En 1977, le Centre Pompidou est inauguré. Le bâtiment situé dans un quartier préservé est imaginé par les jeunes lauréats Renzo Piano et Richard Rogers et modernise considérablement le paysage parisien. Si de nombreux projets ont été écartés lors du concours, l’un d’eux, en particulier, aurait pu permettre l’émergence d’une architecture extrêmement singulière aussi audacieuse que sa consœur.
Un architecte notable mais confidentiel
André Bruyère, de son vrai nom André Bloch-Nathan, est un architecte français du XXème siècle diplômé de l’école spéciale d’architecture, située à Paris. Disciple de l’architecte Emile Aillaud, il est réputé pour ses projets et constructions mémoriels (éléments de scénographie pour une cérémonie [1946], monument national aux victimes de la Seconde Guerre mondiale [1946], centre de postcure et théâtre du club Jean Moulin pour la Fédération nationale des déportés et internés résistants patriotes [1948], etc.). L’architecte se caractérise par son approche singulière et sa perception subversive de l’architecture, qui font de lui un artiste à la fois confidentiel et admiré.
L’élaboration du projet Beaubourg
Dans les années 60, le président français Georges Pompidou souhaite ériger un musée à Paris qui fait la quintessence de la culture et des arts : le projet du Centre Pompidou, alors connu sous le nom de centre Beaubourg, est en plein développement et un concours national d’architecture est lancé pour remplacer le terrain vague par un complexe culturel à vocation internationale. L’architecte et designer français Jean Prouvé est désigné pour présider le concours, un des plus importants en matière d’architecture dans l’Hexagone. En tout, 681 projets sont recensés dont celui d’André Bruyère (n° 272).
Une utopie architecturale
Le projet d’André Bruyère comporte de nombreuses planches sur lesquelles se trouve une forme peu conventionnelle inaperçue dans le paysage architectural national et mondial : une forme ovale de plus de cent mètres de haut s’élève, pesante et omniprésente dans le paysage. Ce gratte-ciel baptisé L’Œuf (1971) s’implante dans le Paris intramuros avec une certaine démesure, doté d’une connotation quasi-phallique. Avant-gardiste et technique, les dimensions de la structure sont de 125,5 mètres de haut, avec 37 étages et un millier de vitres qui donnent à la capitale française des airs new-yorkais. Pour André Bruyère, L’Œuf devient une obsession architecturale qu’il illustre dans un essai éponyme paru en 1978 (Albin Michel), et propose le projet à de nombreuses reprises lors de concours qui sera à chaque fois décliné (New York [1978], Beausoleil [1995], Marseille [1996]).
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Image à la une : Aperçu fictif du Centre Pompidou selon André Bruyère © EnsAD-AII
Sources : Cairn.info, Centre Pompidou, Cité de l’architecture et du patrimoine, EnsAD-AII
Julien Mazzerbo