En attendant de voir la maire de Paris faire le grand saut lors des JO 2024, revenons sur les épisodes de crues historiques qui montrent que la Seine n’est pas toujours le fleuve tranquille auquel nous sommes accoutumés. Lorsque la nature se déchaîne, les retombées peuvent être catastrophiques et même la Ville Lumière n’est pas épargnée.
Catastrophe naturelle
La crue est, en moyenne, un phénomène qui se produit chaque siècle, bien que certains soient plus marqués que d’autres. Un épisode mémorable est celui de janvier 1910, dernier débordement d’envergure à Paris. Cette grande crue, que l’on caractérise de centennale, se démarque par sa couverture (720 hectares de superficie) et sa durée : celle-ci s’étend sur plusieurs mois et perturbe considérablement l’activité économique et urbaine dans la capitale. Liée aux mois pluvieux de l’automne 1909, elle débute le 18 janvier 1910 : la navigation sur la Seine est interrompue dans les heures qui suivent, ainsi qu’une interruption du tramway et du métro jusqu’au mois d’avril. Le réseau ferroviaire est également touché. Le 28 janvier, l’eau atteint 8,6 m après des mesures effectuées au pont d’Austerlitz. Barques, pontons de fortune, les Parisiens tentent tant bien que mal de sortir la tête de l’eau. Le bilan global s’élève à une quinzaine de décès recensés, 20 000 immeubles inondés, 30 000 maisons touchées en banlieue et plus de 15 000 personnes sinistrées. L’étendue des dégâts est estimée entre 1,5 et 2 milliards d’euros convertis (OCDE), mais si la crue s’était produite aujourd’hui, les dommages financiers auraient été évalués à plus de 30 milliards d’euros (OCDE).
La crue à l’heure du modernisme
Mais d’autres épisodes d’envergure ne sont pas à négliger : la crue de mars 1658 est régulièrement considérée comme la plus importante ayant eu lieu à Paris, avec une eau plus élevée de 30 à 50 cm par rapport à 1910 ; la mesure effectuée au pont d’Austerlitz indique ainsi 8,96 m. En janvier 1924, l’épisode est court mais intense avec 7,32 m mesurés au même endroit. En janvier 1955, à la suite de tombées de neige et de pluies abondantes, la Seine déborde et atteint un pic de 7,12 m : les rues sont majoritairement épargnées grâce à la création de bassins-réservoirs pouvant retenir de l’eau en grande quantité lors de crue. En janvier 1982, un automne et un hiver humides ponctués de pluies intenses entraînent un nouvel épisode de crue début janvier, mais les barrages permettent de retenir plus de 660 millions de mètres cubes d’eau malgré des coupures de courant en Ile-de-France et en Normandie. En juin 2016, une nouvelle crue d’envergure européenne provoque la fermeture de musées prestigieux tels que le Louvre et Orsay à Paris, qui évacuent de nombreuses œuvres provenant de leurs fonds. Le bilan humain est de cinq morts et de 24 blessés en France. Le dernier épisode similaire survenu dans la capitale remonte à 2018.
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Image à la une : Crue, Paris © Franck Legros / Adobe Stock
Sources : Contrepoints, hauts-de-seine.fr, Météo France, Le Point
Julien Mazzerbo