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Saviez-vous que cet hôtel particulier parisien était le repaire de célèbres écrivains et poètes pour fumer du cannabis ?

Hôtel de Lauzun © GPSEO

Parmi les quartiers les plus prisés de la capitale, l’île Saint-Louis est un fascinant havre de tranquillité niché au cœur du Vieux Paris. Devenu une zone résidentielle privilégiée à partir du XVIIe siècle, l’ilôt fut un témoin privilégié de l’évolution de Paris, et c’est tout naturellement que quelques merveilles subsistent encore sur ce petit morceau de terre sur la Seine. Que l’on soit amoureux du 17ème siècle, passionnés de l’histoire artistique du 19ème ou simple curieux souhaitant découvrir un monument historique peu connu, aujourd’hui propriété de la ville de Paris, un véritable trésor vous attend sur l’île Saint-Louis !

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Une merveille aussi impressionnante que discrète

En passant devant la façade extérieure dans la rue, il est bien Impossible de deviner que c’est ici que se trouve l’un des plus beaux hôtels particuliers de Paris. Bâti au XVIIe siècle mais maintes fois restauré et transformé, l’Hôtel de Lauzun abrite sur ses deux étages et ses 1310 m2 quelques splendeurs dignes des palais vénitiens, tels que des plafonds en bois sculptés “à la française”, des peintures “à l’italienne” ou encore des boiseries et autres dorures. Initialement construit pour un financier entre 1657 et 1658, ce joyau méconnu de la capitale devient en 1682 la propriété du Duc de Lauzun, un général des armées qui gagna les faveurs du roi Louis XIV par ses succès militaires mais aussi son charme et sa grande liberté d’esprit. Profitant de cette amitié royale, il demanda la main de la Grande Demoiselle, cousine du Roi Soleil et alors plus grande fortune de France. Une requête inconcevable à l’époque pour un gentilhomme non issu de la noblesse ! Follement amoureuse de ce séducteur, c’est Mlle de Montpensier elle-même qui le demanda en mariage et ce, malgré l’avis défavorable du Roi et au mépris des conventions de la monarchie de l’époque. Par la suite, la demeure fut celle du marquis de Richelieu puis de hauts dignitaires jusqu’à la Révolution.

Intérieur Hôtel de Lauzun © Aesthetic Sharer ZHR
Intérieur Hôtel de Lauzun © Aesthetic Sharer ZHR

Un haut-lieu d’expérimentation au XIXe siècle

Un intérieur fastueux et une demeure qui connut une succession de propriétaires : à première vue, l’hôtel de Lauzun a une histoire aussi commune que beaucoup de monuments et hôtels particuliers parisiens. Mais ce qui rend l’établissement du 4ème arrondissement si particulier, c’est bien son histoire, et notamment sa fonction au XIXe siècle. L’hôtel Lauzun est en effet célèbre pour avoir été le lieu d’accueil du Club des Hashischins, dont le but était d’étudier les effets du haschisch sur le cerveau. À cette époque, la consommation de ces drogues devient particulièrement répandue dans les milieux scientifiques et littéraires à des fins scientifiques ou récréatives : il s’agit plus d’une curiosité esthétique ou pseudo-scientifique que d’un fumoir. Les séances mensuelles ont lieu chez le peintre Joseph Ferdinand Boissard de Boisdenier, dans un appartement loué au peintre par le baron Jérôme Pichon. De nombreux scientifiques, hommes de lettres et artistes français de cette époque ont fait des passages dans le club des Hashischins lors de ces séances. Parmi eux, on peut notamment citer Théophile Gautier et Jacques Joseph Moreau de Tours comme membres fondateurs, et Eugène Delacroix, Charles Baudelaire, Gérard de Nerval, Alexandre Dumas ou encore Victor Hugo en tant que membres principaux. Très courante à l’époque, la consommation du haschich se faisait sous la forme du dawamesk, une sorte de pâte ou confiture verdâtre faite à partir de résine de cannabis mélangée à un corps gras, à du miel et à des pistaches.

“Hystérie de la Charité au service de l’image du Dr. Luys” par Jacques-Joseph Moreau de Tours - 1887
“Hystérie de la Charité au service de l’image du Dr. Luys” par Jacques-Joseph Moreau de Tours – 1887

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L’endroit idéal pour organiser de somptueux événements

Venu un jour en simple observateur, Charles Baudelaire deviendra un membre majeur du Club et se liera d’amitié avec Théophile Gaultier, ce dernier allant même jusqu’à écrire la préface des Fleurs du mal. Quant à Baudelaire, qui habite au dernier étage de l’hôtel d’octobre 1843 à septembre 1845, il reviendra sur son expérience au sein du Club des Hashischins à travers son essai Les paradis artificiels, une étude sur les effets du haschich et de l’opium. Si le Club des Hashischins met fin à ses expérimentations en 1849, l’hôtel de Lauzun reste quant à lui un cadre exceptionnel pour organiser toutes sortes d’événements, qu’il s’agisse de dîners officiels avec la reine Élisabeth II d’Angleterre ou le roi Juan Carlos d’Espagne, mais aussi des concerts, tournages de films, enregistrements d’émissions ou encore des colloques. Propriété de la ville de Paris depuis 1928, l’hôtel est à nouveau le lieu d’accueil d’études avancées, cette fois celles de l’IEA, un centre de recherche international de très haut niveau dédié aux sciences humaines et sociales.

Salon de musique © Ville de Paris
Salon de musique © Ville de Paris

Une visite mémorable à effectuer dès que possible

D’ordinaire, l’hôtel de Lauzun est le seul hôtel particulier de l’île Saint-Louis ouvert au public. Après un petit aperçu de l’architecture extérieure, la visite au sein de la somptueuse demeure de Monsieur le Duc de Lauzun est, en plus d’admirer les moindres détails et trésors, l’occasion d’évoquer les rocambolesques aventures en compagnie de Mlle de Montpensier. Vient ensuite la découverte de la grande salle d’apparat et son plafond à la française, le petit cabinet et ses escaliers secrets, sans oublier l’escalier d’honneur et le salon de musique et ses ors, qui fut le repaire des Hashishins. À noter que la garde-robe et la chambre de Baudelaire font aussi partie de la visite, comme si l’auteur s’était tout juste absenté.

Hôtel de Lauzun
17 quai d’Anjou
75004 Paris

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Image à la une : Hôtel de Lauzun © GPSEO

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