En tant que capitale de la France, Paris se doit d’être à la hauteur pour ses habitants et les millions de curieux touristes qui viennent découvrir la ville chaque année. Cela passe par la tenue d’événements importants, qu’ils soient sportifs, culturels ou artistiques. À côté de ça, pas une semaine ne se passe sans que des spectacles, des concerts ou autres représentations soient organisés dans les nombreuses salles de la capitale. Divertir les Parisiens, c’est la très noble mission qu’ont certains bâtiments parisiens, comme cette illustre salle située dans le 11ème arrondissement…
L’une des constructions parisiennes les plus emblématiques du XIXe siècle
C’est au 110 de la rue Amelot que l’on ne peut louper cet impressionnant polygone sublimé par des colonnes et les deux statues, au niveau de la porte d’entrée, de cavaliers qui évoquent un temple romain : bienvenue au Cirque d’Hiver. Un superbe vestige qui date en fait du Second Empire, et qui est l’œuvre de l’architecte Jacques-Ignace Hittorff, à qui l’on doit aussi la gare du Nord ou la Fondation Eugène Napoléon à Paris. Son histoire remonte à 1851, lorsque Louis Dejean, déjà propriétaire d’un cirque d’été aux Champs-Elysées, décide de se faire construire un cirque pouvant accueillir ses spectacles en hiver. Grâce à l’intervention du duc de Morny, demi-frère du futur Napoléon III, il en obtient l’autorisation en décembre 1851. Ce nouveau cirque est finalement construit sur un terrain disponible à l’emplacement d’un grand réservoir construit en 1740 pour le nettoyage du Grand Égout par une chasse périodique de l’eau et détruit en 1779. Les travaux débutent le 17 avril 1852 et durent huit mois, avant que le prince Louis-Napoléon inaugure, le 11 décembre suivant, le cirque auquel il va donner son nom.
Terre d’accueil des plus numéros de l’histoire du cirque français
Avant de s’appeler le Cirque d’Hiver Bouglione, ce majestueux monument du 11ème arrondissement s’est en effet appelé “le Cirque Napoléon”. Véritable prouesse architecturale, la salle de spectacle est donc un polygone à vingt côtés percés de quarante fenêtres, d’un diamètre de quarante-deux mètres, avec une charpente en bois sans point intermédiaire. Éclairée par vingt-et-un lustres à gaz, la salle est à l’origine conçue pour accueillir 5 900 personnes. Toutefois, elle verra sa capacité d’accueil être réduite à 1 650 places, encore en vigueur aujourd’hui, suite aux normes de sécurité incendie contemporaines. Dignement décoré, le cirque Napoléon est habillé de décorations intérieures et extérieures confiées aux grands sculpteurs et peintres de l’époque : James Pradier pour le bas-relief des amazones, Francisque Duret et Astyanax Scaevola Bosio pour les guerriers à cheval ou encore Antoine Laurent Dantan pour les bas-reliefs. Ouvert de novembre à avril, le cirque propose tous les soirs un grand spectacle, composé d’une démonstration équestre, de danses, de pantomimes et de dressage d’animaux sauvages qui fera sa renommée. Le cirque Napoléon accueille ainsi de grands numéros de l’histoire du cirque français : l’Auguste Auriol, le clown Kemp, les éléphants de Cooke, le dressage d’animaux sauvage par melle Borelly, Léotard (créateur du premier numéro de trapèze volant en 1859), l’écuyer Laszewski ou encore le belle Otéro… Dès 1861, le cirque Napoléon sert aussi les dimanches d’hiver de salle de concert.
Un passage au grand écran avant le retour aux premiers amours du cirque
Ce n’est qu’avec la chute de l’Empire en 1870 que le cirque prend l’appellation de Cirque National, puis de Cirque d’Hiver en 1873, sous la nouvelle direction de la famille Franconi. Dans le même temps, les Concerts Populaires de musique classique sont lancés, offrant ainsi l’occasion d’écouter les chefs-d’œuvre de Beethoven, Mozart, Weber ou Mendelssohn. En 1907, tandis que les lustres à gaz sont remplacés par les globes électriques, une salle de cinéma pour la Société Pathé est installée dans le cirque, où ce n’est plus que sur écran que les fauves et crocodiles font frémir les spectateurs. Il faut finalement attendre 1923, et l’arrivée de Gaston Desprez, pour qu’un programme de cirque soit remis en place, en plus d’une restauration complète du bâtiment. Les gradins en bois sont remplacés par des structures en béton, les peintures sont refaites, les installations électriques et techniques rénovées, et le 28 octobre 1934, les quatre frères Bouglione reprennent le Cirque d’Hiver. De grands artistes s’y produisent, de Pauline Borelli, la première dompteuse, à l’écuyère Émilie Loisset, en passant par Jules Léotard, Achille Zavatta ou Albert Rancy. Depuis, c’est d’ailleurs la même dynastie Bouglione qui fait perdurer les lieux avec passion… pour le plus grand plaisir des amoureux de spectacles mêlant sensations fortes et humour !
Cirque d’Hiver
110 rue Amelot
75011 Paris
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Image à la une : Cirque d’Hiver © Adobe Stock