Cette cité fortifiée possède l’un des plus beaux paysages de France selon un célèbre académicien

Par Alexandre M

D’un riche passé militaire sont nés d’imposants monuments, à la fois impressionnants par leur architecture défensive mais également trésors de petites histoires et légendes. De véritables archives du passé qui ont su résister aux siècles et font encore aujourd’hui la fierté du village qui les accueille. Terre de nombreux conflits au Moyen Âge, le Sud-Ouest de la France regorge de villages au passé guerrier et défensif, comme ce joyau du Béarn qui cultive un certain art de vivre en même temps que l’importance de l’Histoire : Sauveterre-de-Béarn.

Une “Sauveté Castrale” d’importance pendant plusieurs siècles

Le nom même de Sauveterre renvoie aux sauvetés, fondées en nombre en Aquitaine au XIè siècle dans un climat de croissance et de violences féodales. Il s’agit de villages d’Église placés sous la protection de la croix pour jouir de la Paix de Dieu. Toutefois, Sauveterre sort de ce modèle puisque fondée par une autorité laïque, représentée par le vicomte de Béarn Centule V (1054-1090), dans un contexte guerrier. Il faut dire que, grâce à son emplacement sur un éperon rocheux, Sauveterre de Béarn était autrefois un lieu idéal pour surveiller Navarre, Gascogne et Soule, toutes voisines. Dès son origine, la cité de Sauveterre est toutefois un lieu de refuge, accueillant et protégeant la population en la plaçant sous la sauvegarde directe du vicomte. Véritable “Sauveté Castrale” située aux portes du Béarn, la cité impressionne par ses remparts et sites défensifs : pont, Tour Monréal, église, arsenal… S’en prendre à Sauveterre-de-Béarn relève presque de la folie tant la cité est bien protégée, et cela dure jusqu’au XVIe siècle, lorsque les attaques des Espagnols et les guerres de religion ont raison de la cité. Malgré ses impressionnants remparts, c’est ainsi que prend fin le rôle stratégique de Sauveterre aux portes du Béarn. Les troubles liés à la Révolution française laisseront aussi des traces de dévastation sur les édifices de Sauveterre, les fors de Béarn étant abolis et les habitants de Sauveterre, comme tous les béarnais, contraints d’abandonner le gascon. Il faudra attendre la deuxième moitié du XXe siècle et l’essor du tourisme en Aquitaine pour que Sauveterre-de-Béarn soit à nouveau reconnu à sa juste valeur, gagnant au passage le surnom envié de “Perle du Béarn”.

Un patrimoine médiéval riche en histoires

Le passé sous l’autorité du vicomte étant désormais bien loin, on apprécie aujourd’hui Sauveterre-de-Béarn pour les balades apaisantes qu’elle propose, au fil des ruelles en prenant pour point de départ la place centrale. L’occasion de profiter de la très belle vue vers les contreforts pyrénéens, puis de découvrir l’imposante église Saint-André, datant de la fin du 12ème. Classée aux monuments historiques, son architecture est un mélange de style roman et de style gothique, reflet de l’époque de transition, entre les XIIe et XIIIe siècle, à laquelle elle a été bâtie. Plus loin, on se délecte de la sublime vue plongeante sur le Pont de la Légende, construit au XIIIe siècle, ancienne porte d’entrée de la cité médiévale. Un site qui est le théâtre d’une très ancienne légende : celle de la Reine Sancie, accusée d’infanticide, condamnée à être jetée de ce pont devant une foule réunie. Elle fit miraculeusement surface et le courant la posa délicatement sur la rive de l’île de la Glère. Vivante, elle fut alors innocentée. Visiter Sauveterre, c’est aussi faire un détour obligatoire par la Tour Monréal, imposante avec ses 5 niveaux. Devenu musée depuis 2016, cet édifice du XIIe siècle propose une muséographie ludique au travers d’une magnifique reconstitution de la cité du XIIIe au XVIe siècle.

La tour Monréal et l’église Saint-André dominent la commune © Pauline Labadie

Un art de vivre aussi bien préservé que les monuments

Un ancien dicton béarnais faisant allusion à la qualité du lieu et l’amabilité de ses habitants dit : “À Saubatèrre, boune tèrre, boune gént” (À Sauveterre, bonne terre, bonnes gens). Plusieurs raisons peuvent expliquer ce dicton, qu’il s’agisse du climat agréable de la cité ou de son impressionnant patrimoine architectural et historique. Mais si Sauveterre est aussi apprécié, c’est aussi parce que la cité fait pleinement honneur à cette tradition du bien-vivre et du bien-manger du Sud-Ouest de la France. Chaque année, durant tout l’été, de belles Blondes d’Aquitaine viennent animer les murs du centre-ville, à l’occasion de la Foire de la Blonde d’Aquitaine. Exposition d’art vache, concours de borit (pot au feu), exposition de bétail ou encore repas et souper de la Blonde…. Cette race menacée de disparition est la vedette de la “Perle du Béarn”. Ce même village où l’on se régale de paysages pittoresques et apaisants, dans une campagne attractive où il fait bon pêcher le saumon et divers poissons migrateurs et s’adonner aux plaisirs de la randonnée et des sports d’eau vive. Si la cité a certes perdu de son attrait commercial, mais n’en demeure pas moins une étape à ne pas manquer, ne serait-ce que parce qu’il s’agit d’une halte sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. La cité est également le départ sur la voie de Vézelay de l’itinéraire vers Ostabat-Asme, au Pays basque, soit une longue traversée de plus de 25 km sur le GR 654, émaillée de panoramas et de paysages vallonnés, riches en découvertes historiques comme la chapelle Zoyarza ou l’église d’Harambeltz. “Voici l’un des plus beaux paysages de France. Les œuvres de l’homme y respirent la force et la noblesse parmi de splendides présents de la nature.” disait d’ailleurs Léon Bérard, académicien et maire dans les années 30, à propos de la cité.