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Petite histoire du mètre révolutionnaire

Mètre étalon de la rue de Vaugirard
Par Cyrielle

Avant l’instauration du mètre comme outil officiel et universel, mesurer la taille d’un objet ou une distance n’était pas une mince affaire. En effet, sous l’Ancien Régime, les mesures sont instituées en référence à l’être humain, souvent le roi, et varient d’une ville, d’un comté ou d’une corporation à l’autre. Ainsi, le pied et le pouce à Paris côtoient la palme à Marseille, la perche en Bretagne ou le pan à Montpellier. À l’aube de la Révolution française, près de 700 unités de mesures co-existent au royaume de France… Bref, une joyeuse pagaille !

Le fruit d’un travail de longue haleine

C’est par souci d’uniformisation qu’émerge l’idée d’une nouvelle mesure de longueur, mais c’est l’idéal révolutionnaire d’égalité qui mènera son développement à son terme. En février 1791, une commission est ainsi chargée de définir une nouvelle unité de mesure, officielle et unique, sous trois conditions. La mesure ne doit pas être arbitrairement définie afin qu’elle puisse se pérenniser dans le temps. Elle ne doit pas prendre pour référence un humain en particulier, encore moins le roi qui n’est plus vraiment en odeur de sainteté. Enfin, elle doit être universelle, autrement dit pouvoir être utilisée par n’importe qui dans n’importe quel État et se détacher autant que possible de toute considération nationale ou politique. En mars 1791, la commission détermine une définition du mètre, répondant aux trois conditions : le mètre sera égal à la longueur de la dix millionième partie du quart du méridien terrestre.

Si la mesure de base est choisie, le travail est loin d’être achevé puisqu’il faut encore déterminer le tracé et la longueur exacte de ce fameux méridien ! C’est à cette tâche que les savants Delambre et Méchain vont s’affairer pendant sept ans, arpentant les territoires français et espagnols pour mesurer ce fameux quart de méridien, entre Dunkerque et Barcelone. Le 18 Germinal an III (7 avril 1795), un système basé sur le mètre, et comprenant également des unités de volume et de masse, est adopté par la Convention : le système métrique.

Des mètres étalons dans les rues pour démocratiser la mesure

Afin de familiariser la population avec ce nouvel outil de mesure des longueurs, 16 mètres étalons sont gravés sur les murs de bâtiments officiels, dans la capitale et ses alentours. Deux mètres étalons peuvent encore être observés dans les rues de la capitale. Le premier se situe au numéro 36 de la rue de Vaugirard, sous les arcades situées à droite de la porte principale. Il est présent sans discontinuer sur ce pan de mur depuis son installation en 1796.

Mètre étalon de la rue de Vaugirard

Mètre étalon de la rue de Vaugirard

Le second se trouve sur le mur de l’actuel ministère de la justice, 13 place Vendôme, dans le 1er arrondissement. On ignore où il était situé à l’origine, mais on sait qu’il n’a été placé là qu’en 1848.

Mètre étalon de la place vendome

Le mètre du monde

Malgré la présence de ces mètres étalons, le système métrique ne supplantera les autres mesures usuelles qu’au milieu des années 1830. Une adoption relativement tardive qui n’empêchera pas le système métrique de réussir sa carrière à l’internationale, comme ses initiateurs l’avaient souhaité. En effet, le premier pays à adopter officiellement le système métrique sera les Pays-Bas dès 1816, suivi par l’Espagne et enfin la France.

En 1875, 17 États signent la « Convention du Mètre » dans le but d’établir une autorité mondiale assurant l’uniformité du mètre dans le monde. 130 ans plus tard, presque tous les pays du globe ont fait du Système international (SI), le successeur du système métrique, leur système officiel d’unités. Seuls les États-Unis, le Liberia et la Birmanie se refusent irréductiblement à l’adopter.

Cyrielle Didier