Du Moyen Âge jusqu’aux heures sombres de la Seconde Guerre mondiale, la Normandie mérite amplement ce surnom de “terre d’histoire”, tant les événements historiques et les illustres personnages passés par là sont légion. Des siècles d’histoire que l’on ressent encore aujourd’hui dans plusieurs communes de la région, à travers des monuments, des traditions ou des paysages. Comme dans cette commune de 2000 habitants reconnue comme l’une des plus illustres stations balnéaires de la Côte de Nacre…
Lieu de villégiature et de soins pour les Parisiens de la haute société
Jusqu’en 1851, Saint-Aubin-sur-Mer n’est qu’un simple hameau de pêcheurs qui fait alors partie de la commune de Langrune. L’émancipation vient alors grâce au développement de l’activité des bains de mer, facilité par l’ouverture de la gare de Saint-Aubin-sur-Mer sur la ligne de Caen à la mer à la fin du XIXe siècle. Les vertus médicinales de l’eau de mer et son air vivifiant valent alors à la commune du Calvados, et encore aujourd’hui, la charmante appellation de “La Reine de l’Iode”. Un aspect majeur de l’histoire de Saint-Aubin, dont on peut encore admirer quelques vestiges, comme ces poteaux en bois situés sur la plage. Reliés par de grosses cordes, ceux-ci permettaient aux baigneurs de profiter des bienfaits de l’eau et de ces “bains de mer à la corde” en toute sécurité. Cette forte activité balnéaire conduit ainsi à une certaine explosion démographique, l’ancien hameau accueillant désormais plus de monde désireux de profiter de ces bienfaits. Parmi les visiteurs, quelques noms bien connus comme Émile Zola, qui y séjourne pour la santé de sa femme Alexandrine et profite de l’occasion pour terminer Son Excellence Eugène Rougon et commencer L’Assommoir, le roman qui allait asseoir sa notoriété, ou encore Louis Pasteur, qui séjourna plusieurs années dans la station balnéaire. Une popularité qui explique également l’apparition progressive de villas Belle Époque, comme la Loggia, somptueuse demeure imaginée dans le style Art Nouveau et située le long de la digue. Celle-ci accueillait villégiateurs et curistes de la haute société parisienne désireux de fuir l’agitation de la capitale.
Un chapitre majeur dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale
Saint-Aubin-sur-Mer est également connue pour être localisée à l’extrémité orientale du secteur Nan de Juno Beach, l’un des sites de débarquement du Jour J (6 juin 1944). Sur les 135 000 Alliés qui débarquent ou sont parachutés en Normandie, 14 000 d’entre eux sont Canadiens. Environ 100 soldats allemands, alors en garnison en ville, opposèrent une lourde résistance sur la plage et dans la ville pendant que les Canadiens attaquaient vers l’intérieur des terres. Des civils périrent également ce jour-là dans les combats, leur mémoire est honorée avec celle des soldats canadiens et britanniques sur un monument situé près de la plage. Troisième pays pourvoyeur de troupes, le Canada et ses soldats sont continuellement honorés à Saint-Aubin-sur-Mer. Tout d’abord grâce à la Route du Souvenir qui, à travers les sites mémoriaux qu’elle rejoint, rend hommage aux 500 000 soldats canadiens qui se sont battus pour rendre la liberté au peuple français à deux reprises durant le XXe siècle, des tranchées de la Première Guerre mondiale au Débarquement du 6 juin 1944 en passant par le Raid de Dieppe. Par ailleurs, en complément des cérémonies commémoratives traditionnelles, deux événements phares rendent hommage aux libérateurs : le D-DAY Festival Normandy et la Semaine Acadienne. Enfin, pour prolonger un peu plus l’expérience immanquable des plages du Débarquement, Saint-Aubin-sur-Mer est aussi un point de départ qu’une étape pour revivre le déroulement de l’opération Overlord sur les plages de Juno, Gold, Sword, Omaha ou encore Utah.
Une terre d’histoire qu’il fait bon arpenter
Outre les monuments aux morts de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, plusieurs lieux méritent l’attention lors de la virée à Saint-Aubin-sur-Mer. Après avoir admiré quelques villas qui, bien qu’ayant subsisté dans leur état d’origine, sont finalement peu nombreuses suite au Débarquement, et arpenté quelques ruelles commerçantes, on aperçoit l’église Saint-Aubin, majestueux ouvrage du XIXe siècle. Plus loin, les passages et venelles, typiques de la région, viennent contraster avec les imposantes villas de la digue. L’étroitesse de certains passages permettait à l’époque au vent de s’y engouffrer et de sécher les filets de pêche accrochés aux longs murs de pierre. Une manière de rappeler que l’histoire de Saint-Aubin est définitivement liée à la riche nature qui l’entoure. D’ailleurs, impossible de quitter la commune sans un arrêt à l’un des sites les plus photogéniques des environs : la falaise du Cap Romain. Au cœur d’une réserve naturelle classée depuis 1984, cette falaise de 8m de haut offre un foisonnement de fossiles d’un grand intérêt géologique et une vue spectaculaire. C’est notamment ici que fut découverte la statue de la Déesse-mère de Saint-Aubin-sur-Mer, lors du percement du Mur de l’Atlantique en 1943. Cette statue aujourd’hui exposée au Musée de Normandie à Caen est la preuve que le site du Cap Romain a été occupé depuis le Mésolithique jusqu’au haut Moyen Âge, et a notamment connu un temple gaulois, une villa gallo-romaine et une nécropole mérovingienne. Quand on vous dit qu’il s’agit d’une véritable “terre d’histoire”…
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Image à la une : Saint-Aubin-sur-Mer © iStock