En se promenant vers l’Opéra Garnier, un détail a pu vu étonner : la grande avenue qui s’ouvre devant l’édifice ne détient pas un seul arbre ! Et cela pourrait être dû à une superstition…
D’anciennes buttes
L’avenue de l’Opéra était autrefois occupée par plusieurs buttes ! En effet, si l’on connaît aujourd’hui Montmartre ou Sainte-Geneviève comme étant des quartiers avec du relief, on oublie souvent que de nombreuses buttes existaient autrefois avant d’avoir été arasées. C’est notamment le cas des buttes des Moulins et Saint-Roch, qui se trouvaient à l’emplacement des actuelles rues Thérèse et des Pyramides. Celles-ci ont toutefois été mises à niveau dès 1615 pour accueillir plusieurs ruelles et des moulins, dans un quartier encore insalubre.
Le percement de la voie
Au milieu du XIXe siècle, un premier projet lance l’idée de concevoir une “avenue Napoléon” en l’honneur de Napoléon III, qui permettrait de relier le Louvre jusqu’au croisement entre la rue de la Paix et les boulevards. Néanmoins, le projet est abandonné avant d’être relancé au début des années 1860 : cela fait suite à la construction du nouvel opéra. Là encore, si les travaux sont lancés, ils sont mis à l’arrêt avec la chute du Second Empire en 1870. Ceux-ci reprennent toutefois sous le nom d'”avenue de la Nation”, puis “avenue de l’Opéra”.
Une avenue sans arbre
Aujourd’hui, l’avenue de l’Opéra se démarque pour un détail particulier. Il ne s’agit pas du fait qu’elle s’ouvre sur un opéra, ou que ses dimensions soient originales : sa singularité est surtout d’être une avenue parisienne sans aucun arbre. Et cela n’est pas le fruit du hasard. Cela remonte à un événement qui s’est déroulé au XIXe siècle. Le 14 janvier 1858, un révolutionnaire italien du nom de Felice Orsini décide de commettre un attentat contre Napoléon III vers l’opéra Le Peletier, ancien opéra national de Paris. Lui et ses complices se seraient alors cachés derrière des arbres afin de lancer des bombes sur la foule, ce qui a valu 8 morts et plus d’une centaine de blessés.
Cet événement renvoie à un précédent attentat, commis cette fois contre Napoléon Bonaparte en 1800, également vers l’opéra et depuis un arbre. Toujours est-il que quelques mois après le second drame, Charles Garnier a reçu la commande du nouvel opéra, et a décidé de ne planter aucun arbre sur la nouvelle avenue qui allait être construite. Faut-il y voir une superstition, ou n’est-ce que le désir de l’architecte de rendre plus visible son édifice ?
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Image à la une : Opéra Garnier – © Adobe Stock