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La grande maison des Gobelins

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Par sarah

Si votre chemin croise un jour la rue des Gobelins lors d’une promenade dans le 13ème arrondissement, il vous faut aller jeter un œil au n°3 bis qui n’était autre que “la grande maison des Gobelins”… considérée comme la “vraie” maison familiale des Gobelins, célèbre famille de teinturiers protestants rhémois durant le 15ème, 16ème et 17ème siècles. Sachez qu’à cette époque, cette demeure était loin d’être la seule propriété des Gobelins, qui se sont considérablement enrichis au fil des siècles et des générations jusqu’à faire partie de la noblesse. A l’origine de ce grand empire familial, on trouve Jean Gobelin, teinturier de laine réputé pour avoir découvert une espèce particulière de colorant d’écarlate, qui s’établit sur les bords de la Bièvre.

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3-5 rue des Gobelins. Hôtel Mascarini. Façade, porte sur la première cour. Paris (XIIIème arr.). Photographie de Charles Lansiaux (1855-1939). Plaque de verre, 22 juillet 1921. Département Histoire de l’Architecture et Archéologie de Paris. © Charles Lansiaux / DHAAP / Roger-Viollet

Entre 1550 et 1650, les bâtiments de maître de la manufacture de teinture en écarlate sont installés sur les deux cours du fameux n°3 bis de la rue des Gobelins. Durant cette période, la grande maison des Gobelins accueillera de nombreux Huguenots (Français protestants pendant les guerres de Religion) venus y trouver refuge. Cette protection attira les foudres des catholiques fanatisés qui tentèrent d’attaquer la grande maison – attaque qui sera cependant déjouée par la troupe royale qui empêcha le pillage des magasins.

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3-5 rue des Gobelins. Hôtel Mascarini. Galerie, deuxième cour, façade. Paris (XIIIème arr.). Photographie de Charles Lansiaux (1855-1939). Plaque de verre, 22 juillet 1921. Département Histoire de l’Architecture et Archéologie de Paris. © Charles Lansiaux / DHAAP / Roger-Viollet

Dès 1686, la grande maison change de propriétaire : c’est le hollandais Jean-Baptiste Glucq, mari de la sœur du teinturier François Julienne dont il fit l’associé, qui acquiert et modernise cette propriété pour s’y établir. Venu importer en France les procédés de teinture écarlate “à la mode hollandaise”, il obtient des privilèges royaux pour la fabrication de draps et leur teinture. Il confie par la suite la direction de la manufacture à son neveu Jean de Julienne qui installe, dans la maison patrimoniale, ses collections d’œuvres d’art, dont les tableaux de son ami, le peintre Watteau.

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© Paris ZigZag

A l’entrée du 3 bis, un panneau indique ce lointain héritage, mais un digicode ferme malheureusement l’entrée à la cour d’honneur de la grande maison. Par chance, votre chemin croisera peut-être un riverain qui acceptera de vous ouvrir la grille. A l’intérieur, on peut admirer l’ancien Hôtel Mascarini, autrefois lieu de résidence de la famille des Gobelins, dont le perron est orné d’un joli mascaron (tête sculptée au dessus d’une porte).

Au fond de la deuxième cour, se cache une ancienne orangerie de près de vingt mètres de long, restaurée depuis avec goût par les nouveaux propriétaires et reconnaissable par un magnifique alignement de colonnes toscanes. C’est là que furent exposées les peintures de Jean de Julienne. On peut également encore contempler les vestiges de l’église évangélique protestante des Gobelins. L’ancienne grande maison des Gobelins, à proprement dite, a été, elle, désormais convertie en logements d’habitation.

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© pietondeparis.canalblog.com
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