Savez-vous qu'un théâtre parisien a autrefois été créé à l'intérieur d'une baleine naturalisée ?
Un théâtre dans une baleine, c’est une histoire surréaliste qui a pourtant bien eu lieu à la fin du XIXe siècle… Après avoir été un succès sur les plages de Villerville et Trouville-sur-Mer, cette attraction s’est rapidement retrouvée au Casino de Paris !
Tout commence par un échouage
Cette drôle d’histoire commence sur une plage de Cricquebœuf, dans le Calvados. Le 21 octobre 1893, un jeune cétacé mâle de 10,5 mètres de long s’échoue sur le sable. L’animal, décrit comme une baleine bleue ou un rorqual commun, y meurt au bout de quelques heures. Cette histoire ne passe alors pas inaperçue aux yeux d’un certain Simon-Max, directeur du casino de Villerville, une commune voisine.
Une opportunité touristique
En effet, la commune de Villerville souffre du manque de tourisme, en raison de sa proximité avec les très célèbres plages de Deauville et Trouville-sur-Mer. À la fin du XIXe siècle, celle-ci n’est qu’un petit port de pêcheurs, dans lequel l’ancien casino a été détruit en 1886. Mais, à partir de 1889, un casino de bois de 120 mètres carrés y est construit avec, en tête, le fameux Simon-Max qui souhaite attirer une nouvelle clientèle.
À l’annonce de l’échouage de la baleine bleue sur la plage voisine de Cricquebœuf, celui-ci y voit alors une possible attraction pour les touristes. Il achète alors la dépouille à 400 francs, la fait dépecer, et vend certains de ses membres. Celui-ci contacte ensuite un taxidermiste pour naturaliser la carcasse : un an plus tard, le corps de la baleine est alors installé en face du casino pour attirer les curieux.
Un théâtre-baleine dans Paris
La baleine reconstituée a été rallongée afin de mesurer 17 mètres de long. L’objectif de Simon-Max était en effet de la naturaliser pour pouvoir entrer à l’intérieur : avec cette taille, celle-ci peut ainsi accueillir 80 à 100 visiteurs. Ouverte le 1er juillet 1894, l’attraction connaît un tel succès qu’elle est finalement installée à Trouville-sur-Mer, puis rejoint le Casino de Paris en novembre ! Nommée le “théâtre-baleine“, celle-ci devient à la fois un musée de coquillages et poissons naturalisés, ainsi qu’un théâtre d’ombres, une scène pour des tableaux vivants, du cabaret et des spectacles de marionnettes. Max-Simon y chante lui-même des chansons composées pour l’attraction, comme Les deux Jonas, ou Allons dans la baleine. Mais hélas, le baleine-théâtre est détruit lors d’un incendie au sein du Casino de Paris, dans la nuit du 25 au 26 février 1895.
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Image à la une : Le théâtre-baleine, 1894