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Cette histoire d’amour fut le point de départ d’une scandaleuse affaire d’empoisonnement qui terrifia Paris

Le Roi-Soleil et sa Cour © Fotolia

Savez-vous que c’est Louis XIV qui a créé la police parisienne pour mettre fin aux “cours des miracles” ? Que le roi avait un habit d’or coûtant la bagatelle de 40 000 salaires annuels d’ouvriers ? Que l’on portait des parapluies pour éviter de prendre sur la tête le contenu des pots de chambre jetés par les fenêtres ? Ou encore que le Roi-Soleil eut pas moins de seize enfants naturels… En 72 ans sur le trône, pour rappel le plus long règne de l’Histoire de France, il n’est pas exagéré de dire que le règne de Louis XIV a connu des histoires aussi historiques qu’insolites. Il en est une qui semble même tout droit sortie d’une légende pour faire peur aux enfants ou d’un polar de nos jours.

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Une affaire riche en rebondissements

442 personnes inculpées, 104 jugements dont 36 condamnations à mort, 5 envoyés aux galères à perpétuité et 23 bannissements du pays : voici le bilan impressionnant d’une histoire judiciaire qui a secoué Paris à la fin du 17e siècle. Cette histoire, c’est celle de “l’affaire des poisons”, lorsque le règne du Roi-Soleil bascula dans l’occulte… La psychose des empoisonnements fut d’ailleurs l’une des grandes obsessions du règne de Louis XIV, tant les morts subites de personnages d’importance comme la belle-sœur du roi Henriette d’Angleterre en 1670, du ministre Hugues de Lionne en 1671 ou de Charles-Emmanuel II, duc de Savoie, en 1675 étaient immédiatement imputés à l’empoisonnement. Il faut dire que, à l’époque, les doctes de la faculté de médecine ne savaient déceler la moindre substance toxique dans un cadavre. En 1676, une affaire va défrayer la chronique : le procès de la marquise de Brinvilliers, accusée d’avoir tué son père et ses deux frères, et d’avoir tenté sans succès d’en faire autant avec sa belle-sœur et sa fille sous l’influence de son amant, le capitaine Gaudin de Sainte-Croix. Orpheline de mère et violée très jeune par ses frères, elle avait épousé le marquis de Brinvillers avant de trouver le réconfort dans les bras de son amant, que son père, ne supportant pas cette relation, avait fait emprisonner à la Bastille.

Marquise de Brinvilliers © Archive Domaine public 
Marquise de Brinvilliers © Archive Domaine public

Le point de départ d’une vaste enquête

Après avoir réalisé un poison efficace et quasiment indétectable qu’elle testa d’abord sur des malades dans les hôpitaux parisiens, la marquise tua ainsi son père et ses frères. Cherche à faire de même avec son mari, elle fut stoppée par son amant, qui sauva le mari grâce à un antidote et la dénonça. Le 16 juillet, elle fut jugée et décapitée en place de Grève, avant que son corps ne soit brûlé. Et l’affaire aurait pu s’arrêter là… Mais cette histoire va en fait devenir le premier chapitre de l’une des plus grandes affaires criminelles de l’Histoire, atteignant même les plus hautes sphères de la cour du Roi. En septembre 1677, un billet anonyme faisant allusion à un complot ourdit contre Louis XIV, avec utilisation de “poudre blanche” est déposé dans un confessionnal de l’abbaye des Jésuites de la rue St Antoine. Premier lieutenant général de police de Paris, Gabriel Nicolas de La Reynie s’empare de l’enquête et s’oriente vers une détenue du Châtelet, accusée d’avoir empoisonné son mari et qui reçoit régulièrement la visite d’une certaine Marie Bosse, qui se vante elle-même d’empoisonner à l’instigation de femmes de l’aristocratie parisienne. Soumise à la torture, cette dernière fait de nombreuses révélations aux policiers et donne le nom de Catherine Deshayes, femme Monvoisin, dite la Voisin.

Interrogatoire de La Voisin © Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Interrogatoire de La Voisin © Musée Carnavalet – Histoire de Paris

La réputation de la cour du Roi-Soleil mise à mal

Déjà soupçonnée de sorcellerie, son arrestation met à jour un véritable réseau d’empoisonneurs dans la capitale et pousse Louis XIV à créer la Chambre Ardente, une cour chargée de magistrats de haut rang pour s’occuper de cette affaire de poisons. Le début de nombreux aveux de la part de la Voisin, ses complices magiciens et ses consoeurs en sorcellerie, qui dénoncent également leurs “clients”. De grands personnages de la cour sont évoqués, avant le rebondissement ultime. Marie-Marguerite Voisin, fille de la Voisin, rencontre La Reynie pour lui parler de ce qu’elle sait, en impliquant directement Madame de Montespan, qui n’est autre que favorite de Louis XIV et mère de sept de ses enfants. La marquise aurait consulté La Voisin pour des horoscopes, des “philtres d’amour” et autres produits. Le choc est tel que Louis XIV lui-même rassemble tous les documents impliquant Madame de Montespan et demande à la Chambre ardente de ne plus s’occuper des affaires où le nom de sa favorite apparaît. Ce n’est qu’en 1709 que le roi brûle lui-même l’entièreté des fiches accusatrices conservées dans sa cassette, refermant ainsi une affaire politico-judiciaire interminable partie des faubourgs parisiens et qui aura profondément secoué sa cour qui paraissait jusque-là irréprochable.

 

 

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Image à la une : Le Roi-Soleil et sa Cour © Fotolia

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