Paris n’est pas seulement une capitale où trônent des monuments mondialement célèbres comme la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe ou le Panthéon. Les grands amoureux de la Ville Lumière savent aussi que la capitale est un formidable repère de lieux insolites, certains bien cachés, dont l’histoire nous renvoie parfois plusieurs siècles en arrière. Comme dans toute bonne chasse au trésor, il faut simplement savoir bien chercher et où aller pour tomber sur ces pépites. En ce qui concerne les lieux de cultes par exemple : Paris n’en manque pas, et certains sont bien plus étonnants, voire inattendus, que l’on pourrait le croire…
Un style reconnaissable à plusieurs mètres
S’il n’est pas forcément le premier qui vient en tête lorsqu’il s’agit d’organiser une journée à Paris, le 20ème arrondissement est un quartier qui regorge pourtant de lieux remarquables. Ayant conservé cette atmosphère de petit village, l’arrondissement peut compter sur des endroits historiques tels que le cimetière du Père-Lachaise, le Pavillon de l’Ermitage ou La Bellevilloise, une ancienne coopérative ouvrière devenue lieu de culture, indépendant et multidisciplinaire. Et si l’on pense aussi à l’église Saint-Germain de Charonne, la seule église de Paris à avoir conservé son cimetière paroissial, en termes de lieux de culte, une autre église attire instantanément notre regard en passant à proximité. Unique en son genre, l’église Saint-Jean Bosco trône en plein cœur du quartier de Charonne dans le 20ème arrondissement. Un édifice facilement reconnaissable par son style Art Déco, bien loin de l’architecture classique ou gothique d’autres églises de la capitale. Dès l’entrée, le clocher de 53 mètres de haut confère à l’édifice un caractère monumental, et témoigne parfaitement des recherches artistiques et architecturales de l’Art Déco. De plus, la blancheur du béton détonne totalement avec les bâtiments alentour, ce qui tend encore plus à attirer notre regard vers cette église unique.
Un édifice pensé pour les populations ouvrières et défavorisées
C’est sous l’impulsion et la ténacité du Père Siméoni que l’architecte roumain Dumitru Rotter et son fils René réalisent cette église, en s’inspirant du travail d’Auguste Perret, qui avait dessiné l’église Notre-Dame du Raincy située en Seine-Saint-Denis. L’église Saint-Jean Bosco s’inscrit même dans les “chantiers du Cardinal”, un programme imaginé dès 1931 par le cardinal Verdier, dont l’objectif était de construire à Paris et dans sa banlieue des églises pour les populations ouvrières et défavorisées. Ce soixantième édifice des “chantiers du Cardinal” fut ainsi édifié entre 1933 et 1937. Le premier abbé de la paroisse fut le très actif père Vincent Siméoni, notamment parce qu’il prit en main le chantier avec les maîtres d’œuvre. Son projet initial était grandiose, mais seule l’église fut bâtie. À l’origine, cette église est gérée par la congrégation des Salésiens, société de Saint-François de Sales créée par Jean Bosco et consacrée par le Vatican en 1860. Les Salésiens se destinent à l’accueil et à l’éducation des jeunes garçons, notamment les orphelins, puis également aux jeunes filles à partir de 1872. Quant à Jean Bosco, dont l’église adopte encore aujourd’hui le nom, ce prêtre né dans une famille modeste du Piémont est donc le fondateur de la société dite “de Saint-François de Sales” ou “Salésiens”, et d’un institut de femmes, connu comme les “Salésiennes”. Ayant voué sa vie à l’éducation des jeunes enfants issus des quartiers défavorisés, il est considéré comme saint pour ses dons de prophétie et ses guérisons et fut canonisé le 1er avril 1934.
Un incroyable diversité de décors et des vitraux spectaculaires
Si l’église du 20ème arrondissement est reconnue comme un parfait représentant de l’Art Déco, c’est aussi grâce à son intérieur. Peintures murales, fresques, mosaïques, vitraux et statues, l’intérieur de l’église propose une incroyable diversité de décors réalisés par les plus grands artistes d’art religieux de l’époque : Mauméjean pour l’ornementation, Gaudin pour les vitraux ou Subes pour les ferronneries. Tous les codes Art Déco sont bien entendu cochés, à savoir la symétrie parfaite, les tons chauds et dorés et la grande diversité dans les décorations. Parmi les œuvres à ne pas louper, le baptistère et la scène du “baptême du Christ” est assurément l’un des ensembles les plus réussis de l’église, les différents vitraux, ou encore l’autel et la chaire. Autant d’éléments mis en valeur par les piliers en béton armé, tandis que l’espace entre ces piliers porteurs est couvert par la brique. La lumière étant essentielle dans une église, les nombreux vitraux et mosaïques viennent chaleureusement illuminer du sol à la voûte la moindre parcelle du lieu de culte, offrant ainsi un spectacle plus mémorable dans l’un des plus beaux exemples de l’art religieux des années 30.
Église Saint-Jean Bosco
79 rue Alexandre Dumas
75020 Paris
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Image à la une : Église Saint-Jean Bosco © Bertrand Gardel / Hemis via AFP