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Un atelier figé dans le temps

Par Roxane

Elles ne sont pas nombreuses dans la capitale mais il reste encore quelques adresses à Paris qui traversent les années sans prendre une ride. Artisans de métier, leur savoir-faire se perpétue de génération en génération, et ils constituent aujourd’hui le fleuron du patrimoine vivant parisien. On a décidé de partir à leur rencontre, premier arrêt : la découverte de l’atelier Richard, un atelier d’orfèvrerie unique au coeur du Marais…

 

atelier-richard-orfevre1L’arrière-cour de l’Atelier Richard, rue des Gravilliers

 

Un trésor caché au fond d’une arrière cour pleine de charme

 

Pour accéder à l’atelier Richard Orfèvres, il faut sonner à la porte du 30 rue des Gravilliers, dans le 3ème arrondissement, se faufiler dans un couloir sinueux après avoir traversé la cour d’un superbe hôtel particulier. Au RDC d’un immeuble typique du cœur du Marais on découvre enfin, niché au fond d’une arrière-cour pleine de charme cet atelier quasi-secret puisqu’il n’a pas pignon sur rue… Mais pour arriver jusque dans l’atelier, il faut tout d’abord franchir les portes d’une luxueuse boutique dont le décor épuré met parfaitement en valeurs les créations originales en métaux précieux tels qu’elles sont conçues à l’atelier Richard : couverts, bougeoirs, timbales, boutons de manchettes et même boules de Noël… Imaginés pendant de longues heures ou le temps d’un court déjeuner, dessinés sur le coin d’une nappe en papier d’un restaurant ou sur le bureau d’un désigner professionnel… Tous ces objets ont une chose en commun, ils sont façonnés à la main par deux hommes, Jean-Pierre et Francis, dans l’arrière-boutique.

atelier-richard-orfevre6Les différentes étapes de fabrication d’une cuillère en argent : du lingot au polissage

 

Ici, on fabrique des couverts en argent depuis 100 ans

 

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Émission diffusée tous les dimanches à 12h55 sur France 3 IDF.

Jean-Pierre Cottet, le directeur de l’Atelier Richard nous offre donc une petite visite des coulisses de l’atelier. Ici, rien n’a bougé depuis 100 ans : le bruit des marteaux qui tapent contre l’acier, les machines impressionnantes qui trônent au milieu de la pièce, le four en pierre… C’est d’ailleurs ce qui fait le charme de l’entreprise : un savoir-faire unique et traditionnel. Les objets phares de la maison, ce sont les couverts en argent massif. L’atelier en fabrique tous les jours : des particuliers qui veulent offrir un beau cadeau à leurs proches, aux antiquaires qui veulent restaurer leurs vieilles fourchettes. Les clients sont nombreux et s’ils connaissent l’atelier Richard Orfèvre, c’est grâce au bouche-à-oreille, qui fait fonctionner la maison depuis 100 ans.

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Jean-Pierre Cottet fait chauffer l’argent : première étape indispensable pour pouvoir travailler ce matériau

 

Le but ? Moderniser l’atelier tout en conservant et en transmettant tout ce qui s’est toujours fait dans le passé…

 

Aujourd’hui Jean-Pierre, qui a repris les rênes depuis quelques années, cherche à moderniser sa petite entreprise et à s’adapter au maximum à la demande. De plus en plus de créateurs désireux d’expérimenter le travail de l’argent cherchent notamment à travailler avec cet atelier français au savoir-faire particulier pour créer de nouveaux objets.

Une partie “à 4 mains”, entre le designer et l’artisan. Le but ? Moderniser l’atelier tout en conservant et en transmettant tout ce qui s’est toujours fait dans le passé, depuis 1910. Car c’est en 1910 qu’Edmond Ricard crée son propre atelier d’orfèvrerie. En 1932, sa fille épouse Marcel Richard qui reprend les ateliers et c’est leur fils, Jacques, qui reprend les rênes de la Maison dans les années 1950. Francis Régala, issu lui aussi d’une famille d’orfèvres reprend la société et perpétue le savoir-faire de la Maison. Aujourd’hui, c’est à Jean-Pierre Cottet que revient cet honneur. Sa passion pour l’orfèvrerie est née de l’enfance, une passion plutôt étonnante pour un petit garçon qui adorait collectionner les bougeoirs et aider sa mère à faire la corvée d’argenterie. C’est donc le métier d’orfèvre qu’il a choisi d’exercer.

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Un métier qui ne disparaîtra jamais

 

Un métier qui reste plutôt rare, puisque la France ne compte qu’une quinzaine d’ateliers. Mais l’atelier Richard est le seul à avoir conserver des méthodes traditionnelles pour travailler le produit, à le fabriquer entièrement a la main, de A à Z, d’après des techniques qui remontent au 18ème siècle. Un métier qui ne disparaîtra jamais, selon les artisans, car il y aura toujours un patrimoine qu’il faudra sans cesse entretenir, il y a aussi toujours des gens qui voudront s’offrir un objet en argent : du couvert à la timbale, on aura toujours besoin de couteaux et de fourchettes pour manger. De la fourchette traditionnelle à l’objet ultra-contemporain, l’orfèvre pourra toujours répondre à un besoin d’une clientèle.

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Un travail très technique qui se fait aussi grâce au bruit

 

Mais alors comment fabrique-t-on les objets chez Richard ? Les couverts partent d’un simple lingot d’argent. Le lingot va ensuite être chauffé et Jean-Pierre et Francis vont ensuite le travailler grâce à un marteau pour déplacer la matière de manière à ce que le lingot prenne, petit à petit, la forme d’une fourchette, d’une cuillère ou d’un manche de couteau. Tout est donc forgé et martelé avec le marteau de forge, ce qui donnera un joli produit unique, qui n’a rien à voir avec un produit industriel.

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Un travail très technique qui se fait aussi grâce au bruit, car en fonction du bruit, l’orfèvre saura si l’objet est bien positionné en le tapant. Il faut compter une bonne demie heure, ne serait-ce que pour un couvert. Un vrai produit de luxe pour Jean-Pierre qui considère que le vrai luxe, ce n’est d’aller avenue Montaigne et d’acheter un produit qu’on retrouvera partout. Le vrai luxe, c’est de se faire faire un objet quasiment unique par un artisan et made in France. Parfois, il invite même ses clients à voir les premières frappes de leurs commandes. Le client peut donc mettre un visage sur celui qui a fabriqué ses objets et surtout, savoir comment le produit est fait et travaillé. Ici, le client est donc véritablement roi.

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Pauline Hayoun



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