C’est l’histoire d’un morceau de tissu de quelques dizaines de centimètres seulement qui aurait sauvé économiquement une institution parisienne. Histoire d’autant plus rocambolesque lorsque l’on sait à qui appartenait ce fichu, et surtout entre les mains de quelles célébrités il est passé…
La Comédie Italienne, une institution
Tout commence en 1974 – plutôt, tout commence au tout début du XVIIe siècle et l’installation de troupes de théâtre italiennes à Paris. De grands noms ressortent, comme celui de Giuseppe Bianchi dont la troupe s’installe dès 1645 à l’hôtel du Petit-Bourbon, dans une salle partagée avec nul autre que Molière. Mais, entre interdictions, protections royales, fusions, scissions, déménagements, et autres carambolages historiques, le Théâtre Italien, en termes d’institution, disparaît définitivement du sol français, et donc parisien, en 1878.
Ce qui donc nous ramène à 1974, soit environ cent ans plus tard. Le théâtre italien refait surface dans la capitale. Le metteur scène Attilio Maggiulli (bien connu dans son rôle d’italien libertin jouant de la mandoline dans Les Bronzés font du ski) et la comédienne Hélène Lestrade fondent alors Teatrino italiano dans le 14e arrondissement et font ainsi renaître les pièces et les personnages de la Commedia del’arte, d’Arlequin à Isabella en passant par Scaramouche et Polichinelle. En 1980, ils déménagent leur théâtre non loin de leur première adresse, rue de la Gaité dans le même arrondissement. Ainsi renaît la Comédie Italienne et sa façade bleue si particulière.
À lire également : Une magnifique façade en faïences colorées !
Un mouchoir de poche… ayant appartenu à Marilyn Monroe !
Et donc vous vous demandez : mais de quoi nous causent-ils, chez Paris Zigzag, d’un carré de soie qui aurait sauvé ce théâtre ? Eh bien, voici l’histoire. Ce théâtre, mythique mais criblé de dettes, a bien failli fermer ses portes au grand public. Ce qui l’a sauvé n’est pas seulement un simple mouchoir de poche… Car, ce petit fichu a appartenu à nulle autre que Marilyn Monroe ! Et là, vous vous dites : Marilyn Monroe, États-Unis ; Théâtre italien, Paris…? Comment est-ce possible ? On vous l’a dit, c’est cette histoire rocambolesque qui passionne toujours aujourd’hui les férus d’anecdotes culturelles.
Retrouvé par un concierge dans les toilettes de l’hôtel new-yorkais Waldorf Astoria, le petit mouchoir de soie est offert à Andy Warhol, artiste pop art par excellence, qui l’offre à son tour au galeriste Leo Castelli. Déjà, les tours de passe-passe entre célébrités commencent. Ce dernier en fait par la suite un cadeau porte-bonheur à son ami propriétaire d’un petit théâtre de Soho : un certain Attilio Maggiulli. Le nom vous dit peut-être quelque chose… Ce passionné de théâtre garde ainsi ce petit carré avec lui lorsqu’il s’installe à Paris et fonde, vous l’aurez compris, la Comédie Italienne. Au cours des décennies suivantes, le mouchoir de Monroe accompagnera le patron de cette institution dans toutes ses tribulations : il inspira même une pièce, jouée sur les planches du petit théâtre de la rue de la Gaité.
En 2020, criblé de dette, Attilio Maggiulli est contraint de vendre quelques costumes de son théâtre chéri. À contre-cœur, il se décide aussi à vendre ce fichu historique pour la somme de 300 000 €. Dettes épongées, sentiments distingués, la Comédie Italienne, malgré ses colonnes style baroque, ses représentations d’anges et sa teinte bleue brillante, perd un petit bout de son histoire. Mais il survit et continue aujourd’hui de nous offrir des pièces italiennes incroyables toute l’année.
La Comédie Italienne
17 Rue de la Gaité, 75014 Paris
À lire également : Découvrez ce merveilleux immeuble Art nouveau !
Photo à la Une : La Comédie Italienne © Lily Heise / Flickr