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Ce parc d’attractions du XVIIIe siècle pouvait accueillir jusqu’à 40 000 personnes sur les Champs-Élysées

The Grand Walk, Vauxhall Gardens, London - peinture de Giovanni Antonio Canal © Compton Verney Art Gallery
Par Alexandre M

Plus grand amphithéâtre jamais construit durant l’Empire romain, le célèbre Colisée de Rome a accueilli durant plus de cinq siècles des spectacles de fauves, des combats de gladiateurs et des représentations de batailles toujours plus colossales et impressionnantes. Différentes théories affirment même que le Colisée se remplissait d’eau pour des représentations de batailles navales. Et maintenant, si l’on vous disait que Paris a également connu son propre Colisée avec une programmation digne de son glorieux aîné romain ?

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Des établissements typiques du XVIIIe siècle

C’est au XVIIIe siècle que la vogue des Vauxhall Gardens, ces établissements de divertissements organisés autour d’un pavillon de concert et d’un bal de plein air ou en salle, se répand d’abord en Angleterre avant de s’étendre sur le continent. Une expansion due à l’évolution des mœurs vers davantage de sociabilité et de plaisir, en même temps que la bourgeoisie naissante refuse désormais de se mêler aux divertissements du peuple qui, de tout temps, danse en plein air ou sous des tonnelles dressées sur des places publiques. Un Vauxhall comprenait pour l’essentiel un parquet de danse et une tribune permettant d’abriter un orchestre, le tout entourés de promenoirs et de colonnades. Pour répondre à la demande du public, on trouvait également des salons particuliers, des magasins de frivolités, des cabinets de lecture où l’on pouvait lire la presse internationale, tandis que le décor mettait à l’honneur les traditions baroques, avec guirlandes, rocailles, bosquets, jets d’eau et jeux de miroirs. Si le terme de Vauxhall Gardens ne fut appliqué qu’à partir des années 1780, la plus ancienne mention d’un tel lieu nous renvoie au New Spring Garden de Londres, datant de 1661 et réaménagé en 1732. Le succès de cette attraction suscita évidemment l’envie de le reproduire, notamment en France. 

Vauxhall Gardens par Thomas Rowlandson (1786) © Alamy
Vauxhall Gardens par Thomas Rowlandson (1786) © Alamy

L’attraction-phare des Champs-Élysées

En août 1764, un “jardin d’amusements” vit le jour sur le boulevard du nord du côté de la rue du Temple par l’artificier italien Giovanni Battista Torré, que le public appela d’emblée le Vauxhall de Torré. Plus tard, les frères Ruggieri créèrent ensuite un Vauxhall d’hiver qui s’installa en 1769 à la foire Saint-Germain. On y trouvait un salon chinois ou encore un café turc, pour une entrée coûtant une livre seize sols ou via abonnement pour une somme mensuelle de cinq à neuf livres. Mais le phénomène prend une toute autre tournure en 1771, lorsqu’est inauguré le luxueux Colisée dans le quartier des Champs-Élysées. Une compagnie réunie par un certain Achard fut constituée afin de créer un établissement dont le luxe dépasserait tout ce qui avait été fait dans ce genre. De plus, le mariage annoncé du Dauphin et de l’archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche laissait entrevoir une période de réjouissances publiques favorables à l’ouverture d’une telle attraction. La compagnie acquit alors un vaste terrain dans le quartier des Champs-Élysées, déjà fameux pour ses cafés, ses guinguettes et ses maisons de jeux, qui se situait entre ce qui est aujourd’hui le rond-point des Champs-Élysées, l’avenue Matignon et la rue Jean-Mermoz. Si l’établissement ne put être inauguré pour la mariage qui eut lieu en mai 1770, il le fut toutefois en mai 1771 pour celui du comte de Provence et de Marie-Joséphine de Savoie. Éclairé par 2 000 bougies, l’établissement pouvait accueillir jusqu’à 40 000 personnes et l’on y trouvait des cafés, des cirques, des boutiques de bibelots et de curiosités, une salle de spectacles, un bal et des feux d’artifice. Ouvert les jours fériés de l’été de 16 heures à 22 heures, l’entrée du Colisée coûtait 30 sols.

Une fête au Colisée - Dessin de Gabriel Jacques de Saint-Aubin © RMN Musée du Louvre / Département des arts graphiques
Une fête au Colisée – Dessin de Gabriel Jacques de Saint-Aubin © RMN Musée du Louvre / Département des arts graphiques

Une clientèle bourgeoise de renom mais insuffisante pour faire perdurer le monument

Devenant très vite “le rendez-vous de tous les jeunes élégants de Paris”, c’est au Colisée que l’on pouvait croiser le duc d’Uzès, le duc de La Vrillière, la comtesse de Langeac, des actrices, chanteuses ou danseuses connues comme Mlle Lafond, la Guimard, la Dupin ou encore Mlle Maure. La Reine de France Marie-Antoinette elle-même s’y rendit le 14 août 1776 accompagnée du comte de Provence (futur Louis XVIII), du comte d’Artois (futur Charles X) et de Mme Élisabeth. Une clientèle prestigieuse pour un cadre qui vend du rêve : inspiré des monuments romains, on y entrait par par un immense parvis encadré par une colonnade rappelant celle de la basilique Saint-Pierre de Rome. Au centre, une rotonde de 25 mètres de diamètre, couverte d’une coupole surbaissée, servait de salle de bal, tandis que quatre cafés circulaires évoquaient les quatre parties du monde par leurs décors. Aussi fastueux soit-il, le Colisée se trouvait toutefois dans un quartier encore excentré où rôdeurs et prostituées étaient nombreux. Pas de quoi rassurer le public bourgeois, peu enclin à s’y aventurer à la tombée de la nuit. De quoi expliquer le rapide déclin du lieu, ajouté aux frais considérables de travaux et de consommation d’eau et d’électricité. De quoi faire écrire à Louis-Sébastien Mercier, dans son Tableau de Paris : “Notre Colisée, après dix ans, tombe en ruine. L’intérieur de ce caravansérail était triste ; des symphonies monotones, des danses misérables ou puériles, des joutes sur une eau sale et bourbeuse ; des feux d’artifice sans variété ; une cohue fatigante ou un vide ennuyeux, voilà tout le divertissement de ces sortes d’endroits…” Toutes les constructions furent démolies, à l’exception d’un pavillon qui devint une sorte de guinguette sous le nom de Salon de Flore. Aujourd’hui, seul un léger détail rappelle l’existence de ce fastueux site qui enchanta les soirées de la population bourgeoise : la rue du Colisée, qui commence avenue des Champs-Élysées et se termine rue du Faubourg-Saint-Honoré.

Une Fête au Colisée, dessin de Gabriel Saint-Aubin © Wallace Collection
Une Fête au Colisée, dessin de Gabriel Saint-Aubin © Wallace Collection

 

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Image à la une : The Grand Walk, Vauxhall Gardens, London – peinture de Giovanni Antonio Canal © Compton Verney Art Gallery

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