
En bonne capitale de la gastronomie qu’elle est, Paris est réputée pour accueillir des restaurants parmi les plus prestigieux, mais aussi des adresses aux concepts toujours plus innovants. Mais cette réputation, la Ville Lumière l’a aussi acquise en étant le lieu de naissance de recettes emblématiques, qui continuent encore aujourd’hui de régaler petits et grands. Bon nombre de pâtisseries ont en effet été inventées dans les rues de la capitale, qu’il s’agisse du Saint-Honoré, de l’opéra, du mille-feuille ou encore des indémodables chouquettes. Mais un plat, qui ne cesse d’être revisité et qui agit toujours comme une Madeleine de Proust, a également vu le jour à Paris…
Qu’il y avait-il vraiment dans ce plat ?
Du pain, du jambon, de la crème fraîche et du fromage (plus quelques autres ingrédients que l’on peut rajouter pour personnaliser la recette)… voilà la base d’un plat dont la popularité ne faiblit pas : le mythique croque-monsieur. Incontournable de la cuisine française, présent à la carte de nombreux établissements et grand habitué des soirées en famille ou des réceptions, ce plat ne semble pas avoir pris une ride, malgré l’essor au fil des décennies des burgers et autres poke bowls. Cependant, un mystère demeure : d’où peut bien venir ce drôle de nom de “croque-monsieur” ? Selon la rumeur, l’histoire du plat débute à Paris vers 1910, dans l’une des brasseries du boulevard des Capucines surnommé le “Bel-Âge”. Un dénommé Michel Lunarca intègre l’établissement en tant que commis de cuisine et se retrouve, très vite, à la tête du restaurant. Le succès pour lui est tel que, satisfait de ses services, le propriétaire du bistrot lui lègue l’établissement, faute d’héritier. Furieux et jaloux, les autres restaurateurs du quartier lancent alors de folles rumeurs sur Lunarca, notamment qu’il a assassiné le propriétaire pour récupérer le restaurant. Mais l’une des plus folles, c’est qu’il a proposé de la viande humaine à ses clients, lui qui fut anciennement assistant boucher…

Un plat inattendu qui parvient même jusqu’à Marcel Proust
Envié par ses concurrents, le bistrotier que l’on surnomme “le Cannibale” devient pourtant le créateur du croque-monsieur… par un concours de circonstances. En manque de baguettes un midi, Lunarca choisit alors d’utiliser 2 tranches de pain de mie. En les passant au four, pour retrouver le croquant de la baguette, il ajoute comme d’habitude du jambon et du fromage. Face à cet étonnant choix, un client aurait alors demandé ce qu’était cette tranche de jambon, ce à quoi le patron aurait répondu qu’il s’agissait “de la viande de monsieur”. Amusés, les nombreux clients auraient alors commandé un “croque-monsieur” de bon cœur. Bien plus qu’une blague au final puisque, dès le lendemain, le restaurateur inscrit le “croque-monsieur” à la carte de son menu. Si l’on ne saura jamais si cette rumeur de cannibale était avérée ou non, une chose est sûre : le croque-monsieur n’a jamais quitté la carte des établissements parisiens. Le succès est tel que même Marcel Proust ne pourra s’empêcher d’évoquer cette recette surprenante. Dans son ouvrage À l’ombre des jeunes filles en fleur, il précise d’ailleurs que l’on ne dit pas des “croque-messieurs” lorsqu’il y en a plusieurs, mais bel et bien des “croque-monsieur”. Quelques années plus tard, il convient toutefois de trouver une compagne au croque-monsieur. En référence aux chapeaux que portaient les femmes à l’époque, on décide de garnir le croque-monsieur d’un œuf… et c’est c’est ainsi que naquit le croque-madame !
Les meilleures adresses à Paris pour déguster un croque-monsieur
Plus de 100 ans après sa surprenante création, le croque-monsieur reste donc une valeur sûre pour de nombreux établissements. Encore faut-il savoir où déguster les meilleurs de la capitale. Pour retrouver cette ambiance bistro, comme à l’époque de création du plat, on peut par exemple se régaler à la table de la brasserie Bellanger : de forme carrée, au pain de campagne, délicieusement gratiné au vieux comté et garni de jambon d’Auvergne, le régal est total. Pour les plus gourmands, le supplément œuf ou jambon truffé, le tout accompagné d’une salade de jeunes pousses et de frites, pour une pause déjeuner réussie. Pour les dégustations encore plus rapides, une version street-food existe, et il faut pour cela se rendre dans le Faubourg Saint-Antoine. Chez Papo, le croque se déguste dans un bun, ou papo seco comme on dit en Lusitanie, fait maison. Si celui-ci est tout rond, on ne peut qu’apprécier la mie presque briochée, le fromage fondu filant et l’ensemble parfaitement fourni. Mais qui a dit que le croque-monsieur ne pouvait pas être chic ? Chez Petrossian, dans le 16ème arrondissement, celui-ci se présente garni de mozzarella di Buffala et de caviar… tout simplement ! Ces dernières années, la recette a également connu un joli regain de succès avec l’implantation dans plusieurs grandes villes de France de bars à croque-monsieur. Simple mais jamais à court de surprises, cette recette typiquement parisienne n’a donc pas fini de régaler petits et grands !

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Image à la une : Histoire Croque-Monsieur © Adobe Stock