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Dispersés un peu partout en France, avec une certaine concentration dans le sud, les villages perchés font le bonheur des photographes amateurs ou experts. Des habitations et des monuments entre terre et ciel, au sein d’une nature florissante… on pourrait presque croire à un miracle ou une hallucination. Mais derrière ces villages photogéniques se cachent des prouesses architecturales et des raisons militaires. Beaucoup ont en effet été bâtis du temps des Romains, comme pour mieux contrôler les passages ou les éventuelles invasions. Un devoir que l’on imagine tout à fait appliqué à ce charmant village du Lubéron, riche d’authenticité…
Un village antique marqué par la religion
L’histoire de Lauris commence au temps de la Préhistoire et se poursuit à chaque époque majeure de l’histoire de l’humanité. Privilégié par sa position au nord de la Durance conduisant vers les Alpes, l’emplacement du village était un itinéraire préhistorique, comme en témoignent les stèles exposées au château de Lourmarin, qui témoignent de la présence de l’homme à l’Âge du Cuivre (entre le Néolithique et l’Âge du bronze). À l’époque romaine, Lauris passe, comme les villages alentours, sous pavillon romain, avant que les évêques puis les comtes de Provence prennent possession du territoire. L’abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon y érigea plusieurs établissements, notamment le prieuré Saint-Jean, l’église paroissiale détruite en 1486, ou encore l’église Saint-Martin, devenue la chapelle Saint-Roch. Fondée au XVIe siècle, elle est dédiée à Saint Roch, le saint patron des pestiférés et des malades, puisqu’elle fut construite par les habitants du village pour commémorer la fin de l’épidémie de peste. Elle se démarque par son style gothique flamboyant, mais aussi par sa collection de reliques de saints et de martyrs, ainsi que des objets sacrés et des icônes vénérés pour leur capacité à guérir les maladies et à protéger les fidèles contre les épidémies. Dans un village fortement marqué par la religion, difficile de ne pas s’attarder également sur l’église Notre-Dame de la Purification, reconnaissable par sa façade où trône une statue haute de 2m de la Vierge à l’Enfant, taillée dans le calcaire. Un édifice classé au titre des monuments historiques et également apprécié pour sa série de tableaux, dont Marie apprenant à lire à l’Enfant Jésus, signé Jean Christol, ou le Christ en agonie à Gethsémani.
Vue imprenable et déferlement de senteurs
Avec sa vue panoramique sur la vallée de la Durance et les Alpilles, Lauris est assurément un joyau du Lubéron, qui séduit par ses charmantes petites ruelles pavées, ses maisons en pierre séculaires et son château du XVIIIe siècle qui surplombe majestueusement le paysage. Initialement donjon au XIe siècle, l’édifice fut agrandi par les différents seigneurs de Lauris au cours des siècles, avant d’être démoli en 1730 puis maintes fois remanié. Si le caractère historique n’est plus aussi perceptible du fait de ces nombreux remaniements, cet imposant bâtiment abrite aujourd’hui la maison de retraite et d’accueil des missions étrangères, tandis que des galeries d’artistes sont à découvrir au pied du château. Niché dans la garrigue entre plaine et montagne, le site est à arpenter absolument, ne serait-ce que pour exhaler les senteurs de la Provence typique, qu’il s’agisse du thym, de la lavande et du romarin. Sources perpétuelles d’émerveillement, les terrasses du château de Lauris descendent en cascade le long de la colline, offrant une vue imprenable sur le village et la campagne environnante. Plus loin, le jardin conservatoire des plantes tinctoriales régale tout autant, avec ses plantes odorantes et colorées. Un espace unique en Europe, riche de 250 espèces originaires du monde entier, qui rappelle que, dès le XVIe siècle, Lauris fut un centre de production très actif de couleurs naturelles pour la teinture. Particulièrement, l’écarlate et le cramoisi tirés des cochenilles qui pullulaient autrefois sur les chênes kermes du Luberon ainsi que le rouge garance obtenu à partir d’une certaine plante, la garance des teinturiers. Aujourd’hui, ce jardin est l’occasion de découvrir les techniques et les plantes à l’origine de ces procédés de teinture.
Une échappée revigorante en pleine nature
Après avoir pris de la hauteur, il fait toujours bon redescendre vers le vieux village, où se cachent quelques discrets trésors comme le clocher à campanile délicatement sculpté au sommet de l’église ou l’ancien lavoir public, inscrit au patrimoine des monuments historiques et témoin de l’histoire locale, à la fois intime et sociale, qui évoque la vie quotidienne d’autrefois à Lauris. Parmi les autres curiosités à découvrir, citons la statue de Joseph Garnier, érigée en 1891 pour le remercier pour son leg d’une partie de sa fortune qui servit à réaliser de nombreux projets, l’ancien moulin à huile qui marque l’entrée du vieux village ou encore la fontaine du canard, qui est en réalité un cygne, ouvrage emblématique de Lauris. Fortement marqué par son passé, le village n’en reste pas moins vivant de nombreux événements, comme la foire annuelle de fleurs, qui a lieu en avril. Un rendez-vous apprécié des amoureux de la flore et du jardinage, où l’on peut découvrir une panoplie de stands offrant fleurs, graines, plantes et outils de jardinage de qualité, le tour sur conseils de professionnels et passionnés de jardinage. Et puisque la nature est un sujet sacré à Lauris, un séjour dans le village ou ses environs peut aussi être l’occasion de se rafraîchir aux abords de la Durance, cette rivière sillonnant majestueusement le paysage du Luberon. Destination prisée pour les aventuriers désireux de se rafraîchir à travers des balades en canoë, elle offre aussi un regard intimiste sur les richesses naturelles de la région, puisqu’il s’agit d’un véritable refuge pour de nombreux oiseaux de rivage, de la mouette rieuse aux cormorans, en passant par les hérons cendrés ou les grandes aigrettes.
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Image à la une : Lauris © Filmatik-Production-OT-LCDP
