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Quand Paris avait son propre Colisée

La rue du Colisée à Paris
Par Alexandre M

À l’image de son glorieux voisin italien, le Colisée de Paris était un superbe monument destiné à accueillir les fêtes et les spectacles les plus prestigieux. Un succès qui n’aura duré que très peu de temps.

Apparus au 17e siècle à Londres, les Vauxhall Gardens ressemblaient à des parcs d’attractions où le visiteur parcourait un univers de fausses ruines ou d’arcs de triomphe. On pouvait aussi écouter de la musique et assister à des spectacles pyrotechniques. Le succès est immédiat et des idées d’exportation ne tardent pas à surgir. En 1769, une compagnie parisienne est chargée de créer un établissement dont le luxe dépasserait tout ce qui avait été fait précédemment. Pour un tel projet, la compagnie acquiert un vaste terrain dans le quartier des Champs-Élysées, que l’on situe aujourd’hui entre l’avenue Matignon et la rue Jean-Mermoz. À l’époque, les Champs-Élysées sont déjà populaires pour leurs cafés, leurs guinguettes et leurs maisons de jeux.

La construction est donc lancée avec un seul objectif, que ce Colisée soit prêt pour mai 1770, date du mariage du Dauphin et de l’archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche. Un tel événement augure logiquement une période de célébrations publiques, idéales pour inaugurer ce nouveau lieu. Malheureusement, les travaux ne se passent pas comme prévus et le bâtiment n’est pas prêt pour le mariage royal. L’inauguration n’a donc lieu qu’en mai 1771. Peu importe, Paris a désormais son propre Colisée, un nom choisi en hommage au célèbre monument romain.

Le nouveau rendez-vous populaire de Paris

Fête dans un vauxhall
Un petit aperçu des soirées au 18e siècle

Malgré un faux départ, le succès ne se fait pas attendre. Le Colisée devient vite « le rendez-vous de tous les jeunes élégants de Paris ». Au cours des grandes occasions, il n’est pas rare de croiser des actrices, chanteuses ou danseuses. Un lieu qui finit par attirer Marie-Antoinette elle-même.

Il faut dire que l’établissement a tout pour plaire. Une gigantesque salle de bal, un bassin, une galerie, des gradins et des terrasses. Le lieu accueille aussi une flopée de boutiques de bijoux ou de mode. À l’extérieur, le Colisée bénéficie d’un superbe jardin où l’on organise aussi des divertissements de toutes sortes. Au total, l’établissement peut accueillir jusqu’à 40 000 visiteurs. Concerts, ballets, spectacles de marionnettes, bals masqués, feux d’artifice, courses de chevaux ou encore expositions de tableaux… Les événements s’enchaînent et font les beaux jours du Colisée.

Un succès aussi spectaculaire qu’éphémère

En dépit des nombreux spectacles, l’aventure du Colisée tourne court. La faute notamment à des frais considérables, toujours plus importants que les recettes. Au bout de quelques années, l’entreprise décline et le public se lasse rapidement de ces événements. Les bourgeois sont de moins en moins nombreux à venir après la tombée de la nuit aux Champs-Élysées. À l’époque, le quartier est encore excentré du centre de Paris et accueille surtout les rôdeurs et les prostituées.

En 1780, le Colisée est officiellement en faillite. À l’exception d’un pavillon devenu une guinguette, l’édifice est entièrement démoli afin de percer l’actuelle rue Jean-Mermoz. Toute trace l’édifice a donc disparu, seule la rue du Colisée rappelle l’existence de cet ancien lieu de fêtes et de spectacles.

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