Aujourd’hui oublié, Ferdinand Jacopozzi a pourtant émerveillé la Ville-Lumière avec ses illuminations recouvrant les monuments, grands magasins et cinémas parisiens au début du XXe siècle. Né en Italie, cet ingénieur s’installe dans la capitale française au moment de l’Exposition universelle de 1900, qui célébrait l’invention de l’électricité. Fasciné, il deviendra l’un des principaux décorateurs des façades, jouant sur des effets de lumière et de mouvement, pour faire de Paris une véritable fête.
Découverte de la Ville-Lumière
Né le  à  Florence, Fernand Jacopozzi grandit dans une famille aisée de sept enfants. Rêvant de quitter l’Italie pour rejoindre la capitale française, le jeune homme prétend fuir un mariage arrangé pour s’installer à Paris en 1900, en plein dans la Belle Époque. En effet, celle que l’on surnomme la “Ville-Lumière” resplendit dans le monde entier, avec ses expositions universelles, ses centres artistiques et ses innovations techniques.
Charmé, Ferdinand Jacopozzi découvre l’Exposition universelle de 1900 mettant l’électricité à l’honneur. Monuments, pavillons et avenues sont enjolivés par des éclairages éblouissants, tandis que sur le Champ-de-Mars, le palais de l’Électricité est éclairé par 5 000 ampoules à incandescence et des fontaines colorées par l’ingénieur Henri Beau. Fasciné, le jeune italien est décidé à apprivoiser lui aussi la Fée électricité.
Les premiers éclairages
Décidé à faire carrière à Paris, Ferdinand Jacopozzi lance sa première société en 1903 sous le nom Jacopozzi et Cie. Installée dans la rue Popincourt puis rue Saint-Anne, celle-ci est alors spécialisée dans la décoration de devantures et d’enseignes pour les magasins, à travers la fabrication d’armoiries, de médailles, de lettres en émail, de lambrequins ou de vitraux.
En parallèle, il est engagé en tant qu’ingénieur électricien par les ateliers Paz & Silva, qui sont parmi les premiers à concevoir des enseignes électriques et des illuminations pour l’espace urbain. Devenu directeur artistique, il réalise plusieurs décorations originales et inventives sur les monuments, qui le font connaître du grand public.
Faire de Paris une fête
Face au succès de ses décorations électriques, l’ingénieur décide de fonder les Établissements Jacopozzi en 1907, au 78 rue du Chemin-Vert. Passionné par les arts du spectacle, il réalise l’éclairage du Théâtre national ambulant de Firmin Gémier, conçoit l’aménagement des nouvelles salles de cinématographe, telles que le Passy cinéma-théâtre ou le cinéma des Nouveautés Aubert-Palace.
Les Grands Magasins et les monuments sont aussi friands de ses illuminations : celles-ci apparaissent alors sur toutes les façades, entre les Grands Magasins du Louvre ou le Bon Marché, mais aussi sur la toute nouvelle tour Eiffel ou la cathédrale Notre-Dame. Et dans une capitale plongée dans l’obscurité durant la Grande Guerre pour éviter les bombardements nocturnes, Jacopozzi aurait même été chargé de réaliser un faux Paris pour tromper l’ennemi et détourner les attaques aériennes !
La lumière en mouvement
En pleine révolution de l’industrie électrique, Fernand Jacopozzo triomphe avec des éclairages audacieux représentant des saynètes féériques et colorées. Grâce à des jeux de lumière, ces décorations créent l’illusion d’un mouvement : les Établissements Jacopozzi ont ainsi inventé un dispositif semblable à la boîte à musique permettant l’allumage et l’extinction des ampoules dans un rythme régulier.
Et avec l’invention du néon par Georges Claude dans les années 1920, Jacopozzi décide de mêler ses ampoules à ces nouveaux tubes luminescents pour diversifier ses effets inventifs, dont certains ont pu être capturés par des opérateurs de l’époque.
Romane Fraysse
À lire également : Les expérimentations photographiques de Léon Gimpel à la Belle Époque
Image à la une : Décor lumineux des Magasins du Louvre par les Établissements Jacopozzi, Paris, Léon Gimpel, plaque de verre autochrome, collection Rijksmuseum. DR