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Du QG nazi à l’accueil des rescapés des camps de concentration, la vie mouvementée de cet hôtel de luxe parisien pendant la Seconde Guerre mondiale !

Hôte Lutetia © LEMA Contract – Marco Reggi

Outre leur histoire parfois vieille de plusieurs siècles, certains bâtiments et monuments parisiens sont parfois habillés d’une discrète plaque rappelant un événement précis qui s’est déroulé entre leurs murs. L’occasion pour de nombreux curieux de découvrir un chapitre souvent méconnu d’un endroit emblématique de la capitale. Associé au luxe, à la clientèle de renom et aux réceptions étoilées, l’hôtel Lutetia (6ème arrondissement) n’a pas toujours connu que des moments joyeux…

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Un établissement qui a contribué au prestige de Paris

Inauguré en 1910, celui que l’on surnomme d’emblée “le paquebot parisien” devient le théâtre de soirées mondaines, de clients prestigieux et autres événements prestigieux qui vont asseoir la renommée du site. Il faut dire que l’hôtel imaginé par deux grands architectes, Louis-Hippolyte Boileau et Henri Tauzin, s’approprient avec succès les techniques modernes, à savoir l’eau chaude dans toutes les chambres, le téléphone pour joindre la réception ou encore de la ventilation et des persiennes roulantes qui s’actionnent de l’intérieur. Mêlant avec audace des éléments Art Nouveau et Art Déco, à l’image de la fresque champêtre qui égaye le bar, les vitraux or et gris le long des escaliers ou les lustres en cristal, l’établissement fait le bonheur des clients du Bon Marché, des fonctionnaires coloniaux de passage à Paris, des étrangers fortunés, les parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat voisins, mais aussi de personnalités des arts et du spectacle, grâce à la proximité des quartiers Saint-Germain-des-Prés et Montparnasse. Une période dorée brutalement stoppée par un conflit qui plonge l’établissement comme la capitale dans les ténèbres : la Seconde Guerre mondiale. Comme 400 autres adresses parisiennes, le Lutetia est réquisitionné par les nazis, et notamment l’Abwehr, le service de renseignement et de contre-espionnage, qui y installe en effet son quartier général pour mener la lutte contre la Résistance, bientôt rejoint par le chef de la Geheime Feldpolizei, la police secrète militaire.

Carte postale datant du début du XXe siècle © cparama.com
Carte postale datant du début du XXe siècle © cparama.com

Une installation de choix pour les nazis

Avec “l’acquisition” du Lutetia, les forces nazies y voient la possibilité d’y loger, d’utiliser ses nombreuses issues de secours si nécessaire et, surtout, de disposer d’un personnel formé. Un personnel qui n’a pas le choix que d’obéir… mais qui ne se laisse toutefois pas faire. Dans un élan de courage, des employés de l’hôtel, hostiles à cette cohabitation forcée, parviennent en effet à creuser une cache en sous-sol afin d’y dissimuler de grands crus au nez et à la barbe de l’armée occupante. Il faut attendre 1945 et la fin de la guerre pour que l’hôtel redore son blason : sur ordre du général de Gaulle, l’hôtel est réquisitionné comme centre d’accueil pour les rescapés de camps de concentration. Ferme sur le choix du Lutetia, le général de Gaulle déclare comme argument que l’établissement “convient le mieux à la situation car il est vaste, confortable et le luxe n’y est pas tapageur mais sobre”. Les 7 étages et les 350 chambres de l’hôtel accueillent, dès le 26 avril 1945, des arrivées de déportés qui surviennent à toute heure du jour et de la nuit, le tout sur la supervision de volontaires (médecins, assistantes sociales, cuisinières, scouts) et militaires.

Accueil des déportés en 1945 © AFP
Accueil des déportés en 1945 © AFP

La reconversion essentielle du Lutetia à la fin de la guerre

Tandis que les rescapés cherchent à contacter leurs familles, ceux qui espèrent trouver des survivants viennent ainsi au Lutétia, à l’image de la chanteuse Juliette Gréco, qui y retrouve sa mère et sa sœur aînée, rescapées de Ravensbrück. Dans d’autres pièces, les déportés sont également soumis à un interrogatoire approfondi, non seulement pour identifier d’anciens “collabos”, mais aussi pour compléter les listes de recherche des victimes du nazisme. Le centre d’accueil n’étant qu’un transit, les déportés repartent au bout de quelques jours avec des vêtements civils, un autre luxe en cette époque où tout manque. Au fil des mois, les arrivées se font plus rares et, à l’automne 1945, la réquisition du Lutetia est levée et l’hôtel est ainsi rendu à ses propriétaires. Tandis qu’une plaque fixée sur la façade rappelle ce passé de centre d’accueil, le Lutetia accueillait encore récemment un groupe de juifs déportés venus se réunir pour déjeuner. Aujourd’hui, difficile d’imaginer un tel spectacle en déambulant dans les allées de ce somptueux hôtel, premier grand hôtel de la rive gauche, rouvert en 2018 après quatre ans de travaux pharaoniques. 

 

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Image à la une : Hôte Lutetia © LEMA Contract – Marco Reggi

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