Connaissez-vous cette mystérieuse allée parisienne où ont vécu de célèbres artistes au XIXe siècle ?

Caché au cÅ“ur de Montmartre, ce passage confidentiel a vu défiler artistes, écrivains et rêveurs. C’est un petit trésor qui semble suspendu hors du temps… Entre mystère, histoire et charme bohème, il promet une jolie balade à ceux qui s’y aventurent : on vous présente l’allée des Brouillards !

Un nom sulfureux

L’allée et le château des Brouillards tirent leur nom des brumes épaisses qui enveloppaient autrefois la butte Montmartre. À l’époque, des sources affleuraient le plateau, créant une vapeur d’eau qui baignait le paysage dans un voile mystérieux. C’est ainsi qu’une ferme et un moulin, bâtis au XIIe siècle, furent surnommés « des Brouillards » ! Une autre version, plus officieuse, raconte que le brouillard était aussi l’état d’ivresse dans lequel on ressortait à l’époque de cette ferme et ce moulin qui fabriquaient du vin…

Une histoire d’artistes et de fantômes

En 1772, l’avocat Legrand-Ducampjean rachète le terrain et y fait bâtir une élégante maison de plaisance, le fameux château des Brouillards. Ce lieu attire rapidement des personnalités fascinantes : le poète Gérard de Nerval, subjugué par la magie des lieux, y séjourne et en fait l’éloge dans ses écrits. Plus tard, le domaine devient un refuge pour artistes sans le sou : Kees van Dongen, Francisque Poulbot, Théophile Steinlen, et même le jeune Modigliani squattent les alentours, alors surnommés le « maquis de Montmartre ». Au n°8 de l’allée, la famille du peintre Auguste Renoir s’installe en 1890. C’est ici que naît Jean Renoir, futur grand cinéaste français. Plus récemment, le comédien Michel Aumont y a vécu, et le chanteur Claude Nougaro a même dédié une chanson à la célèbre allée.

Un patrimoine sauvé de l’oubli

Au début du XXe siècle, l’urbanisation menace de faire disparaître ce coin de paradis. Mais grâce à la ténacité de Victor Perrot et de la Société du Vieux Montmartre, le château et son allée sont sauvés, rénovés et préservés pour les générations futures. Aujourd’hui, on peut encore apercevoir le château des Brouillards (devenu une demeure privée) derrière ses grilles et ses arbres, qui évoque toujours les fastes d’antan. Les charmants pavillons et villas qui bordent l’allée sont parfaits pour les amateurs de photos et d’ambiances romantiques. Enfin, on découvre la place Dalida au bout de l’allée avec une statue mythique de la chanteuse. On vous conseille d’y passer à l’aube ou au crépuscule, quand la lumière caresse les pavés et que le silence invite à la rêverie…

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A. C.