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Du temps où Paris était cerné par le mur des Fermiers généraux

La rotonde de la Villette - © Adobe Stock

Dans son histoire, la ville de Paris a été en grande majorité entourée par des enceintes, dont la fonction était en premier lieu défensive et financière. Parmi elles, le mur des Fermiers généraux est un des exemples les plus récents : construit quelque temps avant la Révolution française, celui-ci avait pour principale raison de faire payer un octroi sur les marchandises entrantes, ce qui ne lui donnait pas une très bonne réputation auprès des Parisiens.

Une capitale aux sept enceintes

Dans son histoire, la ville de Paris a été entourée de sept enceintes successives qui suivent les régimes politiques : une muraille gallo-romaine, puis les enceintes de l’époque carolingienne, de Philippe Auguste, de Charles V, de Louis XIII, jusqu’au fameux mur des Fermiers généraux, suivi de l’enceinte de Thiers. La ville est donc en grande majorité cernée d’enceintes depuis l’Antiquité jusqu’au XXe siècle.

Paris en 1859 avec le mur des Fermiers généraux (en bleu) et les fortifications Thiers (en rouge)
Paris en 1859 avec le mur des Fermiers généraux (en bleu) et les fortifications Thiers (en rouge)

Ces différentes enceintes dépendent des époques et des politiques menées : elles s’agrandissent progressivement avec l’extension de la ville, permettent de défendre les citoyens d’éventuelles attaques extérieures, ou servent tout simplement à appliquer des taxes lors du passage de marchandises.

Le mur des Fermiers généraux

Érigé avant la Révolution française, entre 1785 et 1788, le mur des Fermiers généraux est né de l’idée d’un chimiste et fermier général du nom de Lavoisier. En effet, sous l’Ancien Régime, la Ferme générale était une compagnie de financiers qui s’occupait de gérer les impôts indirects. Afin de mettre fin aux contrebandes et de faire payer des droits d’entrée aux consommateurs, le projet d’une enceinte à Paris est donc lancé dès 1784.

Barrière du Montparnasse, dessin n° 43 de Palaiseau - © Gallica
Barrière du Montparnasse, dessin n° 43 de Palaiseau – © Gallica

D’une longueur de 24 kilomètres, le mur des Fermiers généraux est composé de 60 barrières servant d’entrée et d’observatoire. Construites dans un style néo-classique par Claude-Nicolas Ledoux, celles-ci sont baptisées les « propylées de Paris » en référence aux édifices grecs. Toutefois, face aux dépenses excessives du chantier, l’architecte est finalement suspendu et les travaux se terminent.

Un « mur murant »

Le peuple garde toutefois ce mur en horreur pour sa fonction uniquement fiscale et l’enrichissement des fermiers généraux. Dès le début de la Révolution française, plusieurs démolitions commencent aux quatre coins de Paris. Dans son célèbre alexandrin « Le mur murant Paris rend Paris murmurant », Beaumarchais fait même de l’enceinte l’une des causes de l’insurrection du peuple. D’autres, comme Bachaumont, vont dans ce sens en la définissant comme un « monument d’esclavage et de despotisme ».

Barrière Pigalle, démolition des murs de l'ancien octroi de Paris. Gravure de Hintz, vers 1860 - © Musée Carnavalet
Barrière Pigalle, démolition des murs de l’ancien octroi de Paris. Gravure de Hintz, vers 1860 – © Musée Carnavalet

En effet, le mur des Fermiers généraux a principalement été construit pour recevoir l’octroi, une douane citadine perçue aux entrées de Paris. Cet impôt a alors été supprimé le 20 janvier 1791 par l’Assemblée constituante, puis rétabli à plus faible coût en 1798 par le Directoire pour financer le service des hôpitaux de la capitale.

Des vestiges parisiens

Perdant peu à peu sa fonction fiscale, le mur des Fermiers généraux est finalement démoli en moins d’un mois en janvier 1860, avec l’assentiment de tous. Avec cette disparition, le nombre d’arrondissements parisiens passe de douze est porté à vingt, avec l’absorption de vingt-quatre communes, dont Belleville, Grenelle, Belleville ou Vaugirard.

Un des deux pavillons de la barrière d'Enfer
Un des deux pavillons de la barrière d’Enfer

Lors de cette démolition, seuls quatre propylées ont été conservés au sein de la capitale : il s’agit de la rotonde du parc Monceau, la rotonde de la Villette, la barrière du Trône et la barrière d’Enfer. En terme général, les boulevards de la ville ont été tracés selon l’ancien emplacement des enceintes de Paris : ainsi, les Grands Boulevards suivent la limite de l’enceinte de Louis XIII, ou pour les boulevards des Maréchaux, celle de l’enceinte de Thiers. Aujourd’hui pourtant, peu d’indices peuvent nous laisser croire que des murs ont aussi longtemps encerclé la ville.

Romane Fraysse

À lire également : Fabio Rieti, l’illusionniste des murs de Paris

Image à la une : La rotonde de la Villette – © Adobe Stock

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