
Cette imposante statue s’étend sur trois étages le long de la façade d’un immeuble du 3e arrondissement. Bien qu’elle ait de nombreuses similitudes avec les cariatides antiques, son identité reste encore trouble.
Une voie construite sous Haussmann
On se dirige vers une longue voie des 1er, 2e et 3e arrondissements qui a été percée en 1854, en même temps que le boulevard de Sébastopol, lors des grands travaux orchestrés par le baron Haussmann. Son nom renvoie à un épisode de la seconde guerre d’indépendance italienne qui s’est déroulé le 3 juin 1859, dans la ville de Turbigo. En effet, nous nous trouvons dans la rue de Turbigo, longue de 1 165 mètres, qui a pour but de relier la place de la République au quartier des Halles.

Une immense silhouette mystérieuse
Si vous vous promenez dans Paris, vous pouvez tomber sur cette impressionnante façade. Non pas impressionnante pour la forme de ses cette fenêtre ou de ses balcons de style haussmannien, mais surtout pour l’immense silhouette féminine qui est sculptée le long de trois étages. Drapée à l’antique, elle soutient le balcon situé juste au-dessus de sa tête, telle une cariatide grecque qui soutenait autrefois les entablements sur leur tête. Un doute plane tout de même sur sa véritable identité, puisque cette sculpture détient également des ailes, ce qui n’est habituellement pas le cas des cariatides… Est-ce plutôt un ange ? Le doute plane. Mais l’usage la désigne habituellement comme une cariatide.

Cariatide ou ange ?
On doit cette “cariatide” à un certain Auguste Emile Delange. Celui-ci a proposé son dessin lors d’un concours lancé par les Beaux-Arts de Paris en 1851. Au départ, la thématique était bien éloignée : en effet, à l’origine, il fallait concevoir un phare en hommage à Augustin Fresnel, le fondateur de l’optique moderne. Sept ans plus tard, en 1859, les Parisiens pouvaient ainsi découvrir cette grande sculpture, qui était tout aussi mystérieuse à l’époque.

Certains la surnommaient “le génie”, “l’ange bizarre“, ou dans l’argot, “la femme qu’a l’sac” en rapport à la petite bourse qu’elle tient dans la main droite. Pour certains, c’est une allégorie de la charité prête à donner aux pauvres dans cette rue commerçante créée en 1854. Mais dans sa main gauche, on peut aussi voir apparaître un brin de myrrhe, qui évoque les déesses grecques, un petit clin d’œil aux cariatides de l’acropole d’Athènes. Le mystère reste donc, mais une chose est sûre : cette sculpture de 5 mètres de haut, située au 57 rue de Turbigo, est la plus grande “cariatide” de Paris !
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Image à la une : La sculpture de la rue Turbigo – © Jamie Barras