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Dans quelques mois seulement, Paris accueillera l’un des événements les plus médiatisés au monde : les Jeux Olympiques d’été. Le temps d’une quinzaine de jours, la capitale (et d’autres sites olympiques en France) vibrera au rythme des plus grands athlètes et des exploits les plus retentissants. Cela tombe bien car, lorsqu’il est question d’exploit, c’est souvent à Paris que des performances exceptionnelles sont réalisées. Si l’on se souvient du saut sur rampe à 40 mètres réalisé par le triple champion du monde de roller Taïg Khris en 2010, depuis une plateforme attenante au 1er étage de la tour Eiffel, un autre spécialiste de la hauteur avait déjà fait sensation à Paris près de 100 ans plus tôt…
Comment promouvoir efficacement son enseigne
Pour la plupart des Parisiens, et les nombreux touristes qui y viennent chaque année, les Galeries Lafayette sont avant ces grands magasins où l’on vient dénicher les bonnes affaires et autres produits chics, d’où le principe de “bazar de luxe”. Si l’enseigne fait parler d’elle au moment de Noël pour son emblématique sapin et ses vitrines animées toujours plus féériques, il arrive que l’on parle aussi d’elle dans la rubrique “faits divers” ou “exploit incroyable”. Comme en ce jour de 1919… lorsqu’un avion a réussi à atterrir sur le toit des Galeries Lafayette. Un événement qui n’a rien à voir avec un éventuel problème technique comme un atterrissage d’urgence, mais bel et bien un exploit sportif. Derrière cette performance se cache en fait un audacieux coup de communication. Alors que la préfecture de police de Paris a interdit tout survol de la capitale, un grand magasin veut faire parler de lui. Ouverts en 1908, les Galeries Lafayette lancent un concours, avec à la clé 25 000 francs à celui qui parviendra à faire atterrir un avion sur le toit du magasin. Le défi est aussi risqué que tentant mais plusieurs pilotes, dont Roland Garros, renoncent finalement à réaliser cet exploit car la piste est minuscule. Il faut attendre la fin de la Première Guerre mondiale pour que ce défi ranime la flamme chez les aviateurs.
Une performance aussi incroyable que risquée
C’est ainsi que l’un des pilotes les plus chevronnés de l’époque, un pionnier de l’aviation, va se lancer dans l’aventure : Jules Védrines. Né à la Plaine Saint Denis, l’homme de 39 ans est déjà reconnu comme un as de l’aviation. À cette époque, cela fait 9 ans qu’il a obtenu son brevet de pilote, ayant déjà remporté plusieurs courses, comme le Paris-Madrid ou la coupe internationale de Chicago. Pendant la Grande Guerre Védrines s’est également illustré à travers les vols les plus risqués, comme ceux qui lui permettent de passer les lignes du front, de se poser pour permettre à un espion de débarquer et de revenir le chercher au même endroit quelques jours plus tard. Le dimanche 19 janvier 1919, un épais brouillard retarde le décollage du Caudron G3 depuis Issy-les-Moulineaux. L’aviateur veut en effet être vu par les Parisiens et profite alors d’une éclaircie en fin de matinée pour s’envoler. Quelques minutes plus tard, l’aviateur parvient à se poser sur le toit des Grands Magasins, à 12 h 43 précises. Preuve que le défi était plus que risqué : l’appareil est arrêté dans sa course par les cages des ascenseurs qui se dressent sur la terrasse, à quelques centimètres seulement de la balustrade du toit, évitant à son pilote une mort certaine.
Un exploit resté dans l’histoire
Jules Védrines sort indemne de son biplace et vient alors de réaliser l’un des plus grands exploits jamais réalisés à Paris, et dans l’histoire de l’aviation. L’exploit est bien entendu immortalisé par les photographes, qui se sont tous regroupés sur le toit du bâtiment de la Société Générale, juste en face des Galeries Lafayette. De plus, la performance de Jules Védrines est saluée dès le lendemain par toute la presse française. Plein d’assurance, le pilote impressionne également en interview : à la question “Comment avez-vous fait ?”, il répond non sans humour “Rien de plus simple, on arrive, on regarde, on se pose. Il suffit de ne pas se tromper d’immeuble c’est tout”. Ajoutant une prestigieuse ligne de plus à son palmarès, il empoche la jolie récompense de 25 000 francs, comme convenu. Seul bémol à cette histoire exceptionnelle : il écopera d’une amende de 16 francs pour avoir survolé Paris, ce qui était pour rappel interdit à l’époque. Malheureusement, trois mois plus tard lors du vol d’inauguration de la ligne Paris-Rome à bord d’un bimoteur Caudron C-23, un des deux moteurs de l’avion tombe en panne et celui-ci s’écrase. Jules Védrines et son mécanicien ne survivent pas et le héros des Galeries Lafayette est enterré en grande pompe au cimetière de Pantin. Un défi supplémentaire qui aura été cette fois fatal à Védrines, dont l’exploit sur les toits de Paris est célébré encore aujourd’hui grâce à une stèle commémorative.
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Image à la une : Galeries Lafayette © Adobe Stock
