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L'éléphant disparu de la Bastille

Par Cyrielle

Si tout le monde connait la place de la Bastille, sa colonne de Juillet et son génie de la Liberté, on connait moins l’Éléphant de la Bastille auquel fait pourtant référence Victor Hugo dans Les Misérables. Voici donc l’étonnante histoire de cet éphémère éléphant dont il ne reste rien !

Une volonté farouche de Napoléon

Tout commence en 1808. Napoléon, désireux de donner à Paris les signes de la grandeur de la France, décide d’y dresser une fontaine gigantesque. Si la forme et le motif du monument sont assez vite décidés, pour le lieu, l’empereur hésite longtemps entre la place de l’Étoile et celle de la Bastille.

Sa pensée se précise le 9 février 1810 : « Il sera élevé sur la place de la Bastille, une fontaine de la forme d’un éléphant en bronze, fondu avec les canons pris sur les Espagnols insurgés ; cet éléphant sera chargé d’une tour et sera tel que s’en servaient les anciens ; l’eau jaillira de sa trompe. Les mesures seront prises de manière que cet éléphant soit terminé et découvert au plus tard le 2 décembre 1811. »

Elephant de la Bastille
Projet d’aménagement de la place de la Bastille dans les années 1800.

La date butoir fixée par l’empereur ne sera jamais respectée… Loin de là ! À la chute de l’Empire en 1815, seuls le soubassement et une maquette grandeur nature en plâtre sont érigés. Gardé par un brave homme nommé Levasseur dans un hangar en bois, le pachyderme en plâtre ne peut alors être visité que par certains privilégiés.

Voilà comment Victor Hugo décrit ce colosse, situé au niveau du Boulevard de la Bastille et de la rue de Lyon, dans Les Misérables : « Dans cet angle désert et découvert de la place, le large front du colosse, sa trompe, ses défenses, sa tour, sa croupe énorme, ses quatre pieds pareils à des colonnes faisaient, la nuit, sur le ciel étoilé, une silhouette surprenante et terrible. On ne savait ce que cela voulait dire. C’était une sorte de symbole de la force populaire. C’était sombre, énigmatique et immense. C’était on ne sait quel fantôme puissant, visible et debout à côté du spectre invisible de Bastille ».

Elephant de la Bastille
Aquarelle d’Alavoine (réalisée entre 1812 et 1813) signée par Denon (Paris, musée du Louvre). Dernier avant-projet où de l’eau jaillit encore de la trompe.

Sortie de son hangar en 1831, la carcasse de l’éléphant ne sera finalement démontée qu’en juillet 1846. Son état s’était si détérioré qu’au moment de sa destruction, des hordes de rats s’échappèrent de l’animal et terrorisèrent le quartier durant des semaines ! Quant au soubassement, il fait désormais partie du projet qui prit la suite de ce titanesque éléphant : la colonne de Juillet et son Génie de la Liberté.