Aujourd’hui, nous avons rendez-vous dans le 20e arrondissement de Paris. À mi-chemin des Buttes-Chaumont et du Père Lachaise, cette résidence est un vrai trésor patrimonial. Du 1 au 17 rue d’Annam, préparez-vous à découvrir des porches monumentaux et des perspectives à couper le souffle. Cette résidence datant du 19e siècle n’est autre qu’une utopie devenue réalité.
Un trésor caché
Vous voici face au « Groupe de Maisons ouvrières » édifié en 1905 par l’architecte Auguste Labussière. Il s’agit des premiers HBM de Paris : « Habitations Bons Marchés ». Ce trésor caché composé de plus de 200 appartements était une utopie à l’époque. Il fallait, et à bas prix, proposer aux ouvriers parisiens des logements décents et salubres leur promettant bien-être et confort. L’idée est devenue réalité et désormais, vous pouvez découvrir une résidence figée dans le temps. L’endroit représente parfaitement l’architecture hygiéniste adorée à l’époque : briques rouges apparentes, meulières et moulures minutieuses. Il y a aussi beaucoup d’espace, on ne se sent pas à l’étroit : la cour est lumineuse et les espaces partagés ont de superbes hauteurs sous plafond.
À l’époque, les espaces collectifs étaient légion dans les résidences ouvrières : laveries, coins lecture… On s’y retrouvait pour se reposer et partager. Ce trésor caché a donc permis à bon nombre de familles au revenu modéré d’avoir un toit agréable.
Mais la belle histoire du Groupe des Maisons ouvrières ne s’arrête pas là  : si elles existent du 1 au 17 rue d’Annam, ça n’est pas uniquement grâce à leur architecte de renom ou bien à tous ceux qui ont Å“uvré sur le chantier. L’histoire de ce trésor caché est digne d’un film : Amicie Lebaudy était une riche héritière qui a décidé de dédier une partie de sa vie à la charité. Ne cherchant pas la gloire, elle a commencé à remettre anonymement des sommes d’argent au Groupe des Maisons Ouvrières, et c’est entre 1904 et 1913 que sept immeubles ont été édifiés… La suite appartient à l’histoire !
Aujourd’hui encore, la fondation Amicie Lebaudy continue de construire, de gérer et de rénover un parc immobilier et surtout, elle a pour vocation de continuer à fournir des logements à usage locatifs restreints à Paris et en banlieue. Les plus récentes constructions datent de 2016 : 29 chambres pour adultes handicapés dans le 15e arrondissement et 12 logements neufs dans le quartier résidentiel de Saint-Maur dans le Val-de-Marne cette année ! Cela veut dire que la résidence que nous découvrons n’était que le début d’une œuvre altruiste et dédiée à tous qui se poursuit encore.
Une résidence splendide
Cette résidence parisienne splendide était une véritable révolution à l’époque, surtout du point de vue de l’hygiène. On y trouvait toutes les commodités et ça n’était pas une évidence : de la laverie aux toilettes, tout se situait au même endroit afin de faciliter la vie des premiers habitants. Il y avait même un fumoir !
L’idée a toujours été la même : le développement d’une société plus juste, à Paris. Les vastes espaces aérés apportent de l’air et de la lumière. Puis, surtout, il y a des arbustes dans la cour et des perspectives qui permettent de voir le ciel et le soleil à toute heure. Aucun logement n’a de vue sur un mur ! Il y a aussi certains étages avec des balcons pour profiter d’un extérieur, même chez soi. Entrer par le porche monumental en mosaïque, c’est ressentir ce que tous les premiers habitants ont pu vivre : on se sent petit et en admiration totale. En plus, ici, vous vous en doutez, on est au calme, loin des bruits de la ville.
Mosaïques et nature
On retrouve très peu de telles mosaïques dans les anciennes résidences parisiennes et dans un tel état de conservation. Sans parler des moulures à la grande finesse et des nombreuses arches qui décorent les cours intérieures. En plus, le Groupe des Maisons ouvrières est à mi-chemin entre le plus grand cimetière de Paris et le parc des Buttes-Chaumont ! Son emplacement est idéal pour découvrir ces perles du 19e et du 20e arrondissement de Paris.
D’ailleurs, après votre découverte historique, on vous propose une pause dans un square méconnu, à deux pas de la rue d’Annam. Par la rue de la Bidassoa ou la rue Sorbier, vous trouverez les entrées du Square du Sergent Aurélie Salel. Il a été renommé ainsi en 2016, en hommage à la première femme pompier de Paris. Ce petit square coquet va vous charmer : s’y trouve un petit potager avec deux gardiens insolites : l’épouvantail et son chat ! On vous propose aussi d’admirer le travail des jardiniers du square qui ont décoré les six cheminées d’aération de la SNCF avec du chèvrefeuille : cette fusion parfaite entre urbanisme et nature mettra un point final à cette jolie balade !
Groupe de Maisons Ouvrières, 1 à 17 rue Annam, 75020 Paris
Square du Sergent Aurélie Salel, 13 Rue Sorbier, 75020 Paris
M2 Ménilmontant
M3, M3B Gambetta
Pour plus d’infos sur la fondation Amicie Lebaudy, c’est ici !
Photo à la une : Groupe des Maisons ouvrières © Paris ZigZag