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Connaissez-vous vraiment la place du Tertre, lieu mythique de Montmartre ?

La place du Tertre - © Adobe Stock

Lieu emblématique de Montmartre, la place du Tertre est aujourd’hui un incontournable pour les touristes. Délaissée par les habitants, elle fut longtemps un lieu de vie central pour les Parisiens. Protégée par les abbesses de Montmartre avant d’être le repaire des artistes bohèmes, cette place, bien que charmante, a, malheureusement, peu à peu perdu son authenticité… On vous raconte l’histoire derrière l’image de carte postale.

 

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Un lieu-dit chargé d’histoire

Dès 1336, les plans de Paris mentionnent un lieu-dit appelé « Le Tertre », situé sur la butte Montmartre. À l’époque, cet espace est en partie occupé par le cloître de l’abbaye de Montmartre. Les religieuses, soucieuses de préserver le site, plantent des arbres qu’elles protègent rigoureusement. Toute atteinte à cet espace était passible d’une amende. Le Tertre devient même le théâtre de plusieurs pendaisons publiques, la dernière ayant eu lieu en 1775.

Après le déménagement de l’abbaye en 1686 vers la place des Abbesses, la place connaît une transformation progressive. Quelques maisons y sont construites au XVIIIᵉ siècle, mais elles sont rasées au XIXᵉ. En 1863, lorsque Montmartre est annexée à Paris, des projets visant à élargir la rue Norvins menacent de faire disparaître le Tertre. Heureusement, ces plans sont abandonnés, préservant ainsi cette place historique.

Une légende russe et l’apparition des bistrots

Une anecdote populaire entoure la place du Tertre : après la défaite de Napoléon en 1814, Paris est occupée par les Russes. Selon la légende, les officiers auraient pris l’habitude de fréquenter les cafés entourant la place. Pressés de se faire servir, ils auraient crié « Bistro ! Bistro ! », signifiant « vite » en russe. Ce mot serait ensuite passé dans l’argot parisien pour désigner ces établissements typiques.

La place et la Commune de Paris

La place du Tertre joue également un rôle pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Transformée en parc d’artillerie, elle accueille 171 canons de la Garde nationale. Cependant, lorsque le gouvernement ordonne leur récupération en 1871, les gardes nationaux refusent d’obéir, marquant le début de la Commune de Paris. Ce soulèvement historique laisse une empreinte durable sur la place et la mémoire collective.

L’âge d’or de la bohème artistique

À la fin du XIXᵉ siècle, Montmartre devient le quartier emblématique des artistes qui loge ici ou dans les cités d’artistes comme La Ruche. La place du Tertre est alors au cœur d’une vie bohème intense. Les loyers abordables et les nombreux ateliers attirent peintres, sculpteurs et écrivains, tels que Suzanne Valadon, Maurice Utrillo, Pablo Picasso, ou encore Vincent Van Gogh.

Les cabarets et guinguettes, comme le Lapin Agile, fleurissent dans les anciens moulins, tandis que la place du Tertre devient un lieu de convivialité où les artistes se rassemblent. Certains, comme le sculpteur Maurice Drouard, y trouvent même domicile.

La place des peintres, entre authenticité et tourisme

Aujourd’hui, la place du Tertre est mondialement connue pour ses peintres et caricaturistes. Pourtant, son aspect a considérablement changé. Si la mairie a créé un « carré d’artistes », divisé en 140 emplacements d’un mètre carré, les terrasses des restaurants prennent de plus en plus d’espace, restreignant celui des artistes.

Les peintres doivent payer une redevance mensuelle d’environ 600 euros pour exercer, une somme qui ne cesse de croître avec l’afflux touristique. Bien que ces mesures aient permis de réguler l’occupation de la place, elles soulèvent des interrogations sur l’équilibre entre préservation culturelle et développement touristique.

Un symbole à deux visages

La place du Tertre, avec ses ruelles pavées et son ambiance pittoresque, reste un lieu incontournable de Montmartre. Cependant, elle illustre également les tensions entre mémoire historique, vie locale et tourisme de masse. Si elle demeure un symbole de la bohème parisienne, son authenticité s’efface peu à peu derrière les stéréotypes.

Alors, lors de votre prochaine visite, prenez le temps d’admirer les œuvres des artistes, mais n’oubliez pas de contempler l’histoire qu’elle porte en ses pierres. Chez Paris ZigZag, on a un petit coup de coeur pour Chez Eugène, une brasserie – cave à vin qui y est installée. Loin de la brasserie attrape-touriste, on y mange et on y boit très bien ! Un bon moyen pour se ré-approprier ce lieu mythique.

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