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21 coups de canon, 1168 délégations, 2 millions de Français : les funérailles hors du commun de cet écrivain ont bouleversé Paris !

Funérailles Victor Hugo © Guiaud / Musée Carnavalet

Chef de file du romantisme français, personnalité politique et culturelle à l’engagement intense sur des sujets aussi sensibles que la peine de mort ou la misère et romancier de classiques qui continuent d’inspirer encore aujourd’hui, Victor Hugo fait partie de ces grands noms du patrimoine français qui ont énormément marqué Paris. Pas seulement de son vivant, où plusieurs adresses dans la capitale sont indissociables de l’auteur des Misérables… mais également le jour où le tout-Paris a appris avec stupeur sa disparition.

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Une annonce qui émeut toute la France

Nous sommes le 22 mai 1885 lorsque Victor Hugo décède à 83 ans et cette figure emblématique du XIXe siècle va avoir droit à des funérailles dignes des plus grands rois et empereurs. De quoi aller à l’encontre…de ce qu’il voulait justement ! L’écrivain farouchement opposé à l’Empire avait en effet déclaré dans son testament vouloir “donner cinquante mille francs aux pauvres, être porté au cimetière dans leur corbillard, refuser l’oraison de toutes les églises et demander une prière à toutes les âmes”. Mais du fait de son immense popularité, notamment vis-à-vis du peuple, difficile que les funérailles de Victor Hugo passent inaperçues… Tout d’abord, la quasi-totalité de la presse parisienne porte le deuil de l’écrivain après l’annonce de son décès de Victor Hugo. Une quinzaine de journaux affichent un cadre noir en Une de leur édition du 23 mai 1885. Le journal Le Rappel, fondé par Victor Hugo lui-même, portera même le deuil jusqu’au jour des funérailles. Le recueillement est unanime, de même que chez les différentes classes sociales. Journal parisien du XIXe siècle, le quotidien Gil Blas narre une scène populaire suite au décès de Victor Hugo : “Des ouvriers se découvrirent respectueusement, des vieillards se mirent à pleurer silencieusement, des grandes dames coudoyant des femmes du peuple s’unirent à elles dans un même sentiment de désespoir.” Des scènes qui illustrent la forte popularité d’Hugo auprès du peuple, qu’il mettait régulièrement en avant dans ses œuvres. Pour célébrer cet auteur fondamentalement républicain, on raconte également que de nombreux drapeaux républicains, bleu-blanc-rouge, furent accrochés à toutes les fenêtres de Paris.

Une presse unanime pour saluer la mémoire de Victor Hugo © RetroNews / BnF 
Une presse unanime pour saluer la mémoire de Victor Hugo © RetroNews / BnF

L’organisation express de funérailles mémorables

Aussi unanime soit-il, ce deuil partagé par le peuple et la presse n’est que la première étape de ces funérailles entrées dans l’Histoire de Paris. Victor Hugo incarne à double titre l’image du Grand Homme, à la fois personnalité démocratique et héros romantique et solitaire, opposant obstiné au Second Empire depuis son exil de Guernesey. Sa longévité lui a par ailleurs conféré cette figure bienveillante du grand-père et la consécration des manuels scolaires, dans une France où l’instruction primaire s’est démocratisée. Deux jours après le décès de l’auteur de Notre-Dame de Paris, la question de l’organisation de funérailles nationales est votée à la Chambre des députés. Preuve supplémentaire que le sujet est d’importance, ce vote s’est fait à 415 voix sur 418. Si l’inhumation est initialement prévue au cimetière du Père-Lachaise, repère de grands noms et de tombes insolites, le député Anatole de La Forge propose qu’elle se fasse plutôt là où reposent déjà les Grands Hommes : le Panthéon. Une proposition acceptée le 27 mai, permettant également au gouvernement républicain de désacraliser le Panthéon, qui avait repris le culte sous le Troisième Empire. En préambule de la cérémonie prévue le 1er juin, le cercueil de Victor Hugo est exposé, voilé de noir, sous l’Arc de Triomphe la nuit précédente. L’occasion pour de nombreux Parisiens de venir se recueillir ou déposer des fleurs.

2 millions de Parisiens dans les rues pour dire adieu 

Le 1er juin 1885 est donc le jour où l’on célèbre une dernière fois Victor Hugo, auteur de grands classiques tels que Notre-Dame de Paris, Le Dernier Jour d’un Condamné, Les Misérables ou encore Ruy Blas. La cérémonie débute à 10h30 par le tir de 21 coups de canon depuis l’hôtel des Invalides, suivis par des discours de 19 orateurs parmi lesquels des représentants de l’État et des collectivités publiques à l’Arc de triomphe et des représentants d’organisations artistiques et étrangères au Panthéon. Le cortège, avec son cercueil dans le “corbillard des pauvres” démarre à 12 h 40 de l’Arc de Triomphe. En tête du cortège, devant le cercueil et la famille, marchent 12 jeunes poètes choisis par la famille, une délégation de Besançon (ville natale de l’artiste), une délégation de la presse et quatre sociétés artistiques. Au total, 1 168 délégations de sociétés et cercles divers se sont inscrits pour participer au défilé. Côté itinéraire, la procession descend l’avenue des Champs-Élysées, passe place de la Concorde, puis emprunte le boulevard Saint-Germain et le boulevard Saint-Michel avant de rejoindre la rue Soufflot, qui débouche finalement sur le Panthéon. Un trajet riche en émotions suivi par près de 2 millions de Français, tous dans les rues de Paris pour assister au passage du cortège. Il faut dire que, bien que le jour n’ait pas été décrété férié, les écoles et les théâtres subventionnés ont été fermés pour l’occasion. Il est près de 18h20 lorsque le cortège arrive finalement au Panthéon, conduisant ainsi celui que l’on surnomme “l’Homme Océan” ou “l’Homme Siècle” vers sa dernière demeure.

La foule rassemblée rue Soufflot avant l'arrivée du cortège au Panthéon © Collection Sirot Angel / Klervi Le Collen / opale.photo
La foule rassemblée rue Soufflot avant l’arrivée du cortège au Panthéon © Collection Sirot Angel / Klervi Le Collen / opale.photo

 

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Image à la une : Funérailles Victor Hugo © Guiaud / Musée Carnavalet

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