Finis les déchets par terre ! En 1883, le préfet de Paris Eugène Poubelle publie un arrêté qui révolutionnera la vie des Parisiens, diminuera les odeurs et maladies : la poubelle est née. Paris ZigZag vous raconte.
Un parcours atypique
Né le 15 avril 1831 dans une famille bourgeoise installée à Caen, Eugène René Poubelle n’envisageait sans doute pas une carrière dans l’administration… Après des études de droit, il devient chargé de cours au sein de plusieurs universités françaises. Professeur émérite, Eugène Poubelle ne débute sa carrière administrative qu’à l’aube de ses quarante ans, lorsqu’Adolphe Thiers, tout juste arrivé à la présidence française en 1871, le nomme Préfet de la Charente. S’ensuivent de multiples affectations préfectorales aux quatre coins de la France. En 1883, Eugène Poubelle prend la succession de l’éphémère Louis Oustry en tant que Préfet de la Seine, l’équivalent du Maire de Paris, essentiel au bon fonctionnement de la capitale.
L’hygiène, sa priorité
Arrivé à la tête du département en octobre, Eugène Poubelle – qui se révélera particulièrement préoccupé par la propreté – n’attend pas bien longtemps pour chambouler le quotidien des Parisiens grâce à sa mesure-phare, le ramassage des déchets. Dès le 24 novembre 1883, il publie l’arrêté préfectoral qui fait de lui ce qu’il est aujourd’hui : le père de la poubelle !
Cet arrêté oblige les propriétaires parisiens à mettre à la disposition de leurs locataires “un récipient de bois garni à l’intérieur de fer blanc” muni d’un couvercle et destiné à recevoir les ordures ménagères. Il est également prévu de procéder à un ramassage quotidien de ces récipients et à un tri sélectif : une première boîte contiendra les déchets alimentaires, une seconde sera dédiée aux chiffons et papiers. Une troisième, enfin, contiendra les débris de vaisselle, de verre, de poterie et les coquilles d’huîtres.
Mais, la mesure ne fait pas l’unanimité… On reproche au Préfet de vouloir récupérer le marché des “chiffonniers”, d’imposer des dépenses supplémentaires aux propriétaires et un surcroît de travail aux concierges chargés de sortir ces nouveaux récipients. Le peuple, comme la presse, s’insurge contre cette mesure jugée malhonnête et dangereuse pour la survie de nombreux métiers. L’un des éditos les plus virulents sera publié au lendemain de la mise en oeuvre de l’arrêté, le 16 janvier 1884, dans le quotidien Le Figaro. Le journaliste Georges Grison y évoque les récipients demandés par le préfet à ces administrés parisiens sous le nom, particulièrement péjoratif à ce moment-là, de “boîtes Poubelle”.
Ironie de l’histoire, c’est après cet article très virulent contre le préfet Poubelle que son nom entrera dans le quotidien des Parisiens : très rapidement devenu un nom usuel, le mot “poubelle” intégrera le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle dès 1890. Aujourd’hui, on aurait du mal à trouver un autre mot pour parler de nos boîtes à ordures !
Poursuivant son combat pour un Paris plus propre et plus hygiénique, le préfet Poubelle mettra également en oeuvre les premiers arrêtés imposant le “tout-à-l’égout”, avant de quitter son poste parisien.