Dans cette célèbre rue, le roi d'Espagne a échappé de peu à une tentative d'attentat à la bombe en 1905 !

Paris est le théâtre d’événements tragiques, épiques et grandiloquents mais nombre d’entre eux sont encore méconnus : en 1905, la capitale accueille le roi d’Espagne en visite officielle en France, secondé par le président français Emile Loubet. Les deux hommes d’Etat réchappent de justesse à un attentat qui visait le dirigeant espagnol : s’ensuit une longue débâcle ainsi qu’un procès pour tenter de punir les coupables…

Les faits

Alphonse XIII est proclamé roi dès sa naissance et reste sur le trône d’Espagne de 1886 à 1931 (la régence du pays est assurée par sa mère jusqu’à sa majorité). Au cours de son règne, il est la cible de plusieurs tentatives d’assassinat : c’est le cas lors de sa visite officielle en France alors qu’il se trouve au cœur de la capitale française, Paris, au printemps 1905. Dans la nuit du 31 mai au 1er juin, à l’intersection de la rue de Rohan et de la rue de Rivoli, une détonation retentit près du cortège du roi d’Espagne et du président Emile Loubet : si les deux hommes d’Etat ressortent indemnes de cet attentat raté, une dizaine de blessés est à déplorer parmi l’épaisse foule venue les acclamer. Plusieurs chevaux sont touchés par l’explosion et l’un d’eux décède sur le coup. Sur le lieu du drame, les éclats d’une bombe et un explosif défectueux intact sont retrouvés alors que la rue est percée par un trou béant. On parle alors de l’attentat de la rue de Rohan ou de l’attentat du Louvre du fait de l’explosion survenue entre deux guichets du musée.

Le procès

Quelques heures après la tentative d’attentat, les soupçons s’orientent rapidement vers un anarchiste espagnol du nom d’Alexandre Farras, communément appelé Aviño. Parallèlement, quatre personnes sont incriminées, considérées comme des anarchistes de Barcelone : Charles Malatel et Caussanel, deux Français, Harvey, un Anglais, et Pedro Vallina, un Espagnol. Alors que le suspect n° 1 est activement recherché et demeure introuvable, des signalements sont émis à son encontre auprès des gardes-frontières et des ports d’embarquement tandis qu’un procès s’ouvre pour déterminer la culpabilité des accusés. Le “procès des quatre” débute en novembre 1905 mais l’accusation manque de crédibilité : le dénommé Harvey et le ressortissant espagnol Pedro Vallina sont arrêtés une semaine avant l’attentat du Louvre pour un complot similaire en Espagne, rendant leur implication dans l’attentat rue de Rohan incertaine. Dès le deuxième jour du procès, les charges à l’encontre de Caussanel sont abandonnées et la défense témoigne activement en faveur des accusés, dont Jean Jaurès, député socialiste et Francis de Pressensé, président de la Ligue des droits de l’homme. Le 1er décembre 1915, sur fond de manipulation policière et de dissensions politiques, les quatre accusés sont acquittés.

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Image à la une : Rue de Rivoli © jasckal / Adobe Stock

Sources : FranceArchives, Gallica / BnF, Retronews

Julien Mazzerbo