va être sauvée. Duc de Trévise, descendant du maréchal d’Empire, critique d’art et fondateur de La Sauvegarde de l’Art français, qui cherche des monuments français à “sauver”, Édouard Mortier découvre par hasard Larressingle en piteux état et décide alors de sauver la cité. Grâce à des mécènes, venant notamment des États-Unis, le village est restauré dans son intégralité. Une manœuvre qui permet de profiter encore aujourd’hui de cet incroyable vestige du Moyen Âge. En arpentant ses ruelles, on peut par exemple découvrir l’église Saint-Sigismond… qui abrite une curieuse statue. Saint-Sigismond est le saint d’origine de Larressingle qui remonte aux origines du village. Lors des derniers travaux réalisés fin XIXème, début XXème, le curé de Larressingle commande une statue représentant Saint-Sigismond à une fabrique de Toulouse. Problème, les sculpteurs prennent pour modèle… une statue de Vercingétorix. La fabrique toulousaine livre ainsi à l’église de Larressingle une réduction du Vercingétorix d’Aimé Millet, rebaptisée Saint-Sigismond : un gaulois moustachu à l’allure guerrière, tel est le spectacle qui en étonne plus d’un dans l’église de Larressingle.
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Image à la une : Larressingle © Adobe Stock