Jean-Baptiste Troppmann et "le massacre de Pantin" : l'histoire horrifiante de l'un des plus grands tueurs en série

Jean-Baptiste Troppmann. Ce nom ne vous dit peut-être rien et pourtant, ce jeune homme de 20 ans a marqué l’histoire de la manière la plus monstrueuse qui soit. En assassinant huit personnes d’une même famille, l’auteur de ce que l’on appellera “le massacre de Pantin”, s’inscrira comme l’un des plus grands tueurs en série de l’histoire. On vous raconte !

Le massacre de Pantin, un crime monstrueux

Voilà bien une histoire que l’on ne commencerait pas par “Il était une fois…” C’était il y a un peu plus de 150 ans, en septembre 1869, qu’un crime monstrueux signa le début de l’affaire Troppmann, à quelques tout petits kilomètres à peine de Paris. Nous sommes à Pantin, en Île de France, dans le département de la Seine-Saint-Denis. En bordure d’une plantation de luzerne, alerté par des mares de sang frais, un cultivateur écarte la terre et découvre le corps d’une femme. Il alerte la police et, un peu plus tard, ce n’est pas un mais cinq cadavres d’enfants qui seront retrouvés à proximité, enterrés dans une fosse commune.

Les journaux révèleront dès le lendemain l’identité de ces malheureuses victimes assassinées à coups de couteau, de pelle et de pioche. Il s’agit d’Hortense Kinck, âgée de 42 ans et enceinte de six mois, et de cinq de ses enfants âgés de 2 à 13 ans. Tous étaient arrivés à Pantin par le train de la veille. Mais cette macabre découverte ne réunit pas la famille au complet. En effet, Jean Kinck, le mari d’Hortense, ainsi que leur fils aîné, Gustave, manquent à l’appel. Et c’est ce dernier que la police va commencer par suspecter, jusqu’à ce qu’un rebondissement inédit ne survienne.

Trois suspects pour un seul coupable

Le surlendemain du massacre, lors d’un simple contrôle d’identité sans rapport avec l’enquête sur le port du Havre, les gendarmes tombent sur un jeune homme mécanicien qui souhaite embarquer pour l’Amérique et tente de leur échapper en se jetant à l’eau ! Il est rapidement repêché, et l’on trouve sur lui des papiers identité au nom de Jean Kinck, le fameux père de famille introuvable, ainsi que des objets appartenant à la famille. Il affirme néanmoins s’appeler Jean-Baptiste Troppmann et, il le dit, connaît la famille Kinck. Toujours selon ses dires, il venait de Paris pour rejoindre Jean Kinck qui s’apprêtait à disparaître outre-Atlantique pour fuir son épouse infidèle.

La police passe alors de un à trois suspects. Qui du père, du fils, ou de cet homme a commis ce que l’on surnomme déjà “le massacre de Pantin” ? Ce dernier accuse alors rapidement le père d’avoir tué sa femme par jalousie, aidé de son fils, et prétend avoir assisté au crime. Mais cette version ne tient pas longtemps puisque, quelques jours plus tard, le corps de Gustave est retrouvé à son tour, dans le même champ que les six autres corps. Sur trois suspects, n’en reste donc plus que deux…

Jean-Baptiste Troppmannet et “le massacre de Pantin”

L’enquête suit son cours et va rapidement éclaircir la situation. On découvre deux valises appartenant à Jean Kinck au bureau des diligences de Soultz. L’homme se rendait en Alsace depuis Roubaix, où demeurait la famille, pour acheter une propriété sur les conseils de Troppmann qu’il devait rejoindre là-bas. Arrivé à destination, il a laissé ses valises au bureau des diligences pour aller déjeuner dans une auberge, dernier endroit où il sera vu vivant.

Pour les policiers cela ne fait plus aucun doute : le père de famille a été assassiné lui aussi. Des recherches importantes sont effectuées pour retrouver son corps, en vain. C’est finalement Jean-Baptiste Troppmann qui finira par craquer et avouera avoir empoisonné Jean Kinck en diluant de l’acide prussique dans du vin, puis avoir enseveli son corps sous un arbre. Corps qui sera effectivement retrouvé au pied du château en ruines du Herrenfluh, à Wattwiller, en Alsace, sous des branchages et une grosse pierre. Il avouera également les six autres meurtres, avant de se rétracter et de tenter de s’en sortir en inventant des complices à l’existence desquels la police ne croit pas un seul instant, l’enquête attestant à de nombreux endroits du contraire. C’est bel et bien seul qu’il s’est fait conduire par un cocher, en compagnie de la famille Kinck, sur les lieux de son massacre. Son mobile ? L’argent.

Le 30 décembre 1869, après trois jours de procès, Jean-Baptiste Troppmann est condamné à mort. Il est guillotiné à Paris, place de la Roquette à Paris, le 19 janvier 1870, devant une foule déchainée de 25 000 personnes, sous la neige et le froid. Aucune affaire criminelle avant celle-là n’avait fait la Une des médias ni suscité autant de passion et d’intérêt tout au long de son enquête. Le jour de son exécution, le tirage du “Petit Journal” dépasse les 500 000 exemplaires. Du jamais vu ! À défaut de réussir à s’emparer de la richesse de cette famille qui a eu le malheur de croiser sa route, Jean-Baptiste Troppmann aura été sous les projecteurs et aura marqué la naissance des “feuilletons criminels” dans la presse.

À lire également : Thierry Paulin : l’histoire glaçante du “tueur de vieilles dames” qui a terrorisé le 18e arrondissement de Paris

Image en Une : Jean-Baptiste Troppmann, auteur du “massacre de Pantin” © Wikimedia Jules Verrier

Mélina Hoffmann