Sorti en 1973, le film Quelques messieurs trop tranquilles, réalisé par Georges Lautner, nous plonge dans le charmant village de Loubressac, dans le Lot, qui vit bien paisiblement en attendant de voir débarquer des touristes. Cinquante ans plus tard, la question ne se pose plus pour cette commune de 500 habitants désormais labellisée “Plus Beau Village de France”. Car entre les maisons médiévales, un emplacement au sommet et des monuments riches de plusieurs siècles, c’est peu dire que l’appellation est amplement méritée…
Un panorama qui impressionne depuis des siècles
Construit dès le XIIIe siècle, cet ancien castrum devient d’abord le siège d’une seigneurie des barons de Castelnau-Gramat, avant d’être occupé par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans. Il faudra attendre 1352 pour que le vicomte de Turenne, Guillaume Roger de Beaufort, libère le village de cette occupation. Loubressac dépendra d’ailleurs de la Vicomté de Turenne jusqu’en 1738, avant de retourner sous la tutelle du Baron de Castelnau, pour finalement devenir une commune lors de la Révolution. Autant de seigneurs qui, avec Loubressac, pouvaient compter sur un poste stratégique d’importance. Du haut de son promontoire rocheux, le village du Lot offre un panorama exceptionnel sur trois vallées : la Dordogne, la Cère et la Bave. On peut également y admirer les châteaux de Castelnau-Bretenoux et de Montal, ainsi que les Tours de Saint-Laurent. Une vue exceptionnelle qui fera dire à Savinien d’Alquié, en 1670 dans son ouvrage Les délices de la France, que “si Montal est capable de loger un roi, Loubressac possède l’une des plus belles vues du royaume”. Un formidable atout pour cette commune labellisée “Plus Beaux Villages de France”, qui peut également compter sur son patrimoine médiéval parfaitement intact et que l’on ressent d’emblée.
Un concentré de monuments historiques à découvrir
En déambulant dans les ruelles du village, on ne peut que s’émerveiller devant les maisons médiévales aux murés dorés et aux toitures en tuile tandis que, plus loin, l’église Saint-Jean-Baptiste impressionne avec son imposant clocher-tour desservi par une tour d’escalier en vis et son portail sculpté, en partie martelé par les protestants qui occupèrent Loubressac au XVIe siècle. Inscrit au titre des monuments historiques, l’édifice vaut également le détour pour son tympan représentant un Christ en Majesté et la Crucifixion, entre deux médaillons. On peut également voir deux lions sculptés dans la partie inférieure du tympan qui, selon la tradition, proviendraient de l’ancienne église Saint-Pierre. Mais le monument qui reflète au mieux l’esprit médiéval de Loubressac est assurément le château, construit au XIVe siècle pour devenir la résidence des Barons de Loubressac. Comme en témoignent les différents styles, allant du Moyen Age au XVIIIè siècle, chaque grande famille a apporté sa patte à la réalisation de cet impressionnant témoin du passé. Transformé en manoir à la fin du XIXème siècle, il connaît ensuite plusieurs ventes et rachats, dont l’acquisition en 1909 par Henri Lavedan, membre de l’Académie Française, et demeure actuellement une propriété privée non accessible au public.
L’autre “port d’attache” de Robert Doisneau
Un décor qui en a émerveillé plus d’un depuis longtemps, à commencer par l’un des plus grands photographes du XXe siècle. Lors d’une descente en canoë, Robert Doisneau est ébloui par “la lumière la plus belle du monde”. Ce sera alors l’objet du premier reportage photo de sa carrière professionnelle en 1939. À partir des années 50, l’auteur du célèbre cliché “Le baiser de l’Hôtel de Ville” passe toutes ses vacances dans le Lot, et plus particulièrement à Loubressac, jusqu’à son décès en 1994. Très attaché au Périgord, qu’il considérait comme son autre “port d’attache”, il y consacra d’ailleurs un reportage photo dont certains clichés peuvent être admirés aujourd’hui dans la récente gare Robert Doisneau en Pays de Fénelon, tout près de la ville de Sarlat. Sinon, il est toujours possible de capter la lumière aussi bien que Doisneau en arpentant le parcours “Balade en famille”, long d’1km qui emmène à l’assaut des différents points vue permettant d’admirer la vallée de la Dordogne et celle de la Bave. Pour les plus sportifs, le circuit “Nos Plus Beaux Villages” de 8,7 km est une véritable odyssée, sur le rebord du causse de Gramat, au pied des falaises calcaires profondément entaillées par le ruisseau du Toire qui surgit en cascade à une hauteur de 30m ou sur les traces du château des Anglais, aujourd’hui en ruine mais dont la puissance majestueuse est facile à ressentir. Sur ce chemin riche en paysages, deux des “Plus Beaux Villages de France” du Lot, à savoir Loubressac et Autoire, seront des étapes bienvenues pour en prendre plein la vue.
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Image à la une : Loubressac © Adobe Stock